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Invité Afrique soir

RDC/déplacés: «les besoins humanitaires sont au-delà de nos capacités actuelles»

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En RDC, pourquoi malgré les appels à l'aide, la situation humanitaire ne s'améliore pas au Tanganyika ? Pour en parler, Yvon Edoumou, porte-parole du bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU, Ocha, est l'invité Afrique soir.

Déplacés dans le Tanganyika, en RDC (photo d'illustration).
Déplacés dans le Tanganyika, en RDC (photo d'illustration). ©MONUSCO/Francois-Xavier Mybe
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« Je pense qu’aujourd’hui pour cette année 2017, un des plus grands défis que nous avons, c’est un défi financier. Nous sommes en ce moment à près de 32% de financement sur les 812 millions que nous avions demandés à nos partenaires internationaux. Et aujourd’hui 1er novembre, 10e mois de l’année, on est à 32%. Quand on prend les 10 dernières années, cette année c’est le niveau d’argent le plus bas qu’on ait jamais reçu. »

Et pourtant, vous faites face à beaucoup plus de défis ?

«  Effectivement, nous avons un niveau de financement beaucoup plus bas, mais aujourd’hui toutes les statistiques sont très alarmantes. En ce qui concerne le nombre de personnes déplacées, nous sommes à 3,9 millions de personnes, c’est quasiment la population de certains pays africains, ce qui est énorme comme chiffre. Il y a un an, en septembre 2016, nous étions à 1,9 million de personnes déplacées. Cette augmentation dans les chiffres fait qu’aujourd’hui, beaucoup plus d’acteurs humanitaires, tant du côté des Nations unies que des ONG, doivent faire plus d’effort, déployer plus de personnel afin de répondre à tous ces besoins.

On a des maladies aujourd’hui, avec une grosse flambée des cas de choléra cette année, en ce qui concerne la malnutrition, c’est très inquiétant notamment pour les enfants (…). »

Sur le cas du Tanganyika, 80% des déplacés n’ont pas accès à l’eau, 75% n’ont pas accès à des latrines. Ce sont des conditions de vie qui sont décrites comme horribles par les ONG qui travaillent dans cette province...

« Ce sont des conditions qui sont horribles, qui sont pénibles parce que, une fois de plus, avec le peu d’argent que nous avons, nous ne pouvons que faire autant. Même si justement, on est face à des besoins humanitaires qui sont au-delà de nos capacités actuelles. »

Mais on sait aussi que dans le Tanganyika, les autorités ne veulent plus de ces camps de déplacés et qu’ils limitent aussi les possibilités de donner de l’aide.

« Les discussions sont en cours avec les autorités depuis plusieurs semaines pour effectivement respecter l’autorité de l’Etat congolais et des autorités officielles. Nous sommes au Congo, c’est leur pays, nous sommes ici sur invitation de ces autorités, mais il faut aussi reconnaître qu’il y a des règles et des normes en matière d’actions humanitaires. Il y a des principes, il faut s’assurer que le bien-être des personnes qui sont dans le besoin est garanti via l’action que nous pouvons apporter. »


Le Tanganyika menacé par «un désastre mortel»

« La province du Tanganyika est au bord d'un désastre mortel ». Les mots sont durs, ils sont de la chef de mission du Conseil Norvégien pour les Réfugiés. Elle se trouve à Kalémie, la capitale provinciale où malgré les mois qui passent, les populations déplacées restent pour ainsi dire livrées à elles-mêmes. 80 % n'ont toujours pas accès à de l'eau potable. Les 3/4 sont privés de latrines et faute ne serait-ce que de bâches pour s'abriter, la plupart dorment dans des cabanes en paille qu'ils ont eux-mêmes construites, entassés les uns sur les autres.

Une immense promiscuité qui menace leur santé et leur sécurité. Les feux prennent très facilement. Déjà huit camps de déplacés ont brûlé dans la province depuis le début de l'année. La responsable du NRC dit avoir été horrifiée, choquée, par exemple par l'histoire de cet homme mort noyé après qu'une pluie torrentielle a emporté le toit de son abri.

Choquée aussi de voir ces femmes et ces hommes qui dorment debout ou ne dorment pas du tout, pour éviter de subir le même sort. Le NRC choqué surtout d'apprendre qu'à l'heure actuelle, seulement 5% des fonds nécessaires pour répondre aux besoins vitaux de ces populations ont été mobilisés. Alors que la RDC est classée par l'ONU sur la liste des pays en situation d'urgence niveau 3, au même titre par exemple que l'Iraq ou la Syrie.
RFI

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