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Le grand invité Afrique

Elie Kamano: le Fispa dénonce ces dirigeants qui vont «au-delà de leurs mandats»

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Contre les troisièmes mandats de chefs d'Etat en Afrique, voici une nouvelle coalition. Il s'agit du Front international des sociétés civiles panafricaines (Fispa), qui regroupe une quinzaine d'organisations de la société civile d'Afrique de l'ouest. Ce front a été créé le week-end dernier à Bamako. A sa tête, il y a un grand nom de la musique, l'Ivoirien Tiken Jah Fakoly, mais aussi le rappeur sénégalais Simon Kouka et le reggaeman guinéen Elie Kamano. En ligne de Conakry, Elie Kamano, auteur du livre Malaya aux éditions l'Harmattan, répond aux questions de Christophe Boisbouvier.

Elie Kamano veut agir avec le Fispa contre les troisièmes mandats de certains chefs d'Etat en Afrique.
Elie Kamano veut agir avec le Fispa contre les troisièmes mandats de certains chefs d'Etat en Afrique. https://www.facebook.com/eliekamanoguinee/
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RFI : Pourquoi le Fispa ?

Elie Kamano : Le Fispa parce que la société civile africaine est confrontée à plusieurs problèmes et on a décidé de se mettre ensemble pour qu’on soit plus forts.

Quel est l’élément qui a déclenché votre initiative ?

Il y a la lutte de Kémi Séba contre le franc CFA. La priorité pour nous, c’est d’abord de dénoncer ces dirigeants qui veulent aller au-delà de leurs mandats. Il y a le cas du Togo aujourd’hui et le Fispa en fera un combat pour que Faure Eyadema quitte le pouvoir. Et il faut que la Cedeao accepte cette fois-ci que Faure Eyadema quitte le pouvoir parce que le peuple n’en veut plus. Il y a plusieurs jours que les Togolais sont en train de manifester leurs ras-le-bol. Il y a plusieurs jours que les Togolais sont en train de se faire tirer dessus au vu et au su de la Cedeao et de l’Union africaine. Donc, personnellement je condamne cela et nous demandons que le président Eyadema quitte le pouvoir après 50 ans de pouvoir dans la famille Eyadema. Il y a aussi mon cas bien sûr parce que vous n’êtes pas sans savoir que dans mon pays la Guinée, il y a aussi mon président qui a envie de tripatouiller notre Constitution, de se présenter pour un troisième mandat donc tous ces éléments si vous voulez constitue le motif de notre coalition.

Au Togo, le régime du président Faure Gnassingbé annonce une réforme constitutionnelle qui limitera à deux le nombre de mandats présidentiels.

Oui mais je pense que cette réforme-là va profiter à Faure Gnassingbé qui va se présenter pour les deux mandats encore et il va les gagner. Omar Bongo disait : « Il faut être malade pour organiser les élections et les perdre ». Donc ces deux mandats ne peuvent qu'être profitables pour Faure Gnassingbé parce qu’il va les organiser et il va les gagner et cela sera au détriment du peuple du Togo. Donc je souhaite que la pression populaire se maintienne et que Faure Gnassingbé quitte le pouvoir et que la Cedeao arrête de jouer le jeu des dictateurs, de ceux qui commettent l’arbitraire dans les pays africains.

Mais le régime togolais ne peut-il pas répliquer qu’il est souverain chez lui et que la Cedeao n’a pas à s’ingérer dans ses affaires ?

La Cedeao s’ingère toujours dans les affaires politiques des pays membres de la Cedeao. Vous avez vu ce qui s’est passé en Gambie.

Quels sont les autres pays de l’Afrique de l’Ouest sur lesquels le Fispa porte un regard particulier ?

Pour le moment, nous avons un regard particulier sur la Guinée. Je suis Guinéen et j’ai été arrêté trois fois dans mon pays pour avoir levé le doigt et pour avoir dénoncé les promoteurs d’un troisième mandat dans notre pays donc voilà pourquoi on a décidé de faire les prochaines assises en Guinée l’année prochaine en 2018.

Mais le nombre de mandats présidentiels n’est-il pas limité à deux dans votre pays, la Guinée ?

Bien sûr que le nombre de mandats est limité à deux, mais il y a des promoteurs de ce tripatouillage constitutionnel, de ce troisième mandat qui ont commencé déjà à élever la voix, et pas des moindres. Il y a au sein du gouvernement, au sein de la mouvance même du parti du président, des gens qui commencent à demander déjà au président ouvertement de faire un troisième mandat et le président ne dit rien et on voit comment il réagit, il réagit de façon impulsive devant les questions liées au troisième mandat quand on lui pose des questions donc nous, qu’est-ce qu’on déduit de tout cela ? On se dit que le président a sûrement envie de briguer un troisième mandat, donc c’est maintenant qu’il faut attirer l’attention des gens et moi si on m’arrête pour avoir dénoncé les promoteurs du troisième mandat c’est parce qu’ils ne veulent pas qu’on en parle, s’ils ne veulent pas qu’on en parle c’est parce qu’ils ont un agenda caché.

Alors par ailleurs Elie Kamano, le Fispa vient de porter plainte contre l’ancien président français Nicolas Sarkozy, pourquoi ?

Parce que Nicolas Sarkozy a provoqué la guerre en Libye et cette guerre a été appuyée par les médias occidentaux. Parce que les pro-Kadhafi, on les montre jamais à la télé on montrait toujours ceux qui était contre Kadhafi et dans sa propagande bien sûr, Nicolas Sarkozy a réussi à isoler Kadhafi et à l’assassiner. Nicolas Sarkozy a même menacé les chefs d’Etat africains qui avait pris l’avion pour se rendre à Tripoli pour aller rencontrer Kadhafi. Il les a menacés de bombarder leur avion s’ils atterrissaient. Donc, les chefs d'Etat africains poltrons ont rebroussé chemin et Kadhafi est mort. Moi, je pense que ces conséquences ne sont pas à minimiser sur l’Afrique et sur l’Occident.

Vous qui dénoncez les 50 ans de pouvoir de la famille Gnassingbé au Togo, pourquoi semblez-vous regretter le colonel Kadhafi qui a gouverné d’une main de fer pendant plus de 40 ans ?

On ne regrette pas Kadhafi en tant que dictateur. On regrette le fait qu'un pays souverain, un continent souverain ait été attaqué par un pays occidental. On veut que les assassins, les criminels en Afrique soient jugés par les Africains, qu’ils soient assassinés par les Africains. Mais aucun pays africain de par sa puissance militaire ne peut attaquer la France où un président français sans qu’il se fasse bombarder ou sans que l’Afrique ne se fasse bombarder en réplique. Donc on ne peut pas accepter qu’un pays occidental vienne en Afrique tuer un président africain au vu et au su de la communauté internationale et que nous Africains, nous cautionnions cela. On ne soutient pas Kadhafi le dictateur mais on défend Kadhafi l’Africain qui a été tué sur le sol africain.

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