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Afrique économie

Nigeria: le riz local triche pour s'imposer dans l'assiette (4/5)

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Le riz est l’une des céréales les plus consommées sur le continent africain. Toute cette semaine, RFI vous propose une série de reportages et d’analyses sur les habitudes de consommation et les défis auxquels sont confrontés les paysans africains. Le quatrième épisode nous emmène à Kano au Nigeria, où la fraude sur le riz locale traduit bien la méfiance des consommateurs. Les consommateurs sont encore très réticents à consommer localement. Ce qui a poussé certains acteurs de la filière à monter une combine : du riz local s’est retrouvé dans plusieurs sacs de riz indiquant l’origine « Chine ». Une affaire qui a fait scandale.

Un marché de Yenagoa, au Nigeria.
Un marché de Yenagoa, au Nigeria. REUTERS/Akintunde Akinleye
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Aisha voulait préparer du Wake da Shinkafa, un plat local à base de riz et de haricots. Mais en surveillant sa marmite, Aisha s’aperçoit que le riz n’a pas la bonne texture. En remuant un peu, cette mère de famille estime que son plat est totalement raté et ses soupçons portent sur un élément : le riz qui n’était sans doute pas importé d’Asie. « J’ai acheté ce riz au marché. Il était propre. Mais au bout de quelques minutes de cuisson, j’ai découvert que le riz était mélangé. Il était tout épais, comme si on avait mélangé de la poudre avec de l’eau. j’étais mal à l’aise, car j’avais des invités. Ils vont sans doute penser que je suis mauvaise en cuisine », s’inquiète Aïsha.

Le scandale a éclaté l’année dernière. Des acteurs de la filière riz ont sciemment fait emballer des productions locales dans des sacs indiquant une origine chinoise, pour être sûrs d’écouler leur marchandise. Choquée par cette pratique, Madi Oumar, une habitante de Kano, réaffirme sa préférence pour le riz importé. À l’entendre, c’est plutôt une question de goût. « Je préfère le riz importé pour son goût, il est plus sucré et plus propre. Je trouve que le riz importé est meilleur que le riz produit localement. Le riz local n’a pas été rincé de la même manière, parce que les agriculteurs ne sont pas tous bien équipés », se justifie Madi Oumar.

Climat de défiance

Au marché, le riz importé d’Asie a du coup, une place de choix sur les étals des commerçants. Tahirou Abdullahi, un vendeur, confirme cette tendance. « À vue d’œil, les gens consomment plutôt du riz importé. Ils sont persuadés que ce riz est de meilleure qualité, il ne contient pas de cailloux, dit-il. J’en vends au moins dix sacs en 10 jours. Alors qu’il me faut 10 jours pour vendre un seul sac de riz local. »

Ce scandale a instauré un climat de défiance. Et l’association des agriculteurs de Kano a bien du mal à vanter les qualités du riz local. « Les auteurs de cette fraude ne sont pas des paysans de notre organisation, assure Farouq Rabiu, le président de l’association des producteurs de Kano. C’est une société chinoise qui a mis cette idée dans la tête de certains producteurs. Pour notre part, nous nous concentrons sur la production de riz de qualité. Le riz local est plus sucré que le riz importé. Mais nos paysans n’ont pas de machine pour le transformer correctement. Mais les Nigérians préfèrent de loin les produits importés. C’est donc très difficile pour nous. »

Les autorités locales semblent impuissantes face à ces combines. Pour l’heure, personne n’a été sanctionné. Nasir Yusuf Gawuna, le Commissaire à l’agriculture de l’État de Kano, indique qu’une enquête va être ouverte pour identifier les auteurs de cette fraude.

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