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Croatie: l’UE pointe du doigt les privilèges accordés aux vétérans de guerre

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Dans son dernier rapport sur la Croatie publié début mars, la Commission européenne dénonce les importants avantages accordés par Zagreb aux vétérans de la guerre des années 1990. L'Union considère ces anciens soldats comme des « privilégiés », alors que leur influence sur les autorités croates ne semble jamais avoir été aussi forte.

Défilé militaire à l'occasion du 20e anniversaire de l'opération Tempête (Oluja), à Zagreb, le 4 août, 2015. (Photo d'illustration).
Défilé militaire à l'occasion du 20e anniversaire de l'opération Tempête (Oluja), à Zagreb, le 4 août, 2015. (Photo d'illustration). AFP
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L'Europe critique ouvertement une loi votée par le Parlement de Zagreb en novembre 2017 et qui élargit les privilèges accordés aux vétérans de la guerre menée entre 1991 et 1995, contre les forces serbes du président Slobodan Milosevic. Les municipalités croates sont par exemple sommées de financer sur leur budget les associations d'anciens soldats.

Depuis la fin des hostilité, leur nombre continue de plus d'augmenter. Ils seraient actuellement 500 000 contre 330 000 en 1996, alors que 50 000 d'entres eux seraient déjà décédés. Ces anciens combattants bénéficient de pensions et d'avantages importants, comme des logements sociaux ou des avocats tout frais payés pour ceux accusés de crimes de guerre. La retraite de ces vétérans atteint 650 euros par mois, soit le double du montant moyen des retraites en Croatie. Et selon les estimations de l'opposition, la nouvelle loi devrait couter aux contribuables croates la coquette somme de 743 millions d'euros d'ici 2025.

L'actuel gouvernement croate semble étroitement lié aux associations de vétérans

Le gouvernement de l'Union démocratique croate, le HDZ du défunt « père » de l'indépendance croate, le très nationaliste Franjo Tudjman, a toujours pris soin de caresser dans le sens du poil ces électeurs très exigeants, quitte à s'en servir comme d'une arme politique. En 2015, un camp de tentes avait été installé par les vétérans dans le centre de Zagreb pour manifester contre le précédent gouvernement de centre-gauche, accusé de « trahir » leur mémoire et celle de la « guerre patriotique » contre Belgrade. Pas étonnant donc que le HDZ ait toujours fermé les yeux sur les « nouveaux » vétérans qui se déclarent chaque année : ces derniers constituent autant d'électeurs potentiels.

En Bosnie-Herzégovine voisine, les anciens combattants demandent également une revalorisation de leurs indemnités

Début mars, des barrages avaient été installés à la sortie de plusieurs grandes villes du pays, pour demander une augmentation des pensions. Il faut dire que les vétérans de la guerre qui avait déchiré la Bosnie-Herzégovine entre 1992 et 1995 sont moins bien lotis que leurs homologues croates. Ils demandent ainsi depuis des années l'augmentation de leur pension à 167 euros par mois pour ceux qui sont au chômage et une allocation de un ou deux euros par mois passés sous les drapeaux. Et ils exigent surtout que les listes soient débarrassées de des imposteurs.

Les anciens combattants ne seraient pas plus de 270 000 en Bosnie-Herzégovine, alors que 570 000 personnes bénéficient de ce statut officiel, distribué par les partis nationalistes bosniaques, croates ou serbes, qui représentant les trois grandes communautés du pays. En Bosnie-Herzégovine comme en Croatie, l'ombre des guerres des années 1990 continue donc de jeter un voile sur des sociétés qui n'ont pas encore tournées la page de ces années sombres.

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