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Prêtres pédophiles au Chili: le mea culpa du pape François

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Le pape François a reçu le week-end dernier au Vatican trois victimes chiliennes de prêtres pédophiles. Lors d’une conférence de presse, ces dernières sont revenues longuement sur cette rencontre au cours de laquelle le pape leur a demandé pardon et admis avoir commis des erreurs dans la gestion des cas d’abus sexuels au Chili.

De gauche à droite Juan Carlos Cruz, James Hamilton et Jose Andres Murilli, des victimes d'abus sexuels chiliens, tiennent une conférence de presse à l'Association de la presse étrangère à Rome le 2 mai 2018.
De gauche à droite Juan Carlos Cruz, James Hamilton et Jose Andres Murilli, des victimes d'abus sexuels chiliens, tiennent une conférence de presse à l'Association de la presse étrangère à Rome le 2 mai 2018. AFP/Tiziani Fabi
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Avec notre correspondant à Rome, Eric Sénanque

Jamais une conférence de presse n’avait été organisée après ce genre de rencontre privée avec un pape et sur un thème aussi délicat que la pédophilie. Devant des journalistes du monde entier, les trois victimes, Juan Carlos Cruz, James Hamilton Hernandez, et José Andres Murillo qui ont été abusés par le père Karadima au Chili, ont lu une déclaration. Un texte fort dans lequel ils expliquent que ces trois jours de rencontre avec le pape François ont été un vrai baume apaisant : durant presque dix ans ils se sont sentis traités « comme des ennemis » parce qu’ils ont osé dénoncer des abus sexuels.

L’écoute du pape a été capitale pour eux. Le pape François, qui avait demandé aux victimes la preuve de la culpabilité de Mgr Barros en janvier dernier lors de son voyage au Chili, a pu avoir avec eux une discussion franche et respectueuse. Les trois victimes ont remercié François pour sa générosité et l’hospitalité de ces jours passés au Vatican.

Les victimes n’ont pas hésité à dénoncer les manquements de l’Eglise chilienne

Les trois Chiliens étaient encore profondément blessés par le comportement des responsables de l’Eglise de leur pays, la culture de l’omerta et les réflexes de dissimulation des scandales sexuels sur mineurs. Les victimes ont dénoncé l’abus de pouvoir des évêques et parlé d’épidémie pour évoquer les cas de pédophilie. Surtout, ils ont directement attaqué des hauts représentants de l’Eglise chilienne, à commencer par le cardinal Javier Ezzaruiz. Ce dernier était archevêque de Santiago au moment où Fernando Karadima a abusé de ses victimes.

« Il est un vrai criminel, a assené James Hamilton Hernandez, un homme qui a couvert les actes odieux de Karadima pendant au moins cinq ans ». Le silence de l’actuel archevêque de Santiago le cardinal Ricardo Ezzati a également été dénoncé. Les victimes ont souhaité que des procédures pénales puissent avoir lieu contre les responsables dans l’Eglise qui ont laissé faire. « Il faudrait que l’on commence à penser avant tout aux victimes » a expliqué l’un des trois Chiliens.

La réaction du pape François qui admet ses erreurs

Le récit des trois victimes a été édifiant de ce point de vue : elles ont raconté combien François avait été touché par leur témoignage, mais surtout qu’il admettait des erreurs. Juan Carlos Cruz, par exemple, qui a vu le pape en tête-à-tête pendant plus de trois heures, a confié que jamais il n’avait vu « quelqu’un d’aussi contrit » et sentait que François avait mal. Le pape lui a même confié « qu’il faisait partie du problème ». En fait les trois Chiliens ont jeté la lumière sur une question préoccupante au Vatican sur ce dossier de la pédophilie, à savoir que le pape est mal entouré. « J’ai senti qu’il était mal informé » a confié Juan Carlos Cruz.

Il faut dire que le cardinal Ezzaruiz fait partie du C9, ce conseil des cardinaux que François consulte régulièrement pour réfléchir à la réforme de la Curie, tout comme le cardinal australien George Pell qui sera prochainement jugé pour agressions sexuelles. Le pape n’a donc jamais semblé aussi fragilisé sur cette question. Mais il ne compte pas en rester là. Fin mai, il a convoqué au Vatican tous les évêques chiliens pour évoquer cette crise pédophile. Et il y a fort à parier que des têtes vont tomber.

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