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Les variétés de raisin oubliées d'ici et d'ailleurs

Le pinot blanc, cépage délaissé de la Champagne

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Notre série d'été nous emmène dans le monde du vin où certaines variétés de raisins oubliées reviennent au goût du jour, des cépages locaux qui ont été jadis écartés au profit des cépages dits internationaux. Mais aujourd'hui les vignerons cherchent à préserver ce patrimoine, tout en produisant des vins qui se démarquent et qui s’adaptent aux défis du dérèglement climatique. L’histoire du pinot blanc en est un exemple édifiant.

La côte des Bars entre les champs et les prés.
La côte des Bars entre les champs et les prés. ©rfi/KUMOR Agnieszka
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Nous arrivons à Ville sur Arce en Champagne. Les coteaux plantés de vignes enlacent les champs et les prés. Cette zone légèrement vallonnée couvre la partie méridionale du vignoble champenois. Elle se glisse entre deux communes, Bar-sur-Aube et Bar-sur-Seine, d’où son nom : la côte des Bar.

Les « outsiders »

Il existe sept cépages autorisés en Champagne, mais seulement trois ont monopolisé le marché. Ici, dans la côte des Bars, le pinot noir est roi, on l'associe au chardonnay et au pinot meunier. Et les quatre autres, alors ? Les voici : l’arbane, le petit meslier, le pinot gris et le pinot blanc. Difficile de les trouver car moins de 0,5 % du vignoble en est pourvus ! Pourtant, ces cépages oubliés représentent une richesse d’arômes au nez et à la buche que certains producteurs recherchent pour développer de nouvelles gammes de champagnes.

Brice Bécard, responsable œnologie de la coopérative Champagne Chassenay d'Arce, nous emmène sur deux vieilles parcelles de vignes. Situées l’une à côté de l’autre, elles appartiennent à deux sœurs, les adhérentes de la cave. Sur la partie de gauche, on découvre quelques rangs de pinot blanc.

Des vignes ont subsisté par ci, par là

Ces vignes sont cultivées selon des méthodes de cultures raisonnées, qui consistent à diminuer, voire à supprimer, les traitements phytosanitaires, à ne les effectuer qu’en cas de besoin et avec des doses minimales. On plante également de l’herbe pour enrayer l’érosion des sols et on préserve la biodiversité. La parcelle en question date des années cinquante. « Elle a toujours été bien entretenue. En revanche, elle n’a pas été valorisée à sa juste valeur pendant de nombreuses années », explique Franck Barroy, président de cette coopérative. Il y a soixante ans, les vignerons de la côte des Bars plantaient volontiers du pinot blanc pour le marier au pinot noir. Problème, le pinot blanc était fragile, sensible à certaines maladies, comme la pourriture grise, et mûrissait tard. Petit à petit, il a été délaissé au profit du chardonnay. Cépage tout aussi productif, mais avec une belle maturité et souvent un très bel état sanitaire, le chardonnay était beaucoup plus facile à cultiver. Il a finalement pris la relève.

Et puis le réchauffement climatique est arrivé avec son surplus de soleil. Ce qui est loin de mécontenter les champenois. « Aujourd’hui, les ceps de pinot blanc qui ont été plantés dans les années cinquante et jusque dans les années soixante-dix sont beaucoup moins vigoureux et produisent des raisins de très belle qualité qui n’ont rien à envier au chardonnay », dit Franck Barroy.

L’engouement des amateurs

Côté consommateurs, la demande est grandissante pour les cépages oubliés. « Ce qui était déclencheur pour nous c’était un engouement du marché pour les vins qui ont plus de personnalité, des champagnes un peu plus originaux. De vrais œnophiles sont demandeurs de ce genre de produit. C’est tout l’intérêt du pinot blanc qui donne des vins un peu plus amples et puissants. Il permet d’obtenir des champagnes très différents de ceux que l’on a l’habitude de faire ici, dans la vallée de l’Arce, et avec plus de chair, plus de matière »,explique l’œnologue de la cave.

Parmi ces vignerons passionnés qui se sont mis au pinot blanc (seul ou assemblé à d’autres cépages), on peut citer notamment le champagne Pierre Gerbais, le champagne Gautherot, la maison Drappier ou encore le champagne François Dilligent (de la marque Moutard). Au champagne Chassenay d’Arce, on privilégie des cuvées de pinot blanc millésimées. A la dégustation, on apprécie le côté acidulé et la longueur en bouche d’un 2014. Le millésime 2012 fait ressortir des notes fruitées. Quant au pinot blanc 2009, c’est un champagne beaucoup plus complexe… Bref, chaque millésime a sa particularité.

Cette année encore, les vignerons de la coopérative manqueront de temps pour partir en vacances. Mais leurs vins, eux, voyagent beaucoup ! 60% de la production de cette cave partent à l’exportation vers le Japon, la Russie, les Etats-Unis et le Royaume-Uni, sans oublier la Polynésie française.

Liens utiles :

Champagne Chassenay d’Arce
Champagne Pierre Gerbais
Champagne Gautherot 
Champagne Drappier
Champagne François Dilligent

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