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Afrique économie

L'Afrique de l’Ouest se mobilise contre la striure brune, un virus qui attaque le manioc

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Gari au Bénin, attiéké en Côte d'Ivoire, Foufou en RDC, le manioc est à la base de l'alimentation en Afrique. Le Nigeria est ainsi le plus grand producteur au monde avec 55 millions de tonnes en 2017 selon la FAO. Mais la production est menacée par des maladies virales qui n'affectent pas les hommes, comme la mosaïque africaine, bien connue, et la striure brune qui se répand. Le programme Wave, financé par l'aide au développement britannique et la Fondation Bill et Melinda Gates, a tenu une conférence à Cotonou la semaine dernière. Il rassemble des chercheurs africains de 7 pays, ils demandent un plan d'intervention contre la striure brune. Si elle arrivait en Afrique de l'Ouest, cela provoquerait une grave crise alimentaire et économique.

Des racines de manioc, partie comestible de la plante
Des racines de manioc, partie comestible de la plante David Monniaux/Wikimedia CC
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La striure brune du manioc avait disparu et elle a réapparu en Afrique de l’Est il y a une quinzaine d’années. Depuis, elle a gagné l’Afrique Centrale. Elle cause des pertes de 90 à 100 %. Il faut anticiper selon le docteur Justin Pita, directeur exécutif de Wave.« Cette maladie, nous l’appelons dans notre jargon, l’Ebola du manioc », dit le docteur Justin Pita. « Parlons du Nigeria : un pays qui a 180 millions d’habitants, dont 80 % dépendent du manioc pour leur alimentation. Si ce virus arrive au Nigeria, ce sera une catastrophe humanitaire. Si ce virus arrive au Nigeria, ça voudra dire qu’il est au Bénin, au Togo et en Côte d’Ivoire. »

La maladie se transmet par les mouches blanches et surtout par les hommes qui disséminent des boutures infectées. Pour prévenir cette propagation, les chercheurs surveillent le virus et développent des variétés plus résistantes dans les laboratoires de chaque pays membre. « Nous avons déjà identifié quelques variétés qui ne manifestent pas les symptômes de la striure brune. Nous cherchons maintenant à multiplier ces variétés, pour essayer de les distribuer à la population. Cela demande donc de gros moyens », déclare Godefroid Mondé, représentant de Wave en République démocratique du Congo, où l’est du pays est particulièrement touché.

Pédagogie nécessaire auprès des agriculteurs

Autre action : apprendre et permettre aux agriculteurs d’avoir des plants sains. C’est essentiel et possible pour Biendi Maganga-Moussavou, ministre de l’Agriculture du Gabon. Ce pays, où la striure a été identifiée, s’apprête à intégrer le programme. « Traditionnellement, nous avons des pratiques qui ne sont pas suffisamment réglementées, explique le ministre. Il s’agit de vraiment changer les comportements, donc améliorer la législation, améliorer l’information, éviter que les plants ne se déplacent d’un point à l’autre du pays ou d’un point à l’autre du continent, sans en avoir les autorisations. »

Sénamé Dossou préside une coopérative qui cultive et transforme le manioc à l’est du Bénin. Elle regroupe 200 femmes. Il y a 2 ans, elles ont perdu plus de 4 tonnes à cause de la mosaïque africaine, c’est Wave qui les a informées. Pour elle, les dirigeants doivent prendre la nouvelle menace au sérieux. « On n’avait pas connaissance de ça, d’où ça vient, qu’est-ce que ça fait, quelles mesures appropriées on pouvait prendre vis-à-vis de cela. Si [un champ de] ton voisin est déjà attaqué, c’est mieux de prendre à temps des dispositions, pour sécuriser l’alimentation. »

Les sept pays membres du programme Wave s’y engagent pour l’instant à travers une déclaration.

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