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Reportage Afrique

Afrique du Sud: [Série 1/3] L'éternel conflit de redistribution des terres

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En Afrique du Sud, la question de la répartition des terres est toujours très sensible, marquée par un déséquilibre flagrant entre fermiers blancs et fermiers noirs. Ce débat a refait irruption dans le pays après l’arrivée au pouvoir de Cyril Ramaphosa en février. Une motion a été passée au Parlement pour changer la Constitution et y inscrire le principe d’expropriation de fermiers sans compensations financières. Cette question de la terre déchaîne les passions. Beaucoup de conflits ont lieu entre des Sud-Africains noirs demandant des terres et Sud-Africains blancs s’accrochant à leurs fermes. Mais contrairement à l’idée répandue, ce n’est pas tant les fermes qui sont au centre des demandes, mais plutôt le droit d’accéder à la propriété.(Rediffusion du 13 avril 2018)

Des vignobles en Afrique du Sud. Depuis 1994, il y a eu presque 80 000 demandes de restitution de terres par des Noirs sud-africains. Les demandes aboutissent s’il est prouvé que la terre a bien été volée à son propriétaire depuis 1913.
Des vignobles en Afrique du Sud. Depuis 1994, il y a eu presque 80 000 demandes de restitution de terres par des Noirs sud-africains. Les demandes aboutissent s’il est prouvé que la terre a bien été volée à son propriétaire depuis 1913. Waldo Swiegers/Bloomberg via Getty Images
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À Olivenhoutbosch, un township entre Johannesburg et Pretoria, s’entassent près de 100 000 personnes. La plupart ne possèdent pas leurs propres maisons, faites de bric et de broc. Pour Zabadeli Chilusi, trop c’est trop. Comme 200 autres habitants, il a décidé d’aller privatiser un petit lopin de terre sur un terrain vague appartenant au gouvernement.

« Je vais y construire une maison avec 2 chambres pour que mes enfants aient un toit. Je remercie Dieu pour m’avoir donné ce morceau de terre. C’est une partie de moi et de ma famille maintenant. »

Une occupation illégale selon la police, qui s’attèle à défaire les piquets et les cordons qui délimitent les petits bouts de terre.
En Afrique du Sud, 67% des terres appartiennent aux fermiers blancs. Selon Ernst Roets, du lobby Afriforum, ce débat ne devrait pas se focaliser sur les fermes appartenant aux blancs mais sur le droit à la propriété.

« Il n’y a pas de demandes particulières pour les terres agricoles. Il y a une centaine de milliers de personnes et de communautés qui ont réclamé leurs terres, c’est moins d’ 1% des noirs sud-africains. C’est déjà un groupe restreint. Et à l’intérieur de ce groupe, 93% ont déclaré préférer une compensation financière plutôt que d’obtenir leur terre. »

Depuis 1994, il y a eu presque 80 000 demandes de restitution de terres par des noirs sud-africains. Les demandes aboutissent s’il est prouvé que la terre a bien été volée à son propriétaire depuis 1913. L’une d’entre elles concerne la ferme de Louis Mentjies, un agriculteur de 65 ans.

« Ce n’est pas uniquement ma propriété. C’est en tout 12 fermes du voisinage qui sont concernées. Une communauté affirme qu’elle a résidé ici et qu’elle a travaillé la terre, avant de se faire chasser. »

Mais la date ne colle pas. Et Louis affirme pouvoir remonter l’historique de sa ferme jusqu’au 19e siècle. Peu importe, Louis a peur de se faire exproprier sans obtenir de compensation.

« Oui je suis inquiet ! Car je suis un fermier blanc en Afrique du Sud. S’ils prennent ma terre, je me retrouverai dans la rue en ayant tout perdu ! »
Louis et les autres fermiers blancs savent qu’ils ont déjà perdu le débat politique. Ils s’attèlent donc à avancer des arguments économiques. Devant sa maison, une affiche affirme « Pas de fermiers, pas de nourriture, pas d’avenir ! »

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