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Aujourd'hui l'économie

Du marxisme à la marxmania

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Karl Marx, le pourfendeur du capitalisme, aurait eu 200 ans le 5 mai prochain. Les thèses du penseur allemand qu'on croyait définitivement enterrées avec la chute du communisme connaissent aujourd'hui un véritable regain d'intérêt.

Karl Marx, portrait brandit lors du défilé du 1er Mai 2018 à Paris.
Karl Marx, portrait brandit lors du défilé du 1er Mai 2018 à Paris. RFI/Olivier Faure
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Le marxisme est tombé aux oubliettes mais la marxmania gagne de nouveaux mouvements politiques. Iannis Varoufakis, le fringant et éphémère ministre grec des Finances, se réclame de Marx en tant qu'économiste et en tant que militant. D'après lui, le capital est encore la plus grande menace qui pèse sur le capitalisme, une idée dit-il qu'il a emprunté au Manifeste du parti communiste publié par Marx et Engels.

Ce texte pose les grands principes d'action du philosophe allemand : la lutte des classes comme dynamique pour renverser un système économique considéré comme aliénant. Iannis Varoufakis vient de créer un parti politique, MeRA25, avec un programme très concret : « Mettre fin à la colonisation de la Grèce par la dette ». Le fameux « Prolétaires de tous les pays unissez-vous » du Manifeste serait réactualisé aujourd'hui dans une nouvelle croisade contre les excès de la finance.

Karl Marx inspire également les sympathisants de la nouvelle gauche américaine

Dans la foulée du mouvement Occupy Wall Street, les jeunes ont investi l'organisation Democratic Socialists of America créée dans les années 1970, faisant quadrupler ses effectifs. Moyenne d'âge de ce groupe encore très minoritaire : 33 ans. Ces nouveaux militants progressistes revendiquent ouvertement une lecture marxiste de la société.

A la fin du XIXe siècle, Karl Marx se demande pourquoi la société s'enrichit alors que les gens s'appauvrissent. Cette question est plus que jamais d'actualité. Aux Etats-Unis, ce n'est plus le sort du prolétariat qui l'inspire mais comme en Grèce, l'expérience de la précarité et de l'endettement. Les militants américains ont enduré la crise de 2008 et beaucoup d'entre eux portent encore le fardeau de la dette contractée pendant leurs études.

Sur le plan purement économique, la pensée de Karl Marx est-elle encore d'actualité ?

Avec Le Capital, le philosophe allemand est le premier à expliquer le fonctionnement global du capitalisme. Un texte très critiqué sur le plan scientifique, considéré comme dépassé. Et pourtant, aujourd'hui, des économistes libéraux reviennent à cette grille de lecture. En France, Patrick Artus, l'économiste de la banque Natixis, a publié récemment une note avec un titre en forme d'hommage : « La dynamique du capitalisme, écrit-il, est aujourd’hui bien celle qu’avait prévue Karl Marx. »

Son raisonnement : les profits des entreprises occidentales ont tendance à baisser, au détriment des salariés qui voient leur revenu stagner tandis que celui des actionnaires est préservé. Pour continuer à gagner toujours plus d'argent, les détenteurs du capital spéculent de plus en plus, dans l'art, l'immobilier ou le Bitcoin et ils préparent ainsi les crises de demain. Peut-être le ferment de l'effondrement du capitalisme déjà 1 000 fois annoncé.

En attendant la réalisation de cette prophétie, Marx alimente aussi aujourd'hui un véritable business

Trèves, sa ville natale, fait fructifier à sa façon ce petit capital. Elle a émis des billets de banque à son effigie pour célébrer son bicentenaire. Leur valeur faciale, 0 euros. Et ils sont pourtant vendus 3 euros. Ils font partie des produits dérivés qui s'arrachent lors de la visite de sa maison. Une grande fête consumériste alimentée par les Chinois.

Lors de leurs séjours en Europe, beaucoup font escale à Trèves, souvent après une journée de shopping dans le Luxembourg voisin. La Chine a d'ailleurs financé la statue du penseur qui sera inaugurée ce week-end. A Trèves comme à Pékin, les contradictions du capitalisme ont encore un bel avenir.

►En bref,

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Une concession pas satisfaisante pour les Européens. Ils demandent l'exemption totale de ces taxes avant de commencer à discuter commerce avec Washington. L'Union européenne estime de son côté que ce nouveau délai ne fait que « prolonger l'incertitude du marché ».

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