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Chronique des médias

La haine des médias gagne les démocraties

Publié le :

Retour sur le rapport annuel de Reporters sans frontière, publié mercredi 25 avril 2018, qui met en évidence un phénomène nouveau dans les démocraties : le dénigrement des médias.

Pour RSF, la liberté de la presse s'est encore dégradée dans le monde en 2018.
Pour RSF, la liberté de la presse s'est encore dégradée dans le monde en 2018. Getty Images/Contributeur
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Historiquement, la presse est considérée comme un des piliers de la démocratie. Et pourtant voilà que dans de nombreux pays démocratiques, un phénomène inquiétant s’est développé en 2017, selon Reporters sans frontières : le dénigrement des médias ou « média bashing » qui n’est plus l’apanage des états autoritaires.

C’est un peu comme si l’élection de Trump, qui a qualifié les médias « d’ennemis du peuple » et parle de « fake news » à propos de CNN ou du New York Times, avait servi de catalyseur à un rejet de plus en plus assumé des journalistes et des médias. Une attitude qui a d’ailleurs a fait passer les États-Unis au 45e rang mondial de la liberté de la presse, soit un recul de deux places, alors qu’il y eu dans ce pays 34 arrestations l’an dernier de journalistes, couvrant le plus souvent des manifestations.

Fustiger le travail des médias

Le terme de « fake news » a été repris par bien des régimes, notamment dans les Caraïbes, pour fustiger le travail des médias. Une grande démocratie comme l’Inde, à la 138e place mondiale, voient se multiplier les discours de haine contre les journalistes relayés, précise RSF, « par des armées de trolls à la solde du Premier ministre Modi ». Aux Philippines, à la 133e place, les insultes et les menaces continuent contre les médias d’information, le président Duterte ayant même prévenu qu’être journaliste « ne préserve pas des assassinats ».

La Turquie et l’Égypte ont sombré dans la « médiaphobie » au nom de la lutte anti-terroriste. En Europe de l’Est, on a vu le président tchèque Milos Zeman apparaître à la télévision avec une kalachnikov factice sur laquelle était inscrit « pour les journalistes » ! Des journalistes traités en Slovaquie de « sales prostituées anti-slovaques » par le Premier ministre Robert Fico pendant qu’en Hongrie, son homologue Victor Orban qualifie « d’ennemi public numéro un » le milliardaire Georges Soros accusé de dresser les médias indépendants contre lui.

La France et la lutte contre les élites médiatiques

La thématique du peuple contre les élites médiatiques se retrouve en France où Jean-Luc Mélenchon a déclaré que la « haine des médias et de ceux qui les animent est juste et saine ». S’il n’est pas le seul à remettre en cause le jeu médiatique, le leader de la France insoumise a pu mesurer le danger de ce genre de posture quand une web-TV qui lui est proche.

Le Media a diffusé une fausse information, sur la base de témoignages mensongers, disant qu’un étudiant avait été gravement blessé par les forces de l’ordre à l’université de Tolbiac. La haine des médias peut tout aussi bien déclencher une forme de haine du Media, et le petit jeu qui consiste à accuser l’autre de propagande peut aisément se retourner contre soi.

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