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Reportage culture

Festival de Marseille: «Kirina», spectacle qui dévoile les richesses de l'Afrique

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C'est à Marseille, dans le cadre d'un festival qui se tient jusqu’au 8 juillet prochain, qu'ont été données les premières représentations d'un spectacle de danse panafricain. « Kirina », un spectacle inspiré d'une bataille légendaire et réelle qui constitua l'Empire du Mandé au Mali au 13ème siècle. Chorégraphié par Serge Aimé Coulibaly, sur une musique de Rokia Traoré et un livret de Felwine Sarr, ce spectacle vise à présenter visage digne de l'Afrique un, loin des représentations primitives ou victimaires.

«Kirina» de Serge Aimé Coulibaly et Rokia Traoré, un spectacle à au festival de Marseille jusqu'au 8 juillet.
«Kirina» de Serge Aimé Coulibaly et Rokia Traoré, un spectacle à au festival de Marseille jusqu'au 8 juillet. ©Philippe Magoni
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Sur une scène dépouillée, quatre musiciens jouent de la guitare, de la basse, des percussions ou du balafon. 9 danseurs auxquels peuvent se mêler une quarantaine de figurants interprètent des tableaux chorégraphiés symbolisant des épisodes de l’histoire du Mandé.

« Kirina », c’est d’ailleurs le nom d’une bataille : en 1235, Sundjata Keita défit l’empereur Soumahoro Kanté et constitua l’empire mandingue en devenant Mansa du Mali reconnu par tous les autres rois alliés. C’est le début de l’Empire du Mali qui domina l’Afrique de l’Ouest pendant plusieurs siècles. Une bataille devenue mythique, chantée par les griots du Mandé. Serge Aimé Coulibaly a choisi d’intituler ainsi son spectacle pour sa charge symbolique : « Quand on dit Kirina à un Africain de l’Ouest, tout de suite il pense à la bataille ».

Et pourtant, le spectacle ne porte pas sur l’épopée mandingue. « J’ai surtout voulu partir des mythes fondateurs, des éléments qui ont créé ce qui fait l’Homme pour pouvoir nous projeter dans le futur » affirme le chorégraphe burkinabè.

Mais pour mieux se projeter dans le futur, il faut connaître son histoire. Elle ne commence pas avec la colonisation. Mais, par méconnaissance des peuples qu’ils ont soumis, ou parce qu’ils n’ont pas eu accès aux codes transmis de génération en génération par des griots initiés, les colons blancs ont fait comme si ce passé glorieux n’existait pas. Pour les deux auteurs du spectacle, il s’agit de se réapproprier cette histoire pour retrouver une dignité. Rokia Traoré, qui a composé la musique de « Kirina » mais ne chante pas sur scène, insiste sur ce point « pour que nous soyons fiers de nous, et que nos seules références ne soient pas l’esclavage puis la civilisation. Que l’on connaissance cette belle histoire. Qu’il ne s’agisse pas seulement des belles couleurs de l’Afrique, des beaux rythmes. En Afrique, une civilisation existait, qui avait des principes, une civilisation écrasée, bafouée, ignorée ».

Mouvements de danse contemporaine, africaine, voire acrobatique… Les danseurs portent un nouveau langage chorégraphique, apparaissant parfois grimaçants comme des spectres. Serge Aimé Coulibaly s’est inspiré de la cosmogonie traditionnelle de l’Afrique de l’Ouest « où il n’y a pas vraiment de séparation entre le monde végétal, animal et humain. Je voulais que sur scène les danseurs puissent passer de l’humain à une créature. Et puis cela correspond aussi à une recherche artistique et physique de nouveaux mouvements. J’aime dire que le reste du monde ne connaît que 1% de ce qu’est l’Afrique. Il y a une richesse à explorer ».

Venus de Côte d’Ivoire, du Mali, Sénégal, Burkina Faso, Cameroun, Belgique ou France… Tous les artistes de cette troupe, qu’ils soient musiciens, danseurs, metteurs en scène, comédiens, incarnent un métissage, et l’avenir de la création africaine. Un beau symbole salué par Rokia Traoré : « C’est ça aussi Kirina, le reflet de ce que l’Afrique est en train de devenir petit à petit, une partie réelle et digne du monde ».

Mais au-delà de l’Afrique, le spectacle de Serge Aimé Coulibaly et Rokia Traoré s’adresse au monde entier. Montrant des mouvements de migration, qui sont intemporels et universels. « Il y a un mouvement très important dans le spectacle, insiste Serge Aimé Coulibaly, c’est la marche. Ce n’est pas l’immigration des Africains vers l’Europe, c’est le mouvement des peuples. C’est pour cela qu’il y a des figurants de Marseille. Et à chaque endroit où nous jouerons, nous ferons appel à des figurants de cette région, car nous parlons des humains. Nous ne parlons pas seulement de l’Afrique. L’histoire part de l’Afrique mais enveloppe le reste du monde ».

Le spectacle « Kirina » se met lui aussi en marche. Après Marseille, la troupe le montrera en Allemagne, en Belgique, et espère aussi au Mali en novembre pour les Récréâtrales de Bamako.

Sophie Torlotin

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