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Afrique économie

États-Unis-Rwanda: une bataille de chiffonniers

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Il n’y a pas que l’Europe et la Chine qui pâtissent des restrictions commerciales lancées par Donald Trump, le Rwanda est aussi victime des droits de douane américains. Depuis le 31 juillet, l’administration américaine a enlevé au Rwanda les avantages commerciaux dont ses textiles bénéficiaient aux États-Unis. Une mesure prise en rétorsion alors que le Rwanda cherche à protéger son marché des vêtements de seconde main importés des États-Unis.

Sur un marché de vêtements de seconde main à Kigali au Rwanda, le 8 juin 2018.
Sur un marché de vêtements de seconde main à Kigali au Rwanda, le 8 juin 2018. ©Jacques NKINZINGABO
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Entre Kigali et Washington, le torchon brûle depuis près de deux ans, depuis que le Rwanda a décidé de multiplier par douze les taxes sur les vêtements de seconde main, principalement importés des États-Unis. Une décision motivée par la nécessité de protéger l’industrie textile rwandaise, selon Olivier Nduhungirehé, le secrétaire d’État rwandais en charge des Affaires étrangères et de la coopération.

« La promotion de l’industrie textile entre dans le cadre du "made in Rwanda", vous savez que le Rwanda fait la promotion du "made in Rwanda" pour rééquilibrer sa balance commerciale. Cela commence à prendre un élan puisque la production et les exportations de produits textiles augmentent depuis que nous avons pris nos décisions. »

Mais l’Amérique de Donald Trump n’a que faire du développement de l’industrie rwandaise. Sous la pression du lobby des fripiers américains, l’administration a retiré à Kigali les avantages dont ses textiles bénéficiaient jusqu’à présent, à savoir une exemption de droits de douane. Un coup dur pour Kigali qui exporte beaucoup plus de vêtements vers les États-Unis qu’il n’en importe. Mais un coup parfaitement gérable. Ces exportations ne représentant que 1,3 million de dollars par an. Quant au secteur textile rwandais en plein développement, il recevra un coup de pouce de l’Etat rwandais.

« Le gouvernement rwandais va aider les entreprises affectées pour trouver d’autres débouchés et d’autres marchés. Et d’ailleurs, la production locale de textile a augmenté et donc on va continuer sur cette voie. »

Cette bataille de chiffonniers a déjà fait des perdants, les fripiers rwandais et leurs clients. Depuis 2016 et l’imposition de taxes, ils sont à la peine. Au marché du quartier Lemera de Kigali, Théodore est fripier depuis quinze ans. Mais face à la hausse des prix, les clients se font rares. « Avant pour la vente de fripes c’était bien… Les clients avaient les moyens d’acheter et n’importe quelle catégorie de vêtements était accessible pour les acheteurs… Mais aujourd’hui tout le monde doit se rabattre sur les vêtements neufs, produits par les industriels. Or, on a souvent des vêtements très standardisés. On dirait qu’ils fabriquent un million de fois le même vêtement, dans la même couleur ! Et les gens n’aiment pas ça ! Ils veulent des habits plus originaux. Et pour nous ce n’est pas bien, car les fripes sont devenues trop chères pour les clients. Ils sont mécontents et nous on ne fait plus beaucoup de bénéfices. Moi-même je me demande si je ne vais pas devoir trouver un autre métier. »

Si l’industrie locale est désormais protégée, elle peine encore à satisfaire la demande locale, tant en variété qu’en quantité. Les prix sont plus élevés et une partie des consommateurs ne s’y retrouve pas. Une période d’ajustement douloureuse pour certains, mais nécessaire pour le bien du pays, selon les autorités.

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