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Allemagne: un vrai casse-tête pour la composition de l’hémicycle

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Les législatives allemandes du 24 septembre dernier ont été marquées par la percée de l’extrême droite. L’Alternative pour l’Allemagne est devenue avec près de 13% des voix la troisième force parlementaire et dispose de plus de 90 députés.Cette percée oblige les autres partis à une cohabitation dont ils se passeraient bien. Pour en parler, retrouvons notre correspondant en Allemagne, Pascal Thibaut.

Une vue du Bundestag, le parlement allemand à Berlin, le 18 Janvier 2013.
Une vue du Bundestag, le parlement allemand à Berlin, le 18 Janvier 2013. REUTERS/Tobias Schwarz
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Avec notre correspondant à Berlin,

Les autres partis ont tellement peu envie de cohabiter avec l’AlfD que personne n’a envie d’avoir ces nouveaux élus comme voisins. Un vrai casse-tête pour la composition de l’hémicycle. Seulement voilà : un hémicycle est, comme son nom l’indique, un demi-cercle. Il faudra bien que quelqu’un s’y colle quitte à porter des pinces à linge durant les sessions parlementaires.

Une chose est sûre : comme dans les parlements régionaux où le parti siège déjà, l’AfD prendra place à l’extrême droite de l’hémicycle. Historiquement, c’était la place des libéraux qui s’asseyaient à côté des chrétiens démocrates. Mais le FDP n’a pas du tout envie d’une telle cohabitation et réclame de prendre place au milieu de l’hémicycle. La décision devra être prise avant la première session du Bundestag qui doit se tenir le 24 octobre.

Postes de responsabilités

Et au-délà, il y a les différents postes de responsabilités auxquels l’AfD a droit au sein du Parlement. Là aussi, les autres partis ont plus que des états d’âme. Tout d’abord, il y a la répartition des vice-présidences, postes honorifiques et par ailleurs bien dotés. Les chrétiens-démocrates, craignant les trublions de l’AfD, ont persuadé le ministre des Finances Wolfgang Schäuble de devenir président du Bundestag. Elu depuis 1972, il bénéficie de l’autorité jugée nécessaire pour faire face à d’éventuelles provocations de l’AfD. Laquelle a droit à une vice-présidence.

Mais le candidat proposé par le parti d’extrême droite suscite un rejet massif. Il avait, il y a quelques mois, prôné l’interdiction de la religion. Les partis de gauche et les libéraux se refusent de voter pour lui. Le patron du groupe parlementaire chrétien démocrate dénonce une prise de position contraire aux libertés fondamentales prévoyant le libre exercice des cultes. Le poste pourrait éventuellement rester vacant.

Commissions parlementaires

Et puis il y a aussi les présidences de commissions qui sont des postes importants. Il y en a 22 au Bundestag. L’AfD, troisième groupe parlementaire, a droit sur le papier à deux ou trois présidences. Les autres partis font la grimace. Le monde culturel a lancé une pétition pour éviter que l’AfD ne dirige la commission des affaires culturelles où on évoque aussi le travail de mémoire et le passé de l’Allemagne. Les déclarations politiquement incorrectes de l’AfD sur le Troisième Reich ou l’Holocauste pourraient faire désordre.

L’extrême droite pourrait obtenir la présidence de la commission des sports jugée moins essentielle. Mais d’aucuns s’émeuvent déjà pensant aux origines souvent très diverses parmi les athlètes. Un des responsables de l’AfD avait défrayé la chronique en estimant l’an dernier que si Jérôme Boateng, le joueur de la Mannschaft né à Berlin d’un père ghanéen et d’une mère allemande jouait bien au football, les Allemands n’avaient pas forcément envie de l’avoir comme voisin. On le voit, la répartition des présidences de commission va aussi créer de sérieux casse-têtes.

Manne substantielle

Et plus largement, avec un groupe parlementaire de plus de 90 députés, l’Alternative pour l’Allemagne dispose en plus de sa présence dans 13 parlements régionaux d’une manne substantielle. D’abord le financement des partis va permettre à l’AfD d’engranger une somme rondelette après son succès du 24 septembre avec près de 13%.

Et puis, plus de 90 députés et un groupe parlementaire conséquent qui bénéficie aussi de soutiens financiers, cela signifie environ 16 millions d’euros par an uniquement pour le Bundestag. Des centaines d’assistants doivent être recrutés. Il va aussi falloir répartir savamment les bureaux du Bundestag avec un nombre de records de députés –plus de 700. On manque de place. L’Alternative pour l’Allemagne a failli avoir des bureaux à quatre kilomètres du Parlement. Finalement, ils ne devraient qu’à un quart d’heure à pied.

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