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Revue de presse Afrique

A la Une: CPI-Gbagbo, «le montage»

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L'ex-président ivoirien Laurent Gbagbo a plaidé non coupable aux accusations de crimes contre l'humanité, au premier jour de son procès devant la CPI, jeudi 28 janvier 2016.
L'ex-président ivoirien Laurent Gbagbo a plaidé non coupable aux accusations de crimes contre l'humanité, au premier jour de son procès devant la CPI, jeudi 28 janvier 2016. REUTERS/Peter Dejong
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La presse ivoirienne, à commencer par celle qui est proche de l’ex-président Laurent Gbagbo, dénonce, ce matin, qui le « complot de la France pour déporter Gbagbo à la CPI » (c’est « la Une » de Notre Voie), qui le « montage » (c’est celle des journaux Le Temps et La Voie Originale), qui encore « les réunions secrètes à Paris, Abidjan et La Haye » (là, il s’agit de celle de LG Infos). Et même le journal indépendant Soir Info y va de sa manchette consacrée aux « secrets explosifs dévoilés sur l’affaire Gbagbo ».

En Côte d’Ivoire, donc, mais pas que…

Au Sénégal, « la Une » du quotidien EnQuête signale « les preuves d’un montage ».

Au Bénin, La Nouvelle Tribune y voit une « bombe (…) qui vient en aide à Laurent Gbagbo ».

Sur Internet également. Africa News reprend à son compte le terme « montage ».

Pour La Tribune Afrique, il s’agit d’un « gros pavé dans la mare ».

Lancé par qui ? Par Mediapart, qui publie ce qu’il appelle « les preuves d’un montage » dans le procès Gbagbo et raconte une « opération aux airs de Françafrique ». Ce journal, jeudi soir, a mis en ligne un document « confidentiel » du Quai d’Orsay, qui « révèle », écrit-il, que « la Cour pénale internationale a demandé en avril 2011 de garder prisonnier le président de la Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo ».

Le problème, souligne ce site Internet, est qu’ « à cette époque, il n’existait ni mandat d’arrêt ni saisine de la CPI ». Et en Europe, Mediapart n’est pas le seul à l’écrire, puisque cette enquête est publiée par le quotidien belge Le Soir.

CPI-Gbagbo : le mail confidentiel qui accuse

Que contient ce document, et en quoi « révèle »-t-il un « montage » ? Nous sommes le 11 avril 2011. A Abidjan, l’ex-président Laurent Gbagbo vient d’être capturé. Ce même jour à Paris, le directeur Afrique d’alors au  ministère des Affaires étrangères écrit dans un mail qu’un « collaborateur d’Ocampo », alors procureur à la Cour pénale internationale, « vient de (l)’appeler » (Mediapart précise qu’il s’agit d’un « collaborateur français »).

Stéphane Gompertz, c’est le nom du directeur Afrique du Quai d’Orsay à l’époque, y ajoute que ledit procureur « souhaite que Ouattara ne relâche pas (Gbagbo) » et « qu’un État de la région renvoie l’affaire à la CPI au plus vite », poursuit-il, précisant : « Ocampo va essayer de joindre Ouattara ou un de ses proches. ».

Ces quelques phrases sont « explosives », prévient Mediapart, car cette requête du procureur Ocampo, « relayée par la diplomatie française », pour garder Gbagbo prisonnier « ne repose juridiquement sur rien : ni compétence juridique, ni mandat d’arrêt ».

En effet, remarque ce journal, Ocampo n’a alors « aucun élément solide établissant une éventuelle responsabilité de Gbagbo dans des crimes contre l’humanité qui pourraient relever de la compétence de la CPI, son bureau n’ayant envoyé aucun enquêteur en Côte d’Ivoire ».

En second lieu, le magistrat n’a « aucune base légale pour agir, comme l’indique son souhait qu’un État d’Afrique de l’Ouest fasse un « renvoi de l’affaire à la CPI » ».

Alors Mediapart s’interroge : « le procureur Ocampo s’est-il fait sur le dossier ivoirien l’instrument consentant d’un règlement de comptes aux airs de Françafrique, en marge de tout cadre procédural, au bénéfice exclusif d'une partie ? ».

Gbagbo : les hors-la-loi

Ça, c’était en avril 2011. Mais quatre mois avant, la France avait déjà fait appel au procureur Ocampo. « Le 11 décembre 2010, (révèle ce site Internet) Ocampo est sollicité par une diplomate française ». Béatrice Le Fraper, c’est son nom, écrit au procureur : « J’ai besoin de savoir ce qu’a donné ta conversation avec Alassane Ouattara », alors que la crise post-électorale ivoirienne n’en est qu’à ses débuts et qu’une médiation africaine est en cours.

Mediapart en conclut que le procureur de la CPI « collabore déjà sans aucune réserve avec l’un des principaux protagonistes de la crise ivoirienne », ce qui « pourrait apparaître aujourd’hui en contradiction totale avec les exigences d’« indépendance » et d’« impartialité » imposées par les statuts de la Cour », laquelle « a surtout été utilisée, si ce n’est manipulée, pour peser dans le départ espéré de Gbagbo ».

D’autant que « fin 2010, la Côte d’Ivoire n’a pas ratifié le Statut de Rome », signale ce journal. Le 11 avril 2011, le procureur « n’a donc aucune base légale pour demander à Ouattara de ne pas relâcher Gbagbo », bucheronne en conséquence Mediapart. Au nom de la loi.

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