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Revue de presse Afrique

A la Une: l’arrestation du «petit président»

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François Compaoré, le frère de Blaise Compaoré, ici en 2012 à Ouagadougou.
François Compaoré, le frère de Blaise Compaoré, ici en 2012 à Ouagadougou. AFP PHOTO / Ahmed OUOBA
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Celui que certain appelaient aussi « papa », preuve de sa puissance, celle qui faisait de François Compaoré l’une des personnalités les plus craintes du Burkina Faso, comme le rappelle dans son éditorial de ce matin le journal burkinabé Wakat Sera.

Interpellé hier matin dès sa descente d’avion à l’aéroport parisien de Roissy Charles de Gaulle, le frère du président déchu Blaise Compaoré, est sous le coup d’un mandat d’arrêt émis en mai dernier par la justice de son pays dans l’affaire Zongo, du nom de Norbert Zongo, journaliste d’investigation retrouvé calciné dans son véhicule en décembre 1998. Jusqu’à présent, François Compaoré circulait librement entre Paris, où résident son épouse et ses enfants, et à Abidjan, où est exilé son frère, Blaise Compaoré, souligne leFaso.net. Jusque-là, « le petit président » n’avait pas été inquiété. Ce n’était semble-t-il qu’une question de temps. « Pour une mauvaise surprise dominicale, c’en était une » ironise le quotidien burkinabé l’Observateur qui à juste titre nous remémore la récente interview de François Compaoré à l’hebdomadaire Jeune Afrique, dans laquelle il ne se disait pas inquiété par le mandat d’arrêt à son encontre. « Une interview qui lui “coute bonbon” », selon le site burkinabé aujourd8.net. D’autant que cette fois-ci, la justice burkinabè confirme qu’elle va demander son extradition.

« Enfin » s’exclame à sa Une le Djely. « Enfin, la roue tourne. »

« Resté longtemps inaccessible parce qu’au-dessus de la loi applicable au commun des mortels, le clan Compaoré commence à être hanté par son lourd passé » écrit le site d’info guinéen. La preuve « qu’il n’est plus cet intouchable qui était même au-dessus de la loi » ajoute Wakat Sera rappelant au passage, comme Le Pays, autre journal burkinabé, que ces 30 et 31 octobre, le pays des hommes intègres célèbre le troisième anniversaire de l’insurrection populaire qui a fait chuter Blaise Compaoré. « La France, écrit Wakat Sera, aurait voulu faire un cadeau d’anniversaire inespéré au Burkina Faso, qu’elle n’aurait pas mieux fait. »

Et toute la presse ce lundi matin se prend ainsi à espérer

« Immense » espoir selon Fasozine.com suscité par ce pas de géant qui vient d’être fait. Cette interpellation accueillie avec « surprise et soulagement » par des Burkinabés qui l’attendaient avec « incrédulité et impatience » selon le quotidien Le Pays. Cette interpellation « c’est aussi l’ensemble des différents moyens de pression que nous avons mis en œuvre - déclarations, conférences de presse, marches-meetings - qui commencent à porter leurs fruits » se félicite l’un des avocats de la famille Zongo dans les colonnes de Fasozine. Un indéniable « bond spectaculaire vers la reddition des comptes » selon Le Pays.

C’est « l’occasion peut-être de voir la vérité triompher dans cette affaire qui n’avait que trop trainé » estime pour sa part le Djely qui voit là apparaitre l’espoir d’une justice. « Pour la famille Compaoré, rien ne sera plus comme avant. Toute-puissante hier, elle rejoint désormais le rang des citoyens ordinaires ». « Et si l’exécution du mandat d’arrêt devait aller à son terme, renchérit l’Observateur, ce qui vient de se passer serait aussi une grosse alerte pour l’autre Compaoré qui regardera désormais par deux fois un guide touristique avant d’aller se dorer la pilule quelque part. » Mais pour l’Observateur ou le Djély, il « rien ne sera plus comme avant », « il faut se garder de tout triomphalisme »…

Et la presse finalement reste assez prudente.

« François Compaoré peut probablement encore compter sur certains amis », prévient le Djely. « Entre cette arrestation et un procès équitable, avec notamment la présence de tous les suspects, le lien n’est pas automatique. » Il reste encore un bout de chemin à parcourir avant de pousser un véritable ouf de soulagement. L’affaire pourrait « s’étirer, s’éterniser » écrit pour sa part Wakat Sera. Et l’Observateur de prévenir tous ceux qui rêvent de voir François   je cite   « pendu à un croc de boucher, devraient se garder de se réjouir trop tôt, car entre une interpellation à Roissy et son transfèrement pieds et poings liés à Ouaga, il y a encore un grand pas. »

« Espérons que les tentatives de négociations qui seront menées depuis Abidjan, pour sauver le soldat François, n’aboutiront à rien » rajoute Le Pays et que « la soif de justice, poursuit l’article que cette soif qui était le ferment de la lutte contre l’ancien système, connaîtra un début d’étanchement. » L’espoir est d’autant plus permis que c’est en France, pays des « droits de l’Homme », que François Compaoré a été alpagué écrit encore l’éditorialiste du Pays et que le « timing est plus que favorable à la remise de M. Compaoré aux autorités judiciaires », car rappelons le, le président français, Emmanuel Macron, se rendra à la fin du mois de novembre au Burkina Faso. Mais alors Wakat Sera s’interroge : « cette arrestation surviendrait-elle aussi, comme pour essayer de prouver le contraire à ceux qui clouent la France au pilori des pays favorisant l’impunité ? »

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