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Aujourd'hui l'économie

La Croix-Rouge se lance dans la finance humanitaire

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Le Comité international de la Croix-Rouge a lancé cet automne sa première obligation à impact humanitaire pour financer la construction en Afrique de trois centres de réadaptation physique destinés aux victimes des conflits armés.

Le siège du CICR, à Genève.
Le siège du CICR, à Genève. Getty Images/UIG/BSIP
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Le CICR couvre traditionnellement ses frais avec l’apport exclusif des États. Mais dans le cadre de ce nouvel outil, il sollicite les investisseurs privés. On parle d’obligation parce que le rendement est fixe et établi à l’avance. Si le résultat est au rendez-vous cela peut rapporter gros, jusqu’à 7 %. Mais en cas d’échec l’investisseur est susceptible de perdre jusqu’à 60 % de la mise initiale.

À cause de ce risque, le CICR a baptisé son outil « programme d’investissement à impact humanitaire ». Il a levé 26 millions de francs suisses, près de 23 millions d’euros pour ce projet pilote. C’est une goutte d’eau par rapport à son budget global qui avoisine les deux milliards de francs suisses.

Pourquoi le CICR fait-il appel au privé ?

Sa présence dans les zones de guerre est de plus en plus longue, et ses opérations de plus en plus importantes, ses dépenses sont donc en hausse constante. Et en même temps les États sont de moins en moins généreux parce qu’ils ont eux aussi des contraintes budgétaires de plus en plus fortes. Par ailleurs, les gouvernements sont lents à décaisser, en revanche, lever des capitaux sur les marchés est relativement rapide. Avec ce nouvel outil, le privé avance l’argent, mais ce sont bien les États qui paieront in fine.

Dans cinq ans ils rembourseront la totalité de la créance aux investisseurs. Sauf si les centres construits n’ont pas marché comme prévu. La Belgique, la Suisse, l’Italie, le Royaume-Uni et la fondation de la banque espagnole Caixa se sont engagés dans cette obligation humanitaire, en cas d’échec ces garants assumeront 30 % des pertes, le CICR 10 %. Les États évitent ainsi de dépenser inutilement de l’argent public.

Ce type d’obligation humanitaire est-il amené à s’étendre ?

Pour ce projet pilote, le CICR a choisi des actions faciles à évaluer. Le nombre de personnes bénéficiant d’une prothèse et d’une rééducation c’est du quantifiable. Et les centres qui sont en cours de construction au Mali, au Nigeria et en République démocratique du Congo sont situés dans des zones dangereuses comme Mopti au Mali ou Maiduguri dans le nord du Nigeria, mais il n’est pas question pour le moment de recourir à un tel financement pour intervenir en Syrie ou même en Afghanistan.

Quelles sont les motivations des investisseurs privés ?

C’est une nouvelle forme de philanthropie qu’ils expérimentent. Les investisseurs institutionnels sont de plus en plus incités par la réglementation ou par leurs actionnaires à prendre en compte la responsabilité sociale et environnementale. Le marché de l’obligation verte est en plein boum. L’obligation à vocation sociale ou destinée au développement est aussi en forte croissance. Et aujourd’hui apparaît donc la finance humanitaire.

Les besoins sont immenses, selon Carla Mardini. La responsable des ressources du CICR explique que dans un pays toujours en guerre comme la Syrie, les agences spécialisées dans le développement ne peuvent pas intervenir tant que la paix n’est rétablie. Or il est urgent de réparer les réseaux électriques ou l’alimentation en eau, cela incombe donc aux acteurs habilités à intervenir en zone de guerre à titre humanitaire, c’est-à-dire le Comité international de la Croix-Rouge.

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