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Aujourd'hui l'économie

Un Airbus des batteries pour résister aux géants asiatiques

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Au moment où Paris annonce la fin des voitures à essence d'ici 2030, Bruxelles vient de donner un coup d'accélérateur pour créer un Airbus des batteries électriques.

Des batteries de lithium-ion en production chez Saft Groupe à Poitiers, en France.
Des batteries de lithium-ion en production chez Saft Groupe à Poitiers, en France. ©REUTERS/Regis Duvignau
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Maîtriser la production de la batterie, c'est un peu comme avoir un puits de pétrole à domicile à la belle époque du moteur à combustion, cela vous donne un avantage décisif en termes de prix et d'indépendance énergétique. Or, pour le moment sur ce marché dominé par les Asiatiques, les Européens font surtout de la figuration. Il y a donc urgence à faire cet Airbus des batteries. Le commissaire à l'énergie Maros Sefkovic, convaincu de longue date de cette nécessité, a réuni cette semaine à Bruxelles une cinquantaine de grands patrons concernés. Ils présenteront en février prochain leur feuille de route pour mettre au point cette alliance européenne de la batterie.

Aujourd'hui quels sont les poids lourds de cette industrie ?

Ce sont encore les Japonais mais plus pour très longtemps. Ils ont été les premiers à produire à grande échelle des batteries lithium-ion. Dans les années 80. Ce n'était pas encore pour les voitures, mais pour équiper nos baladeurs, puis nos téléphones portables. Très vite Panasonic a été concurrencé par les Sud-Coréens de LG et Samsung. Et puis les Chinois sont entrés dans la compétition avec l'ambition de devenir les premiers mondiaux. Et ils s'en donnent les moyens. La société chinoise CATL spécialisée dans cette production est en train de construire une usine géante. En 2020 elle compte produire plus que la Gigafactory du Nevada porté conjointement par Tesla et Panasonic. Etant donné les projets d'usine en cours, ce marché sera à 80% dominé par les Chinois et les Américains en 2025 dans moins de dix ans.

Les constructeurs automobiles européens sont-ils associés à ce futur Airbus des batteries ?

Volkswagen, BMW, Mercedes-Benz, Renault, Siemens ont tous participé à la réunion de lancement mercredi à Bruxelles. La plupart des marques européennes sont favorables à l'émergence d'un acteur européen de la batterie mais ne veulent pas nécessairement y participer. Même si la batterie représente un coût très important du véhicule électrique, de 30 à 50%, beaucoup de constructeurs préfèrent concentrer leurs investissements sur les technologies qui sont dans leur ADN, c'est-à-dire le moteur électrique et la boîte de vitesse, plutôt que sur la batterie. PSA Peugeot achète par exemple les cellules de ses batteries en Asie. Renault Nissan vient de céder cette activité à un chinois. Carlos Ghosn soutient cet Airbus de la batterie et le favorisera à condition dit-il qu'il soit compétitif.

Avec qui et comment l'Europe espère-t-elle se lancer dans cette nouvelle bataille ?

Avec les fabricants de batteries existants, comme BASF, Saft, une filiale de Total, NorthVolt créé en Suède par un ancien de Tesla, avec des chimistes comme Solvay et bien sûr avec l'appui des constructeurs. Etant donné que la batterie demeure une composante très chère, les Européens ont encore une carte à jouer face au Chinois en proposant peut-être une autre technologie que celle du lithium-ion. Mais il faut se dépêcher. Car pour éliminer la concurrence, la Chine commence à fabriquer en masse des batteries capables de casser les prix. C'est comme ça qu'elle a réussi à tuer l'industrie des panneaux solaires. Cette fois les Européens ne pourront pas dire qu'ils ne savaient pas.

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