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La semaine de

«N'oublie pas le petit coin d’où nous sommes sortis»

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« En écoutant des garçons comme Karl Toko Ekambi, nous ne pouvons que dire et répéter, après l’intellectuel béninois, à quel point sont grandes nos certitudes d’espérance quant à l’avenir de ce continent ».

Jean-Baptiste Placca
Jean-Baptiste Placca RFI
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A la fin de cette semaine, marquée par une finale de Coupe d’Europe et l’annonce de la composition des sélections nationales, en vue du Mondial 2018 en Russie, vous avez choisi de nous parler de football, ce qui peut se comprendre. Mais pourquoi donc placer votre projecteur sur Karl Toko Ekambi, Prix Marc-Vivien Foé 2018 ?

Parce que ce prix commence à compter, dans le monde du football. Et que le lauréat, Karl Toko Ekambi, nous a séduits, comme il a sans doute séduit des millions d’auditeurs de RFI. Il n’est, certes, pas une star planétaire. Mais ce footballeur de 25 ans est de ces jeunes Africains qui, par leurs choix, leurs actes, nous confortent dans l’idée qu’il n’y a, définitivement, pas à désespérer de ce continent, au contraire. Le club dans lequel il évolue pour encore un ou deux matchs, n’est, certes pas le PSG. Mais il y brillait déjà lorsqu’est survenu le mercato d’hiver, cette espèce de foire durant laquelle les clubs vendent et achètent des joueurs, pour bien terminer leur saison. A cette occasion, des offres ont afflué, qui lui auraient sans doute permis d’aller en Angleterre, quintupler son salaire et avoir plus de visibilité, ce qui est le rêve de nombre de footballeurs de son niveau et de son âge. Mais son club   qui aurait empoché, dans ce transfert, l’équivalent de la moitié de son budget annuel   aurait alors risqué la relégation en division inférieure. Pour cela, il a préféré rester, et s’en explique, avec des mots d’une relative puissance, et qui montrent bien qu’il sait d’où il vient.

Dans Radio Foot Internationale, nous avons également découvert un garçon généreux…

Oui, un garçon qui donne largement du peu qu’il gagne, en particulier pour creuser des puits en Afrique, dans des pays qui ne sont pas le sien, et en veillant tout particulièrement à ce que cela ne donne pas lieu à une publicité tapageuse. Et lorsque Karl Toko Ekambi dit que, plutôt que de courir après un quintuplement de son salaire, il a préféré terminer la saison avec le petit club d’Angers, qui lui a fait découvrir la Ligue 1, nous nous remémorons cette phrase : « N’oublie pas le petit coin d’où tu es sorti ! ».

De qui est déjà cette phrase ?

Ici même, la semaine dernière, nous évoquions la mémoire du cardinal Bernardin Gantin. Dans les propos du jeune footballeur, nous retrouvons un témoignage du cardinal, rapportant une injonction de sagesse de sa mère, lui intimant ceci : « N’oublie jamais le petit coin d’où nous sommes sortis ! ». Le prélat se sera, jusqu’à son dernier souffle, souvenu de sa mère, lui disant cela, au soir des cérémonies marquant son entrée dans la plus haute sphère de la hiérarchie de l’Eglise catholique. Il l’avait, naturellement, fait venir au Vatican, pour l’occasion. Et c’est en ces termes qu’il en parlait : « Au soir de mon cardinalat, ma mère, qui avait assisté, ce jour-là, aux splendeurs des grands fastes romains   parce que c’est au Vatican, en effet, que l’on peut encore, aujourd’hui, assister à des cérémonies qui rappellent les splendeurs de l’Empire romain   sa mère, après avoir assisté à cette cérémonie, lui avait donc dit : « Mon fils, n’oublie jamais le petit coin d’où nous sommes sortis ! ». Karl Toko Ekambi, depuis le mois de décembre, a beaucoup grandi, s’est bonifié, et parce qu’il n’a pas oublié le petit club qui l’a fait découvrir, il peut, en cette fin de saison, espérer s’envoler vers des cieux plus prometteurs, auréolé de ce Prix Marc-Vivien Foé.

Beau message d’espoir…

Nous parlons d’espérance. Avec un état d’esprit comme le sien, nous réalisons qu’il n’y a, vraiment, aucune raison de désespérer de l’Afrique, au contraire. C’est même parce qu’il y a des milliers, sinon des millions de jeunes gens comme lui que nous répétons, si souvent, ici, notre foi en l’avenir de ce continent, malgré les ombres et les tentations du doute et du découragement, par cette expression empruntée au professeur Albert Tévoédjrè, et que certains perçoivent comme une publicité trop insistante pour son auteur. Mais, à quoi bon s’évertuer à paraphraser, lorsque quelque esprit réellement brillant a trouvé une meilleure manière que vous ne pourrez jamais d’exprimer une idée, de formuler une conviction ? En écoutant des garçons comme Karl Toko Ekambi, nous ne pouvons que dire et répéter, après l’intellectuel béninois, à quel point sont grandes nos certitudes d’espérance quant à l’avenir de ce continent.

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