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Revue de presse Afrique

A la Une: le Cameroun encore sous haute tension

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Des membres des forces de l'ordre camerounaises patrouillent dans une rue de Buéa, le 1er octobre 2017.
Des membres des forces de l'ordre camerounaises patrouillent dans une rue de Buéa, le 1er octobre 2017. STRINGER / AFP
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Avec un bilan qui s’alourdit après les manifestations de dimanche. « Amnesty International parle d’au moins 17 morts », rapporte le Journal du Cameroun. Mais il y en a sans doute plus… « Des victimes ont été signalées dans les régions anglophones du Nord-ouest et du Sud-ouest du Cameroun, à Kumbo, Buea, Ndop, Tombel, Muyuka, entre autres, relate encore le Journal du Cameroun, sans toutefois qu’un bilan précis ne chiffre les pertes en vies humaines. Certaines sources ont compté une vingtaine de morts lors de cette journée du 1er octobre, date à laquelle, les séparatistes avaient prévu de prononcer leur indépendance. »

Certes, le président Biya a lancé un appel au dialogue, dès dimanche, mais, dans les milieux anglophones comme dans l’opposition, on réclame son départ. Interrogé par le Messager, et repris par le site d’information Camer, l’opposant Prosper Nkou Mvondo estime que le président camerounais n’est plus en mesure de gouverner : « à 84 ans, peut-il encore tenir une discussion de plusieurs heures, avec en face des citoyens deux ou trois fois moins âgés que lui ? Je ne le pense pas, affirme l’opposant. Vous comprenez pourquoi avec lui, seuls le silence et la répression sont à l’ordre du jour. »

Légitime défense ?

Le Pays à Ouagadougou enfonce le clou : « sous Paul Biya, non seulement les Camerounais tirent le diable par la queue, mais ils sont aussi victimes du fait que lui et les siens administrent le pays comme leur champ de manioc. Et les Camerounais qui en souffrent le plus dans leur chair sont incontestablement ceux des régions anglophones, relève le quotidien burkinabé. Ostracisés, méprisés à outrance et placés dans une situation où ils ne peuvent pas exprimer politiquement leurs frustrations sans courir le risque d’être réprimés dans le sang, ces Camerounais des zones anglophones ne se voient laisser d’autre choix par Paul Biya que celui de la légitime défense. Derrière les revendications d’ordre linguistique, se cache donc un ras-le-bol des populations anglophones vis-à-vis des excès du pouvoir central. »

Pas de réelle réponse démocratique

Comment en est-on arrivé là ? Le Point Afrique revient longuement sur l’héritage colonial, la réunification des deux Cameroun, français et Britannique, la mise du fédéralisme et finalement sa suppression dans les années 70. Plus récemment, relève Le Point Afrique, « la crise a pris une ampleur inédite après une coupure d’Internet de trois mois environ entre février et avril dernier. Ce qui a décidé les anglophones à amplifier leur mouvement avec la ferme volonté de proclamer symboliquement l’indépendance des régions anglophones. Mais le pouvoir central a d’abord usé de la menace et plusieurs leaders ont été emprisonnés (même si quelques-uns ont recouvré la liberté, à la suite d’une décision présidentielle). Et à force de présenter les manifestants comme des quasi-terroristes, relève encore Le Point Afrique, les autorités de Yaoundé n’ont fait que renforcer le camp indépendantiste. Et, finalement, la preuve que le palais d’Étoudi n’a pas de réelle réponse démocratique à ce sentiment national. Avec l’atonie du gouvernement à répondre à certaines revendications souvent légitimes, les anglophones ont lancé leur propre agenda. »

Biya « déconnecté » ?

Pour Wakat Séra, au Burkina, le président Biya doit donc absolument lâcher du lest… « Même si Yaoundé voit derrière ces contestations qui n’en finissent pas, la main de politiciens poussant à la déstabilisation du régime presque quarantenaire de l’officiellement octogénaire Paul Biya, il urge de de se mettre à l’écoute des aspirations du peuple. Du reste, les longs règnes ont cela de pernicieux et même suicidaire qu’à un moment de l’exercice de ses mandats sans fin, le président à vie, croit disposer des droits de vie et de mort sur ceux qu’il considère désormais comme ses sujets. Paul Biya, dont les séjours dans son propre pays sont considérés comme un évènement et qualifiés ironiquement de “visites”, est totalement déconnecté des réalités de ses concitoyens qui ne sont plus de cette génération de Camerounais soumis à merci. Il ne faudrait donc pas qu’il soit surpris, prévient Wakat Séra, que le vent du changement qui a soufflé au Burkina Faso, secoue le Togo, et a balayé les dinosaures de la Tunisie et de l’Egypte se transforme en cyclone au Cameroun, au fur à mesure qu’enflent les revendications indépendantistes des anglophones. »

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