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1918: l'espoir d'un nouveau monde

Les soldats africains après l’Armistice

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C’est un épisode peu connu de l’histoire française, celui de l’occupation par les troupes coloniales de la rive gauche du Rhin de novembre 1918, jusqu’au 30 juin 1930 ! Un épisode douloureux puisque dès 1920 les autorités allemandes vont orchestrer une opération de propagande terrible  appelée « la honte noire ». Dans des caricatures et des articles dégradants, les Allemands font apparaître les troupes africaines comme des sauvages qui violent les femmes. Une campagne qui aura des conséquences sur le long terme.

Les tirailleurs sénégalais défilant sur les Champs-Elysées à Paris.
Les tirailleurs sénégalais défilant sur les Champs-Elysées à Paris. AFP PHOTO
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Nous sommes en 1913. Et comme on peut l’entendre dans cette chanson, des soldats africains font désormais partie des troupes françaises. Ils sont plus de 450 000 à se battre au côté des Français. En novembre 1918 quand la France gagne finalement cette grande guerre terriblement meurtrière, elle décide que ce seront des soldats africains entre autres qui occuperont l’Allemagne. Pour asseoir son statut d’empire colonial, mais aussi humilier un peu plus les Allemands. Entre 20 et 40 000 soldats colonisés se rendent sur la rive gauche du Rhin ? Christelle Gomis, historienne a travaillé sur l’occupation de la Rhénanie par les troupes coloniales françaises.

« Les Français savent très bien que les Allemands ne vont pas être enchantés de voir des troupes colonisées sur leur sol. Surtout, car l’Allemagne va perdre l’intégralité de son empire colonial. Ils ont un sentiment d’humiliation totale et l’impression d’avoir subi une dégradation raciale. »

Perçus comme une mesure dégradante intolérable, les Allemands lancent à partir de 1920 une propagande malsaine, «  die Schwarze Schnande  ». Des caricatures mettent en scène des soldats africains, violents, des articles de presse parlent d’atrocités commises comme le raconte Julien Fargettas, historien lui aussi, spécialiste des tirailleurs sénégalais.

« Par l’entremise de la presse anglo-saxonne. Cette idée que les soldats indigènes de l’armée française, vont ce livre à des actions à caractère sexuel, vis a vis des populations occupées. C’est notamment via la presse anglo-saxonne que cette idée ce diffuse. Et puis les vont eux aussi réalisé un film « La honte noire », ou on met en scène des Africains qui viole des femmes allemandes qui est diffusé notamment dans les pays du nord. Et vous avez aussi des ligues féministes qui reprennent le sujet et accuse la France de crime contre les femmes allemandes. »

Des enquêtes réalisées par les autorités françaises en 1921 démontrent le caractère infondé des différentes accusations. Même conclusions pour les Anglais et les Américains par la suite, mais le mal est fait. Cette propagande marque profondément l’imaginaire collectif allemand. Hitler s’en servira dans sa rhétorique nazie, dénonçant la « dégermanisation, la négrification et la judaïsation » du sang allemand par la volonté de la France. Et aussi pendant l’occupation de la France par les Allemands en 1940.

« Pendant la campagne de France, les soldats colonisés sont rarement fait prisonnier, ils sont massacrés. Car il reste toujours, cette peur, ce dégoût des soldats noirs, mais aussi, car il y a une revanche sur le fait d’avoir été occupé pendant l’entre-deux guerre. »

A Cressensacq, Chasselay et Montluzin en 1940 plus de 1000 sénégalais sont massacrés par les Allemands. Et paie le prix de cette terrible propagande. 20 ans après l’occupation par d’autres soldats africains de la Rhénanie.

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