Italie: fumée noire en perspective pour le 1er jour de vote au Parlement

C’est aujourd’hui que les nouveaux élus au Sénat et à la Chambre des députés entament officiellement leur mandat. Leur première tâche sera d’élire les présidents des deux branches du Parlement, privées de majorité absolue après les élections du 4 mars. Cette étape institutionnelle, qui débutera en fin de matinée dans les deux Chambres et ne s'achèvera pas avant samedi soir, est nécessaire pour poursuivre les négociations, en vue de la formation du nouveau gouvernement

Vue interne du parlement italien. Ffeeddee/wikimedia.org

Le mot qui caractérise cette rentrée des élus au Parlement, soit 630 députés et 319 sénateurs, c’est l’incertitude. L’accord qui avait été conclu, entre la coalition de droite dont fait partie La Ligue de Matteo Salvini et le Mouvement 5 Etoiles, premier parti du pays, pour se partager la présidence des deux Chambres, a été rompu hier soir.

Le Mouvement 5 Etoiles a clairement dit qu’il refuse de soutenir le candidat préféré de Silvio Berlusconi pour le Sénat, Paolo Romani. Car ce dernier a fait l’objet d’une condamnation pour détournement de fonds publics. En fait, en 2011 il avait prêté son téléphone portable réservé à ses fonctions administratives à sa fille - qui a dépensé près de 12 000 euros de communications lors d’un séjour aux États-Unis.

Plusieurs réunions des chefs de groupe des partis se sont tenues. Mais, pour le moment, la candidature de Paolo Romani reste soutenue par la coalition de droite, sous l’influence d’un Berlusconi qui veut garder son leadership. De son côté, le Parti démocrate a fait savoir qu’il ne voterait pas non plus pour ce candidat au Sénat. Pour la Chambre des députés le candidat des 5 Etoiles, Roberto Fico, homme fort du Mouvement, risque de ne plus être soutenu par la droite. Mais en vérité tout va se jouer dans le secret des urnes.

Déroulement des élections

Pour le Sénat c’est assez simple. Les sénateurs votent le candidat de leur choix à bulletin secret. Pour le premier et le deuxième tour de scrutin, il faut la majorité absolue, soit 161 voix. Pour le troisième tour, la majorité relative suffit. Si elle n’est pas atteinte le Sénat procède au ballotage entre les deux candidats qui ont obtenu le plus de voix lors du scrutin précédent.

Pour la Chambre des députés, le système est plus complexe. Les parlementaires votent aussi à bulletin secret. Pour le premier tour de scrutin, la majorité des deux tiers de l’Assemblée est requise, soit 420 voix. Pour le deuxième et le troisième tour, il faut un quorum de deux tiers de votants. Ensuite, si échec, il faut la majorité absolue. Pour cela, plusieurs tours peuvent être nécessaires.

La question de la formation du nouveau gouvernement

Ni le Mouvement 5 Etoiles, ni la coalition de droite, boostée par le succès de la Ligue, ne disposent de sièges en nombre suffisant pour gouverner. Il faut des accords, à gauche ou à droite. D’où l’importance du rôle de médiateur que va jouer le président de la République. Sergio Mattarella entamera dès le 3 avril ses consultations, avec les délégations des forces représentées au Parlement, pour trouver- ou du moins tenter de trouver - les moyens de former un gouvernement, politique ou technique.