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Revue de presse Afrique

A la Une: Odinga, le président parallèle

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Raila Odinga s'adresse à ses soutiens à Nairobi le 28 novembre 2017.
Raila Odinga s'adresse à ses soutiens à Nairobi le 28 novembre 2017. AFP/Tony Karumba
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Elle l’avait annoncé, elle l’a fait : l’opposition kényane a investi hier son chef Raila Odinga comme président parallèle du Kenya. L’opposition kényane qui ne digère toujours pas la réélection en octobre dernier du président Uhuru Kenyatta, une élection qu’elle avait boycottée, après un premier scrutin contesté et annulé.

Certes, pointe Le Daily Nation à Nairobi, « légalement, c’est un exercice futile. Il n’existe pas de disposition légale pour une telle action (…). Ce serment ne change pas le fait qu’Uhuru Kenyatta est le président élu (…). Cependant, ce geste a des implications politiques, estime le quotidien kenyan. Cela sous-tend le fait qu’une partie du pays est suffisamment mécontente et désenchantée après l’élection générale de l’année dernière pour ne pas en reconnaître le résultat. »

Comment sortir de cette crise ? Pour Le Daily Nation, il faut en passer par la loi et rien que par la loi. D’abord, réformer le système électoral… « La débâcle de l’élection présidentielle du 8 août, dont le résultat a été annulé par la Cour suprême, est maintenant gravée comme une tache infamante dans notre histoire. Et le scrutin qui a suivi, le 26 octobre, l’a été tout autant, en étant boycotté par la moitié des électeurs. La question de l’injustice électorale doit donc être résolue », estime Le Daily Nation. De même qu’il faut « élargir l’espace démocratique, avec des réformes électorales certes, mais aussi juridiques et politiques. »

Mais encore une fois, insiste le quotidien kényan, « les actions inconstitutionnelles n’ont pas leur place. C’est la raison pour laquelle nous rejetons cette prestation de serment. »

Provocation…

Un geste très critiqué également dans la presse ouest-africaine…

« Pourquoi vouloir réveiller les vieux démons du chaos, eux qui ne dormaient que d’un seul œil, prêts à endeuiller de nouveau le Kenya, certes coutumier de la violence politique ?, s’interroge ainsi le site d’information burkinabé Wakat Séra. « Alors que la communauté internationale et ses compatriotes, y compris ses partisans, croyaient que Raila Odinga allait sagement et patriotiquement se tenir à carreau pour permettre au Kenya de renouer avec la paix et les sentiers du développement, voici que le descendant des Luo refait surface. Et de manière la plus inquiétante qui soit pour le Kenya ! Après la décision courageuse et historique de la Cour suprême, qui, contre toute attente, avait annulé la présidentielle d’août dernier, que Raila Odinga avait dénoncée comme massivement entachée de fraudes, on attendait plutôt l’adversaire d’Uhuru Kenyatta aux urnes le 26 octobre pour la reprise du scrutin. »

Boulimie et égocentrisme

« Odinga : le jusqu’au-boutisme inopportun », dénonce Ledjely en Guinée. « Contrairement à une certaine idée très répandue, l’Afrique ne souffre pas que de ses dirigeants corrompus et ayant un goût excessif pour le pouvoir. Elle pâtit aussi malheureusement, pointe le site guinéen, de certains de ses opposants qui parfois se décrédibilisent aux yeux du peuple, du fait de leur boulimie de pouvoir et d’un égocentrisme trop prononcé. Et c’est à cette catégorie de leaders politiques que renvoie l’investiture-spectacle que l’opposant historique kenyan, Raila Odinga, a offert hier au monde entier. Relevant d’une plaisanterie d’un mauvais goût et renvoyant du continent africain ces images ridicules et " exotiques " dont raffolent les médias occidentaux, la cérémonie n’était surtout pas digne du parcours politique et de la confiance que pouvait jusqu’ici revendiquer M. Odinga. »

Ultime lubie ?

Enfin, Aujourd’hui à Ouaga enfonce le clou… A-t-on assisté à l’ « ultime lubie d’un opposant transi et sénile ? », s’interroge le journal. Apparemment, oui, répond-il. « Même sans casse, ni présence de sécurocrates, cette prestation de serment était aussi puérile que risible », s’exclame Aujourd’hui. A l’évidence, il y a quelque chose de malaisé, une pièce gênante dans la manœuvre que le désormais président autoproclamé du Kenya a adoptée. Et il n’est pas certain qu’elle prospèrera, à moins d’être l’antre qui portera les germes d’une nouvelle crise dans ce pays. »

Un pessimisme partagé par Jeune Afrique qui constate « qu’après l’échec de toutes les tentatives de dialogue, les deux parties semblent toujours irréconciliables. " Les deux camps sont de plus en plus polarisés et le camp Kenyatta est très en colère ", affirmait hier un diplomate, qui craignait l’arrestation de certains opposants. »

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