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La semaine de

L’après-Zuma a commencé

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A force de faire prévaloir son agenda personnel ou familial sur l’intérêt général, Jacob Zuma a ruiné la réputation de l’Afrique du Sud, et s’apprête à passer le relais à son ex-épouse.

Jean-Baptiste Placca.
Jean-Baptiste Placca. RFI/Claudia Mimifir
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En tournée, cette semaine, sur le continent, la directrice générale du FMI a pris le temps de délivrer un bon point au Bénin, puis de brandir à nouveau le carton jaune, voire orangé que son institution a donné au Congo Brazzaville. Comment expliquer que les dirigeants africains soient, à ce point, sensibles au jugement que porte sur eux Christine Lagarde ?

Si les chefs d’Etat africains sont aussi sensibles au jugement des dirigeants des institutions financières internationales, c’est, hélas, parce qu’ils sont sous surveillance, et ne peuvent plus tricher sans, un jour ou l’autre, se faire… taper sur les doigts.

Il fallait voir, en effet, le président du Bénin, heureux, aux côtés de Christine Lagarde ! Oublions le parallélisme des formes protocolaires. Et les pupitres que l’on a sortis, à Cotonou pour qu’elle puisse s’adresser à la presse en compagnie du chef de l’Etat. Un chef d’Etat  « fier » – et il l’a dit – de la recevoir. Madame Lagarde, avec tact, a décerné un bon point, assorti d’une petite réserve, au Bénin et à son président, puis un gros blâme au Congo Brazzaville et à… ses autorités, pour avoir masqué les comptes, en cachant quelques dettes.

Le plus triste, c’est que ces dirigeants doivent attendre les réprimandes du Fonds monétaire ou de la Banque mondiale pour dire la vérité à leurs peuples. Comme si la discipline ne leur était pas possible, par eux-mêmes, sans que ce ne soit sur injonction de telle ou telle institution…

Car évidemment, dans chaque pays, les populations ont toujours quelque chose à reprocher à leurs dirigeants…

Et toujours quelques récriminations, plus ou moins grandes, en fonction des situations qu’elles vivent. Mais chaque peuple sait dans quel enfer ou dans quel purgatoire il vit. Et l’observateur extérieur peut aussi reconnaître, d’un premier coup d’œil, si les flammes sont celles d’un enfer éternel, ou simplement des difficultés passagères, comme peuvent en connaître un certain nombre de peuples, dans le monde.

Mais il est des pays dont la gestion est si calamiteuse que l’on peut deviner, du premier coup d’œil, à quel niveau d’irresponsabilité se situent leurs dirigeants. Le pire est de s’apercevoir que ces dirigeants s’accrochent, surtout, lorsqu’ils ne peuvent manifestement pas sortir leur peuple de la misère. Pourquoi donc peuvent-ils vouloir confisquer le destin de tout un peuple, et le confisquer ad vitam aeternam, alors qu’ils sont manifestement incapables de satisfaire les aspirations de leur peuple ? C’est presque toujours là où tout va toujours très mal pour la population que les dirigeants ne veulent pas céder la place à d’autres.

Comment un seul et même homme peut prétendre aimer son peuple et s’agripper plus de trente ans au pouvoir, transformant un pays plutôt riche, à l’origine, en une nation en dessous du sous-développement ? Et, pire, il prend ses dispositions pour que, s’il devait s’en aller ou disparaître, ce soit encore un membre de sa famille qui lui succède.

Voilà qui nous renvoie à un des autres sujets, à l’agenda de l’actualité africaine, cette fin de semaine : le congrès de l’ANC, en Afrique du Sud. Comment expliquer que Jacob Zuma aussi s’organise pour que ce soit un des siens qui lui succède ?

D’abord, on est quand même heureux de constater que l’après-Zuma a commencé. Parce que, en à peine une décennie, ce président a totalement ruiné la réputation de ce pays qui suscitait l’admiration du monde, et était porteur de grandes espérances, en 1994. Comme s’il suffisait d’une petite erreur de casting, du choix d’un homme qui n’est pas le bon, pour inverser le destin de tout un peuple, contrecarrer l’histoire de toute une nation.

Et si Madame Dlamini-Zuma devait l’emporter, il faut craindre, en effet, que le navire Afrique du Sud continue de sombrer à pic. Car cette dame aussi a déçu, et considérablement déçu, notamment à la présidence de la Commission de l’Union africaine, où elle est allée, en ayant en tête son propre agenda, au mépris de celui de l’institution. Et, aujourd’hui, il semble encore que ce soit son agenda personnel, ou l’agenda familial, qui prévale sur l’agenda national.

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