Cette semaine dans La chronique des médias, retour sur l’abondante couverture du mariage du prince Harry qui contraste avec l’impact plus limité du bain de sang à Gaza, qui s’est produit en début de semaine, lors de l’inauguration de l’ambassade américaine à Jérusalem.
Il y a les têtes couronnées et les têtes… explosées. Il y a Harry, cet ami princier de la France, qui nous veut du bien, sans doute, si l’on en juge par l’abondante couverture que lui consacre aujourd’hui les chaînes de télé : cinq heures d’édition spéciale sur TF1, autant sur France 2, 4 heures sur M6, une journée entière sur BFM TV… Et puis il y a tous ces manifestants palestiniens qui se sont massés à la frontière et qui sont près de 60 à avoir été tués et 2700 à avoir été blessés par des tirs de soldats israéliens, dont de nombreux enfants. Un bilan qui justifierait en lui-même une mobilisation internationale des médias, des éditions spéciales, des documentaires sur la cause palestinienne comme il y en a, sur TF1, pour la monarchie britannique.
D’autant que le massacre s’est produit lors du 70e anniversaire de la naissance de l’Etat d’Israël et de la reconnaissance de Jérusalem comme capitale par les Etats-Unis. D’autant que deux journalistes ont été tués à Gaza, deux journalistes palestiniens qui d’après Reporters sans frontières, ont été visés par des tirs directs de snipers israéliens malgré leur dossard «presse». Reporters sans frontières a saisi la Cour pénale internationale pour dénoncer un « crime de guerre ».
Alors bien sûr, le mariage princier n’est pas dénué de calculs pour les médias. Des calculs qui ne sont pas à chercher dans la solidarité européenne, depuis le Brexit, ni dans la proximité constitutionnelle la France est une République. Mais plutôt dans le fait que le précédent mariage princier, celui de William en 2011, avait été suivi par près de 10 millions de Français. Mais Harry n’est que sixième dans l’ordre de succession et la couverture ininterrompue de son mariage apparaît vite dans sa démesure quand on ne voit plus que cela sur les écrans français.
Parallèlement, l’événement d’actualité, la répression de Palestiniens à Gaza, est vue dans la morbide chronologie de décennies de souffrances et d’affrontements israélo-palestiniens. Du coup, on en arrive à oublier qu’il ne faut pas se contenter de considérer que la riposte est disproportionnée. Car même s’il y a des provocations du Hamas, il y a bien des victimes d’un côté et des exécutants de basses besognes militaires de l’autre. Certains journaux comme Ouest France parlent encore d’ « affrontements », d’autres médias comme BFM TV donnent abondamment le point de vue israélien qui se sent en état de « légitime défense ». On peut préférer le titre de Libération, un autre média du Franco-Israélien Patrick Drahi. Un titre tranchant comme un couperet : « Une ambassade et un massacre ».
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