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Le grand invité Afrique

Situation en Libye: éclairages de Mohamad Taher Siala, ministre des Affaires étrangères

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Mohamad Taher Siala, ministre libyen des Affaires étrangères dans le gouvernement d'union nationale, a participé à Paris, la semaine dernière, à la conférence « No money for terror » sur le financement du terrorisme. L'occasion de le rencontrer et d'entendre son point de vue sur les derniers développements en Libye, alors que le pays se prépare à des élections dans l'année. Tripoli, soucieuse de la sécurité à sa frontière sud, s'apprête à signer un accord pour un contrôle communs des frontières avec trois de ses voisins. Mohamad Taher Siala répond aux questions de RFI.

Mohamad Taha Siala, ministre libyen des Affaires étrangères. Ici à Moscou, le 12 décembre 2017.
Mohamad Taha Siala, ministre libyen des Affaires étrangères. Ici à Moscou, le 12 décembre 2017. Photo: Sergei Bobylev\TASS via Getty Images
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RFI : Le sud libyen vous pose un grand problème sécuritaire, où en êtes-vous dans vos contacts avec les pays voisins au niveau de la coordination sécuritaire ?

Mohamed Taher Siala : La Libye est un pays très étendu sur un très grand espace. Il occupe une énorme partie du grand désert africain. Il n’est pas facile de contrôler toutes ces zones et nous sommes face à un problème de sécurité dans le sud du pays. La Libye possède des frontières avec cinq autres pays. Ses frontières énormes, au sud, sont difficiles à contrôler. Nous avons eu, à Niamey, au Niger, le 3 avril, une réunion en présence de quatre pays : le Tchad, le Niger, le Soudan et la Libye, pour le contrôle de ces frontières communes. La Libye a présenté un projet d’accord que nous avons discuté. Les experts sont actuellement en train de développer ce projet pour aboutir à un accord qui engagera ces quatre pays. Une nouvelle réunion est prévue à Ndjamena pour finaliser l’accord. Il sera signé à Khartoum après le mois de ramadan et en présence des quatre présidents de ces pays.

Quels seront les principaux points de cet accord ?

Il se résume à définir des points de référence, à mettre en place des centres de communication, des échanges d’informations, à faire des patrouilles communes pour mieux contrôler ces frontières terrestres. Une fois entériné, cet accord sera présenté à l’Union européenne et aux Nations unies. Nous sommes décidés à le mettre en application et ces deux institutions nous ont promis de nous accorder leur appui pour améliorer le contrôle de ces frontières et pour la mise en application de l’accord.

Quel genre d’appui espérez-vous avoir de l’Union européenne et de l’ONU ? Un appui logistique ou financier, ou avec l’envoi de forces ?

C’est un appui logistique et financier. Il ne s’agit pas de l’envoi de forces. Nous avons besoin des moyens modernes de communication, des véhicules spéciaux pour le désert. Nous avons besoin de l’appui logistique et financier. Nous aurons besoin aussi d’experts pour faire fonctionner les matériels.

Le gouvernement d'union nationale libyen a adressé, la semaine dernière, des réclamations à plusieurs pays africains, dont le Sénégal et le Burkina Faso, pour rembourser des prêts accordés sous Mouammar Kadhafi. Pourquoi maintenant ?

Depuis 2011, les ressources libyennes se sont réduites. La production du pétrole a atteint, tout récemment, des niveaux qui nous permettent de l'exporter. L’année dernière, nous produisions seulement 50 000 barils et une partie de la production est absorbée par la consommation intérieure. La quantité exportée ne répondait pas aux besoins financiers de la Libye. Les dates de recouvrement de ses prêts accordés à plusieurs pays africains sont dépassées. Il est du droit de la trésorerie publique de réclamer ses dettes et de poursuivre l'affaire.

La trésorerie communique avec les pays africains concernés afin de récupérer ces dettes. Les dates limites des remboursements sont dépassées et nous tenons à ce qu'ils se fassent. Ces prêts sont gérés par des accords qui engagent les deux parties. Les pays empruntant sont dans l’obligation de rembourser. La trésorerie est prête à réviser l’échelonnement des remboursements, elle pourrait délaisser une partie des intérêts de ces dettes, elle pourra décaler les délais des remboursements, mais enfin, il s’agit des prêts, c'est l’argent public. Cet argent est celui du peuple libyen.

Sur le plan intérieur, un pas en avant a été fait il y a une semaine, avec la rencontre qui a eu lieu, au Maroc, entre le nouveau président du Haut Conseil de l’Etat, la plus haute autorité de Libye, et le chef du Parlement libyen. Pourriez-vous nous mettre au courant de ce qui a été décidé ?

Cette rencontre a abouti à un accord pour la formation d’un comité formé de 12 membres ; six du Haut Conseil de l’Etat et six du Parlement. Ce comité se réunira très bientôt à Skhirat, au Maroc, pour pallier la crise libyenne. Deux réunions doivent avoir lieu ces jours-ci, au Conseil de l'Etat et au Parlement, pour que chaque institution donne son accord sur ce qui a été dit.

Quels étaient les principaux thèmes discutés ?

La nomination d’un gouverneur à la Banque centrale libyenne, l’amendement de l’accord politique de Skhirat, l’accord sur la loi pour les élections dont le brouillon est maintenant prêt. Il faut encore que l'on diffuse cette loi pour les élections parlementaires et présidentielle. L’envoyé spécial de l’ONU, Ghassan Salamé, espère que ces élections se tiendront avant la fin de cette année.

C’est votre souhait également ?

A mon avis, il ne faut pas forcer les élections parce qu’il faut bien les préparer. Si le gouvernement n’arrive pas à fournir de bonnes conditions aux citoyens avec les services nécessaires pour voter, ils n’iront pas aux urnes avec enthousiasme. Nous voudrions que le pourcentage de participation à ces élections soit élevé pour honorer la Libye. Il faut arriver également à convaincre les belligérants libyens que les élections doivent être décisives et que leurs résultats doivent être acceptés par tous. Si les différentes parties de la crise ne sont pas convaincues de cela, je pense que les élections compliqueront encore plus la situation et ne résoudrons pas le problème.

Et croyez-vous que l’organisation de ces élections générales sera possible dans l’année ?

Ghassan Salamé le souhaite pour cette année. Pour moi, ce n’est pas un problème si elles sont organisées l’année prochaine. Le plus important, à mon avis, est de bien les préparer. Certains trouvent qu’organiser le référendum sur la Constitution est plus important et doit se faire auparavant.

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