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Afrique économie

Quand les jeunes Nigérians aident les Gambiens à lutter contre la corruption

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Depuis 2012, un groupe de jeunes Nigérians se bat contre la corruption en suivant minutieusement où va l'argent public. Leur initiative, « Follow the money », soit « retracer l'argent », repose sur des volontaires qui recensent les fonds publics débloqués par le gouvernement ou des institutions internationales, puis retrouvent comment ces fonds ont été utilisés. Une initiative que ces Nigérians souhaitent exporter dans d'autres pays d'Afrique, pour réduire la corruption. Et notamment en Gambie, où une antenne locale vient d'être lancée.

Les créateurs nigérians et gambiens de la plateforme «Follow the money» déclinée en Gambie.
Les créateurs nigérians et gambiens de la plateforme «Follow the money» déclinée en Gambie. RFI/Claire Bargelès
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Dans la salle, la plupart des activistes gambiens et nigérians ont moins de 30 ans. Ces jeunes sont réunis par l'envie d'imposer des bases de transparence au nouveau gouvernement démocratique d'Adama Barrow. Et « Follow the Money » peut être l'outil idéal selon son créateur Hamzat Lawal, alors que la Gambie voit affluer les aides internationales : « Avec la nouvelle Gambie et le nouveau gouvernement en place, les institutions internationales, par exemple l'Union européenne, ou des Etats, comme le gouvernement américain, supportent le développement du pays et proposent des aides, des subventions ou des prêts. Comment Adama Barrow va conduire son gouvernement pour que ces fonds soient utilisés judicieusement, afin de favoriser le développement, notamment dans les zones rurales reculées, dans des domaines comme la santé, l'éducation, l'agriculture, et l'accès à l'eau et l'irrigation. »

Pour contrôler cela, l'organisation collecte de nombreuses données, pour retrouver quel fonds est destiné à quel projet. Il faut ensuite vérifier auprès des communautés locales si l'argent a réellement permis de financer une école, une clinique, ou des panneaux solaires. Sinon, les activistes lancent une campagne médiatique pour réclamer les fonds. Mais en Gambie, pas toujours facile de retracer des données, parfois manuscrites, et souvent non publiques. Marr Nyang, à la tête de l'antenne gambienne, espère pousser le gouvernement à changer : « Même si la corruption est une grosse machine, je pense qu'on peut la minimiser. On espère que ce gouvernement ne sera pas le gouvernement des 22 dernières années, où, si on menait une enquête publique et posait des questions, on allait en prison, ou bien personne ne donnait de réponses. Donc il faut qu'on mette en place un mécanisme pour que notre argent public soit bien utilisé, on veut être un peu les garde-fous du pays. »

Côté nigérian, en six ans, l'initiative a permis de concrétiser plusieurs financements après des pressions médiatiques. Et l'organisation d'Hamzat Lawal continue de dénoncer des dizaines de projets qui n'ont jamais abouti : « Désormais, quand les pouvoirs publics refusent de nous donner des informations, on va devant les tribunaux et on gagne souvent. Aujourd'hui, notre travail concerne près de 500 000 personnes qui vivent dans les zones rurales. Et on suit près d'un million dollars (800 000 euros) d'aides publiques et de promesses budgétaires. »

L'initiative vient également d'être dupliquée au Kenya. Et ces activistes espèrent qu'à terme de nombreux pays du continent se lanceront dans le suivi de l'argent public.

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