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Bonjour l'Europe

Echec des échanges de territoire entre Kosovo et Serbie

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Va-t-on redéfinir les frontières des Balkans ? Depuis le milieu de l’été, cette hypothèse, longtemps taboue, revient en force, et continue d’enflammer les esprits, malgré le fiasco de la dernière rencontre entre les présidents du Kosovo et de Serbie, la semaine dernière à Bruxelles.

De gauche à droite le président kosovar Hashim Thaçi, la chancellière allemande Angela Merkel et le président serbe Aleksandar Vucic.
De gauche à droite le président kosovar Hashim Thaçi, la chancellière allemande Angela Merkel et le président serbe Aleksandar Vucic. AFP/Ludovic Marin
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Depuis le début du mois d’août court l’idée qu’un « accord final » entre le Kosovo et la Serbie devrait passer par une « correction » des frontières entre les deux pays. L’idée a été ouvertement revendiquée par les présidents des deux Etats, le Kosovar Hashil Thaçi et le Serbe Aleksandar Vucic, notamment lors de leur rencontre au sommet européen d’Alpbach, en Autriche, le 25 août, mais nul ne sait au juste de quoi il pourrait être question. Dans une hypothèse haute, le Kosovo pourrait céder à la Serbie sa région septentrionale, majoritairement peuplée de Serbes, et obtenir en échange une partie de la vallée de Presevo, dans le sud de la Serbie, majoritairement peuplée d’Albanais. A peine avancée, cette idée d’un échange de territoires a pourtant été écartée, car elle se heurte à de fortes oppositions, notamment au Kosovo, au profit d’une plus modeste « correction des frontières ».

Vers un précédent sans précédent

Néanmoins, il pourrait être dangereux d’ouvrir une telle boîte de Pandore. Si un précédent était créé au Kosovo, toutes les frontières de la région pourraient être remises en cause. Les Albanais de Macédoine, concentrés dans le nord-ouest du pays, pourraient ainsi réclamer leur rattachement au Kosovo, tout comme les minorités hongroises de Roumanie ou du nord de la Serbie pourraient vouloir réintégrer la « mère patrie ». Le pays le plus directement menacé est bien sûr la Bosnie-Herzégovine, toujours divisée, depuis la guerre, en plusieurs entités. Le président de la Republika Srspka, l’entité serbe, revendique ainsi le droit à l’autodétermination, et cette revendication pourrait aussi séduire les cantons majoritairement croates. Dans cette hypothèse, on en reviendrait aux projets de partage échafaudés durant la guerre des années 1990, ne laissant aux Bosniaques qu’un petit territoire en Bosnie centrale, créant une sorte de bande de Gaza au cœur de l’Europe.

La communauté internationale hostile à de telles idées de partage

Et pourtant, la communauté internationale s’est toujours montrée récalcitrante à l’idée de renégocier les frontières. D’autant que si l’idée de frontières ethniques devait s’imposer dans les Balkans, cela pourrait faire des émules à travers toute l’Europe. Les diplomaties occidentales ont toujours affirmé leur attachement à l’intangibilité des frontières, ce qui est toujours la position officielle de la Commission européenne ou de pays comme l’Allemagne. Le cas particulier du Kosovo pourrait néanmoins faire bouger les termes du débat, afin de parvenir à un accord qui permettrait une complète « normalisation » des relations entre Belgrade et Pristina. Les Etats-Unis sont sortis du bois les premiers, en déclarant officiellement qu’ils n’étaient pas opposés à une éventuelle rectification des frontières. L’échec de la rencontre prévue le 7 septembre à Bruxelles entre Thaçi et Vucic montre bien, toutefois, qu’un accord est encore très lointain et que l’on est plutôt engagé dans une complexe partie de poker menteur diplomatique, avec le risque majeur de voir voler en éclats l’unité des Européens face aux défis qui attendent les pays des Balkans, pourtant tous candidats à l’intégration.

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