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Les têtes d'affiches de Denise Epoté

Les portraits photo d'Hassan Hajjaj et hommage au cinéaste Idrissa Ouédraogo

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L’Afrique en marche, les têtes d’affiche de Denise Epoté de TV5Monde, comme chaque dimanche sur RFI, avec Assane Diop. Deux têtes d’affiche pour cette édition. Le photographe marocain Hassan Hajjaj. La photographie est d’abord un art qui lui permet de proposer un nouveau regard grâce à ces mises à jour. La deuxième tête d’affiche rend hommage au grand cinéaste burkinabé qui vient de nous quitter. Idrissa Ouédraogo, foudroyé le 19 février par une crise cardiaque à Ouagadougou, laisse derrière lui une grande filmographie importante.

Denise Epoté.
Denise Epoté. © RFI/Pierre René-Worms
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Hassan Hajjaj, Artiste africain et musulman

Assane Diop : Votre première tête d’affiche est le photographe marocain Hassan Hajjaj. Pour ce portraitiste réputé, la photographie est d’abord un art qui lui permet de porter un autre regard sur l’Afrique loin des clichés et des stéréotypes Denise.

Denise Epoté : Surtout, ne dites pas que Hassan Hajjaj est le Andy Warhol de Marrakech. Il a du mal à comprendre pourquoi le talent d’un artiste venu du Tiers-monde pour être pris au sérieux devrait toujours être comparé à celui d’un artiste occidental. Vivant à cheval entre Londres et Marrakech, ce photographe et designer revendique haut et fort sa culture africaine et musulmane. Et certainement pas du Moyen-Orient comme le pensent plusieurs personnes pour qui le royaume chérifien n’est pas sur le continent africain ! Cette double culture lui permet de mettre en scène des célébrités du continent tout en détournant de nombreux clichés sur le Maroc. Le thé à la menthe accompagné de dattes, sans oublier les chameaux et les charmeurs de serpents !

Dans son studio de Marrakech, l’artiste enchaîne les séances de photos avec des modèles qui posent sur des motos ou allongés sur des nattes aux couleurs chatoyantes. Les femmes voilées portant des caftans aux marques apparentes. Les hommes coiffés de chéchias, avec des babouches et des costumes tous taillés dans du tissu-pagne. C’est ainsi qu’Hassan Hajjaj exprime le rapport de l’Afrique au luxe. Et cela marche plutôt bien. L’acteur afro-américain Will Smith s’est lui aussi prêté au jeu de modèle. À Londres, à la Somerset House qui vient de consacrer une exposition à Hassan Hajjaj, les œuvres géantes qui ont pour cadre des boîtes de conserve ne sont pas passées inaperçues.

Hommage à Idrissa Ouédraogo

►Assane Diop : Pour votre seconde tête d’affiche vous avez choisi de rendre un hommage au grand cinéaste burkinabé qui vient de nous quitter. Idrissa Ouédraogo a été foudroyé le 19 février par une crise cardiaque à Ouagadougou. Il laisse à la postérité une filmographie importante et le souvenir d’un homme généreux et anticonformiste.

Denise Epoté : Les hommages de la classe politique nationale tout comme ceux du monde du 7e art sont unanimes. Avec la disparition d’Idrissa Ouédraogo, l’Afrique a perdu un immense et talentueux créateur. Tous ses homologues l’appelaient «Maestro». Major de promotion en 1981 à l’Inafec, l’Institut africain d’études cinématographiques de Ouagadougou, sa première fiction Poko remporta la même année le prix de la fiction au FESPACO. Le prix lui avait été remis par Sembene Ousmane. C’était un beau présage ! L’enfant de Ouahigouya ira ensuite poursuivre ses études à l’Idhec, l’Institut des hautes cinématographiques à Paris. À la tête des films de l’Avenir, qu’il rebaptisera les films de la Plaine une fois rentré au Burkina Faso, Idrissa Ouédraogo produira une quarantaine de films, dont Tilaï. Le film remportera le prix du jury à Cannes en 1990 et un an plus tard l’Etalon d’or de Yennega au Fespaco. Une première pour le pays qui accueille depuis 1969 le festival du cinéma et de la télévision. Suivront, Le cri du cœur avec comme acteur principal Richard Boringer qui à l’occasion du tournage s’est découvert un second pays. Kini et Adams, le premier film francophone tourné dans une Afrique du Sud post-apartheid, atteste du courage du réalisateur un temps boudé par la critique pour avoir choisi comme langue de tournage l’anglais.

►Assane Diop : côté caractère Idrissa Ouédraogo était capable de coups de gueule et de colère. Mais le réalisateur n’en était pas moins affable et attachant.

Denise Epoté : Anticonformiste, Idrissa Ouédraogo était surtout un homme au grand cœur, fidèle en amitié. D’une grande humilité malgré son talent plusieurs fois récompensé à Cannes, à Berlin, à Venise et à Yaoundé au festival Écrans Noirs où il avait reçu en 1999 un Écran d’honneur pour l’ensemble de son œuvre. Il a su transmettre sa passion du 7e art à ses frères Oumar Barou Ouédraogo et Tahirou Tasséré Ouédraogo qui mènent au Burkina Faso des carrières d’acteur et de réalisateur. Tout comme Sembene Ousmane à qui on l’a souvent comparé, parti sans avoir pu réaliser l’épopée de Samory Touré, Idrissa Ouédraogo s’en est allé lui aussi sans pouvoir tourner la production qu’il souhaitait consacrer à une autre grande figure de l’histoire africaine: l’empereur Mossi Boukari Koutou exilé au Ghana après la prise de Ouagadougou en 1897 par les colonnes françaises. En 2019, le Fespaco fêtera ses cinquante ans. Un hommage particulier devrait être rendu à celui qui au grand dam de ses proches, revendiquait sa «vie de métèque».

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