Accéder au contenu principal
Revue de presse des hebdomadaires français

A la Une: le «petit gros» et le «vieux gâteux»

Publié le :

Kim Jong-un (à gauche) et Donald Trump (à droite).
Kim Jong-un (à gauche) et Donald Trump (à droite). REUTERS/KCNA handout via Reuters & Kevin Lamarque
Publicité

« Le petit gros » : c’est ainsi que Donald Trump qualifiait Kim Jong-un il n’y a pas si longtemps. Et inversement, le président américain était traité de « vieux gâteux » par le leader nord-coréen.

Terminées les invectives, du moins pour l’instant, Trump et Kim sont arrivés tous deux à Singapour hier et se retrouveront demain mardi pour un sommet sinon historique du moins inédit.

« Les deux dirigeants qui, il y a neuf mois, se promettaient la guerre nucléaire et le "feu et la fureur", vont s’asseoir à la même table, pointe Libération, pour remiser soixante-dix ans de haine, de menaces et de rendez-vous ratés. Jamais un président américain en exercice n’a rencontré un des trois leaders de la dynastie des Kim, qui se sont succédé depuis 1948 à la tête de la république populaire de Corée. On ne pourra s’empêcher de penser demain mardi que le jeune Kim Jong-un, 34 ans, remporte une inattendue et symbolique victoire, sans égale et précieuse pour légitimer son autorité et son pouvoir en Corée. » Pour autant, poursuit Libération, « les discussions risquent d’être ardues. Kim et Trump doivent s’entendre sur la dénucléarisation de la péninsule. Les Etats-Unis exigent de Pyongyang, qui a toujours conjugué survie avec atome, qu’elle soit "complète, vérifiable et irréversible". A plusieurs reprises, comme lors du sommet intercoréen du 27 avril à Panmunjom, la Corée du Nord s’est déclarée favorable à une "dénucléarisation complète". Mais cette formulation floue laisse la place à d’innombrables interprétations, autant techniques que symboliques. »

Pas le même agenda…

En fait, analyse Le Figaro, « le sommet a toutes les chances de réussir ou d’échouer. De réussir et d’échouer, a-t-on envie de dire. Il pourrait en effet aboutir à court terme et capoter ensuite. Les deux dirigeants ont un intérêt convergent à réussir leur coup en ce mois de juin. Mais, à un horizon plus lointain, leurs routes divergent. Les deux hommes n’ont pas la même temporalité. Trump a besoin d’un succès, tout de suite, précise Le Figaro. Avec, en tête, les élections de mi-mandat et sa réélection en 2020. Il veut montrer qu’il a déchiré un mauvais "deal" avec l’Iran pour en réussir un bon avec la Corée du Nord. Bref, pour lui, il faut que l’affaire tienne deux ans… »

Pour sa part, poursuit Le Figaro, « Kim a aussi besoin d’un peu d’air, rapidement. Il y a six mois, il était isolé, menacé de frappes et étranglé économiquement. Mais le jeune dictateur, lui, raisonne à vingt ou trente ans. Il veut sa survie et celle de son régime. Il peut donner à Trump de quoi faire sa photo, détruire quelques bombes et autant de missiles. En gardant sous le coude quelques cartes atomiques. Car on voit mal Kim renoncer "définitivement" à la bombe. C’est son assurance-vie. C’est elle qui a permis à l’"homme-fusée" d’être propulsé dans le firmament des grands de ce monde. Et c’est là que Trump envoie un signal ambigu. En disant à la planète entière que seule la capacité de nuisance apporte la considération. »

« Il y a six mois, rappelle Ouest France, le monde redoutait une déflagration nucléaire après les propos de Trump à l’Onu. Demain, la paix serait à portée du sommet, et avec elle la dénucléarisation de la péninsule coréenne. »

Alors, s’interroge le quotidien du grand ouest, « que vaudra la parole de Kim ? Il y a des précédents d’engagements nord-coréens, tous rigoureusement contredits dans le passé par des revirements successifs. Il est donc peu probable de pouvoir exulter à un plan de paix accéléré. C’est probablement un lent processus d’apaisement qui peut émerger, entamé déjà depuis quelques mois, notamment entre les deux Corées. »

Trump accorde à la Corée du Nord ce qu’il refuse à l’Iran…

« Il y a dans cette affaire quelque chose de tout à fait paradoxal, relève La Croix. Ce président américain qui entend jouer au faiseur de paix est, en même temps, celui qui nourrit plusieurs des tensions les plus fortes du moment. Alors même qu’il partait à la rencontre de Kim Jong-un à Singapour, il a piqué un coup de sang contre les plus vieux alliés des États-Unis avec lesquels il venait de se réunir au G7. Mais là n’est pas le plus grave – et de loin. Donald Trump est aussi celui qui a remis de l’huile sur le feu du Proche-Orient avec le transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem et la rupture de l’accord sur le nucléaire avec l’Iran. On peut évidemment souligner la contradiction qui consiste à accorder à la Corée du Nord une tractation que l’on refuse par principe à l’Iran, souligne La Croix. Cependant, cela n’avance pas à grand-chose. Laissons Donald Trump faire sa première expérience de négociateur de paix, conclut le quotidien catholique, en éprouver l’exaltation et les difficultés. On ne saurait espérer que cela le rende plus humble. Mais cela peut lui donner le goût de s’employer à cette tâche ailleurs dans le monde. Et ce sera tant mieux. »

« Etrange posture… »

Hier donc, surprise à l’issue du G7… Vexé par des propos du Premier ministre canadien concernant les taxes imposées par les Etats-Unis, le président américain a déclaré, dans une série de tweets rageurs, qu’il retirait sa signature du communiqué commun final.

Et ce matin, les commentaires ne sont pas très tendres dans la presse… « On peut faire de la politique autrement, mais pas n’importe comment, s’exclame La Voix du Nord. Comme, par exemple, arriver au G7 la mine renfrognée, puis saluer le sommet comme une réussite et signer le communiqué commun avant de le renier quelques heures plus tard, et de menacer tous les autres signataires de taxations sur les importations d’automobiles. »

« Étrange posture, s’étonne La République des Pyrénées, que celle de ce président américain qui se défie de ses alliés, les menace de nouveaux droits de douanes tandis qu’il épargne ses ennemis, n’hésitant pas à féliciter les régimes autoritaires. »

Le Courrier Picard fulmine : « on savait déjà que la diplomatie n’était pas la qualité première du président des États-Unis, on voit désormais qu’il n’hésite pas à l’exprimer avec une grossièreté et une jouissance manifestes. »  

« Dès qu’on ne lui dit pas amen et qu’on ne joue pas les courtisans épatés et fascinés à son endroit, Trump tonne, cogne, assomme », déplore L’Union.

La Presse de la Manche porte l’estocade : « Il fait le clown plus que l’homme d’Etat. Et quand on imagine qu’il fait le pitre, il se révèle être une sorte de gugusse qui n’est qu’un clown triste, car c’est un triste personnage. »

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Voir les autres épisodes
  • 05:30
  • 05:15
  • 05:33
  • 04:48
  • 05:12
Page non trouvée

Le contenu auquel vous tentez d'accéder n'existe pas ou n'est plus disponible.