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Le grand invité Afrique

Le président centrafricain F.A.Touadéra: «Nous sommes à un point charnière du développement»

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La Centrafrique était hier au cœur d’une réunion de haut niveau réunissant l’ONU, l’Union africaine, les organisations africaines régionales et pas moins de 17 ministres dont le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian. Il y a un peu moins d’un an, la communauté internationale s’était fortement mobilisée, promettant plus de 2 milliards de dollars pour remettre le pays sur pied. Mais depuis, les crises se sont multipliées en Afrique et dans le monde et les bailleurs sont sur-sollicités. D’où l’importance de cette réunion, selon le président Faustin-Archange Touadéra, pour que la Centrafrique ne soit pas oubliée par la communauté internationale.

Le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra, le 5 avril 2017.
Le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra, le 5 avril 2017. STRINGER / AFP
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RFI : Chaque semaine, on signale des affrontements entre groupes armés ou des exactions contre des civils dans l’ouest, dans l’est du pays, est-ce que le renforcement de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en République centrafricaine (Minusca) que vous souhaitez, vous l’avez obtenu au cours de cette réunion ?

Faustin-Archange Touadéra : Beaucoup de nos partenaires et nous-mêmes pensons que le renforcement de la capacité de la Minusca, en termes d’hommes et aussi en termes d’équipements, est tout à fait souhaité pour permettre d’assurer la protection de nos populations, étant entendu que nos forces de défense et de sécurité ne sont pas encore vraiment opérationnelles. Et forts de cela, nous, nous réclamons également le soutien pour le renforcement de nos forces de défense et de sécurité pour être à côté de la Minusca, afin de venir au secours de nos compatriotes qui sont en danger, qui sont sous la menace des groupes armés.

Justement, un premier contingent des forces centrafricaines a déjà été formé, un deuxième est en cours. Pourquoi ce premier bataillon n’est pas déployé ?

Comme vous le savez, la République centrafricaine est sous embargo des Nations unies. Mais nous avons pu obtenir des mesures d’exemption pour l’équipement du bataillon qui vient d’être formé. Mais ces exemptions répondent à un certain nombre de critères. Ces critères, c’est la formation de ces forces de défense. Mais il y en a d’autres que nous sommes en train de réunir avec nos partenaires pour satisfaire, afin de pouvoir les équiper. Mais seulement, nous demandons à la commission des sanctions d’être vraiment très attentive à nos requêtes et aussi avec beaucoup de diligence pour permettre justement de rendre ce bataillon-là opérationnel dans les jours qui viennent.

Vous dites que la Centrafrique est à un tournant entre une normalisation et un retour dans l’abîme. Est-ce que cela veut dire que la Centrafrique est désormais un peu oubliée face à d’autres crises qui secouent le continent ? Mais est-ce que, aussi, cela veut dire que un an et demi après votre élection, vous n’avez pas vraiment de moyens propres pour mettre en place votre politique et que vous dépendez justement uniquement de cette aide des partenaires ?

Effectivement, cette crise vraiment a annihilé le tissu économique, fait dégrader tous les services sociaux de base, a fait en sorte que nous ne pouvons, sur nos propres ressources, avoir les moyens de notre propre développement. C’est pour cela que nous avons mis en place notre stratégie de Relèvement et de consultation de la paix où les partenaires ont fait des promesses de financement. Notre demande aujourd’hui, c’est que les promesses qui ont été faites soient tenues. Evidemment, il y a beaucoup de crises et nous voulons que la République centrafricaine ne soit pas oubliée car nous sommes à un point charnière du développement. Aujourd’hui, il y a l’espoir, il y a des avancées sur beaucoup d’autres plans. Je vous citais tantôt le processus du DDR [désarmement, démobilisation, réinsertion, ndlr] qui est enclenché, le redéploiement de l’administration que nous sommes en train de mettre en place, les préfets qui sont nommés, bientôt les sous-préfets. Tout cela a besoin d’un moyen d’accompagnement. Et c’est important, à la fois sur le plan sécuritaire et sur le plan des moyens d’action, c’est-à-dire des financements. Nous avons besoin de cette communauté internationale parce que, avec nos propres ressources, nous ne pouvons pas assurer l’ensemble de ces projets. Nous avons des promesses, mais il faudrait que ces promesses soient tenues pour ces actions.

Quel est le pourcentage qui est déjà mobilisé ? Est-ce qu’il y a des choses qui concrètement bougent sur le terrain grâce à ces fonds ?

Il y a un certain nombre de partenaires qui ont démarré leur financement. On sait qu’il y a 87% des promesses que nous avons eues à Bruxelles qui sont confirmées. Aujourd’hui sur 2017, nous savons qu’à peu près 22% sont déjà en cours d’exécution. Mais il y a aussi des engagements que nous attendons et des programmes des projets. Nous venons de mettre en place avec la procédure de la Banque mondiale un secrétariat permanent pour nous permettre de réunir tous ces éléments et pour suivre vraiment le niveau de décaissement réel des promesses qui sont faites à Bruxelles.

Est-ce que le programme de DDR avance assez vite pour vous ?

Oui. Nous venons juste de démarrer le programme pilote. Ce programme pilote est très important pour voir les forces et les faiblesses de notre dispositif. S’il y a des faiblesses, il nous faut corriger avant d’entamer le processus dans sa phase réelle. Mais à la lumière de ce qui est fait à Bangui, nous pensons que c’est un véritable succès puisque sur les 150 ou les 149 attendus au niveau de Bangui, il y a eu à peu près 109 qui se sont présentés, qui ont rempli les conditions, dont 60 vont réintégrer les forces de défense et de sécurité et les autres pourront donc intégrer le processus d’intégration dans la vie active. Et il y a six à sept autres sites qui sont identifiés en province. Et je pense que cette semaine, l’équipe mobile se déplacera dans certaines régions, notamment à Bouar et tout ça, pour poursuivre le programme pilote. Nous, nous pensons que c’est un résultat positif qui va nous donner des renseignements pour la suite du processus.

Vous avez fait un remaniement avec notamment l’entrée d’ex-Seleka, et l’avocat de monsieur Bozizé. Est-ce que vous n’avez pas peur que cela soit vu comme un signe, par certains, d’encouragement à l’impunité ?

Non, la justice est là. Nous sommes en train de mettre en place la Cour pénale spéciale. Nous venons de mettre en place un comité technique qui va s’occuper de présenter les éléments de la justice transitionnelle, c’est-à-dire la commission justice-vérité. Donc c’est non à l’impunité. Il y aura la justice. Mais nous voulons un gouvernement inclusif, représentant l’ensemble de nos communautés et aussi toutes les régions, et aussi la classe politique pour permettre justement la réconciliation que nous appelons de tous nos vœux et aussi la contribution de tous nos compatriotes pour que les gens viennent voir comment nous travaillons, la transparence et aussi qu’ils ne sont pas oubliés, qu’aucune de nos régions n’est oubliée dans la résolution de problème et que tout le monde doit participer au développement de notre pays. Donc, c’est dans ce sens-là, pour appeler nos compatriotes à se mobiliser pour le développement de notre pays et la cohésion sociale, la réconciliation nationale.

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