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Syrie: les négociations qui se déroulent actuellement à Genève sont-elles vouées à l’échec ?

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Le Monde en questions, votre rendez-vous hebdomadaire avec Bruno Daroux pour décrypter les évolutions géopolitiques d'un monde en mouvement permanent. Cette semaine, il est question de l'avenir problématique de la Syrie. Les négociations qui se déroulent actuellement à Genève sont-elles vouées à l’échec ?

Staffan de Mistura doit faire la navette entre les deux délégations syriennes.
Staffan de Mistura doit faire la navette entre les deux délégations syriennes. MARTIAL TREZZINI / POOL / AFP
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Il est un peu tôt pour le dire, mais ce 8e round de négociations, sous l’égide des Nations unies, s’annonce encore une fois comme très difficile entre les deux parties syriennes. D’un côté, la délégation regroupant les différentes tendances de l’opposition syrienne qui ont réussi la semaine dernière à Riyad à présenter un front uni pour ces discussions. De l’autre, la délégation gouvernementale syrienne, arrivée à Genève avec deux jours de retard. Une manière de protester contre la condition préalable posée par l’opposition avant toute discussion sur l’avenir politique de la Syrie : le départ du pouvoir de Bachar el-Assad. Inacceptable pour la délégation officielle, qui a fini par venir, sur insistance du grand frère Russe.

Et c’est donc toujours la même histoire : on se réunit, on se parle un peu, et souvent par la voie du médiateur de l’ONU Stefan de Mistura. Et toujours, l’ombre de Bachar vient obscurcir le ciel des entretiens qui du coup ne décollent pas vraiment.

Alors cette fois, Stefan de Mistura essaie de convaincre l’opposition de changer de méthode. Une opposition qui sort affaiblie de six ans et demi de guerre meurtrière en Syrie, puisque de facto elle a été vaincue par l’armée syrienne, aidée de manière décisive par l’aviation russe depuis la fin de l’année 2015. Le message du médiateur de l’ONU : renoncer à poser comme préalable le départ de Bachar el-Assad. Ce qui, selon lui, permettrait d’en venir au fond des débats, à savoir la rédaction d’une nouvelle Constitution et l’organisation d’élections libres et transparentes sous supervision internationale. Mais cet objectif n’est pas atteint pour l’instant.

Ces négociations en Suisse sont les seules à réunir à la fois les acteurs locaux et régionaux, mais aussi les grandes puissances diplomatiques, Russie, Etats-Unis, France, notamment.

Mais se joue aussi, dans cette affaire syrienne, l’influence des uns et des autres sur cette région essentielle. Et c’est pourquoi la Russie joue depuis des mois sa carte dans deux autres villes, à Sotchi et Astana, où Vladimir Poutine a déjà réuni à plusieurs reprises les Turcs, alliés des rebelles syriens, et les Iraniens, soutiens indéfectibles du régime syrien. Et c’est lui qui a obtenu la mise en place de quatre zones de désescalade en Syrie.

Bref, c’est lui qui est à l’offensive diplomatique face à des Occidentaux divisés et incertains. Vladimir Poutine veut ainsi préserver les intérêts russes en Syrie, combattre le terrorisme sunnite islamiste pour éviter toute contagion chez lui, dans le Caucase notamment, refaire enfin de son pays une puissance incontournable sur cette scène régionale si proche de la Russie.

Mais il ne néglige pas pour autant Genève, c’est lui qui a convaincu les Syriens de se rendre en Suisse cette semaine. Pourquoi ? et bien parce que Vladimir Poutine sait qu’il aura besoin des Occidentaux pour financer la reconstruction du pays, estimée par l’ONU au coût faramineux de 250 milliards de dollars.

Et ce double jeu russe est peut-être, paradoxalement, la vraie chance de réussite, un jour, des entretiens de Genève.

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