Accéder au contenu principal
Aujourd'hui l'économie

Brexit: pourquoi la conduite britannique affole les milieux d’affaires

Publié le :

Presque deux ans jour pour jour après le référendum sur le Brexit le 23 juin 2016, les Britanniques ne savent toujours pas comment ils vont gérer le divorce. Une situation de plus en plus mal vécue par les milieux d'affaires européens.

Des manifestants anti-Brexit protestent devant le Parlement à Londres, en Grande-Bretagne, le 16 janvier 2018.
Des manifestants anti-Brexit protestent devant le Parlement à Londres, en Grande-Bretagne, le 16 janvier 2018. REUTERS/Hannah McKay
Publicité

L'horloge tourne et les entreprises dépensent beaucoup d'argent pour se préparer à un avenir dont elles ne connaissent absolument pas les contours. Car le Brexit c'est maintenant. Ou presque. Il interviendra le 29 mars prochain et la transition ne durera que 21 mois. Mais personne n'a la moindre idée aujourd'hui sur ce qui suivra. L'absence d'accord est une menace prise de plus en plus au sérieux. Theresa May en fait un argument dans son bras de fer avec les 27. Tom Enders, le patron d'Airbus, estime lui que ce flou est destructeur. Vendredi il est sorti de son silence pour prévenir: il y a péril en la demeure pour les dizaines de milliers d'emploi d'Airbus sur le sol britannique. Car l'avionneur européen envisage de revoir à la baisse ses investissements sur le sol britannique.

Ce matin on apprend que Tom Enders est loin d'être isolé

La moitié des 800 dirigeants sondés par le cabinet Baker MacKenzie ont baissé leurs investissements au Royaume-Uni, apprend-on dans l'enquête publiée ce matin. Les trois quarts d'entre eux souhaitent que Bruxelles fasse aussi des concessions, sinon leurs entreprises vont sérieusement pâtir du divorce. C'est particulièrement vrai pour les entreprises allemandes. Le responsable de la division britannique du constructeur BMW a lui aussi publiquement donné l'alerte après le coup de gueule de Tom Enders. L'aéronautique, l'automobile font partie des secteurs les plus affectés par une éventuelle sortie de l'union douanière. Le retour de la bureaucratie aux frontières compromet les chaines de valeurs patiemment mises en places par les industriels. Une «Mini» sortie des chaînes britanniques comporte 60% de composants en provenance de l'UE.

Et qu'en disent les patrons britanniques?

Contrairement à ce qui se passe aux Etats-Unis, les grands patrons britanniques sont absents du débat public. Ils laissent leurs représentants parler haut et fort. Dimanche encore, cinq organisations patronales, de la Fédération des chambres de commerce en passant par l'organe des industriels à celui des PME ont écrit à Theresa May pour lui faire part de leurs préoccupations. Ces organisations reflètent l'opinion de leurs adhérents: 80% d'entre eux étaient opposés au Brexit. Mais pas question pour eux de s'exprimer personnellement. Par crainte de jouer contre leur entreprise. Une déclaration pessimiste pourrait avoir des conséquences négatives à la Bourse, elle inquiéterait les salariés et les clients et exposerait peut-être l'entreprise à un boycott des commandes publiques.

Les intérêts du gouvernement britannique sont-ils encore compatibles avec ceux de leurs entreprises ?

C'est la question gênante qui émerge de ce silence patronal britannique opposé aux déclarations tonitruantes des ministres. Interrogé sur ces tiraillements, Fuck business aurait rétorqué Boris Johnson le ministre des affaires étrangères. Jeremy Hunt, le ministre de la Santé a lui publiquement critiqué Tom Enders ce week-end. Therera May doit tenir le gouvernail en dirigeant une équipe profondément divisée entre les partisans d’un Brexit dur et ceux qui font tout pour adoucir le régime de la séparation. Un équilibre très précaire qu'elle devra afficher jeudi et vendredi à Bruxelles face au 27 réunis en sommet. Quitte à donner le sentiment de se désolidariser des milieux d'affaires. Le comble pour un gouvernement conservateur qui leur est traditionnellement acquis.

En bref

On a appris ce lundi matin la disparition de Jacques Saadé, le fondateur de CMA CGM, un champion français du transport maritime.

Le groupe est le numéro trois mondial du secteur. Jacques Saadé démarre son activité après avoir quitté le Liban, son pays d'origine. Il a mis 40 ans pour bâtir cet empire familial, l'an dernier il en a transmis les clés à son fils Rodolphe. Jacques Saadé était âgé de 81 ans.

La Maison Blanche veut maintenant strictement limiter les investissements chinois sur le sol américain

D'après le Wall Street Journal l'administration américaine prépare un nouveau texte encore plus contraignant que les sanctions commerciales. Il interdirait à des entreprises détenues au moins à 25% par des capitaux chinois, publics ou privés, d'acquérir des entreprises dites technologiques pour empêcher les Chinois de s'approprier du savoir-faire américain.

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Voir les autres épisodes
Page non trouvée

Le contenu auquel vous tentez d'accéder n'existe pas ou n'est plus disponible.