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Bonjour l'Europe

Un après la mort de Giulio Regeni, retour à la normale entre Italie et Egypte?

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Rome, qui avait rappelé son ambassadeur au Caire en avril 2016, en signe de protestation contre le silence des autorités égyptiennes sur l’assassinat d’un étudiant de 28 ans, Giulio Regeni, a nommé un nouveau représentant de l’Etat en Egypte. Ancien directeur de la coopération au développement, organe du ministère italien des Affaires étrangères, Giampaolo Cantini prendra ses fonctions le 14 septembre, en concomitance avec l’arrivée à Rome d’un nouvel ambassadeur égyptien, Hisham Badr. Ce retour à la normalisation des relations italo-égyptiennes ravive les craintes d’ensablement des enquêtes sur les responsables de la mort par torture du jeune italien.

Après la disparition de Giulio Regeni, de nombreuses personnes avaient manifesté pour comprendre ce qu’il s’était passé.
Après la disparition de Giulio Regeni, de nombreuses personnes avaient manifesté pour comprendre ce qu’il s’était passé. AFP/Filippo Monteforte
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Giulio Regeni était doctorant à l’université de Cambridge et il s’était installé au Caire, en septembre 2015 pour sa thèse sur les syndicats indépendants en Egypte. Son corps, atrocement mutilé, a été retrouvé dans la banlieue du Caire, le 3 février 2016, dix jours après sa disparition. Compte tenu du nombre de cas d’enlèvements, tortures et assassinats d’opposants au climat de répression en Egypte, des suspicions sur les services de sécurité du gouvernement al-Sissi ont été rapidement émises. Notamment par la famille Regeni. Après avoir constaté que Le Caire ne donnait que de fausses explications - de l’accident de voiture à l’affaire d’espionnage - Rome a rappelé son ambassadeur le 6 avril 2016, assurant que les relations avec l’Egypte ne seraient rétablies que lorsque la vérité sur la mort par torture du jeune italien serait connue.

Une situation en constante évolution

La diplomatie italienne parle de « progrès dans la coopération entre les investigateurs du Caire et de Rome ». Mais les derniers documents fournis par le parquet du Caire ne contiendraient que des procès-verbaux de policiers. Le mobile et les auteurs de l’assassinat de Giulio Regeni demeurent inconnus. Le ministre italien des Affaires étrangères n’en a pas moins décidé qu’un nouvel ambassadeur prendra ses fonctions en Egypte le 14 septembre. Parce que, dit-il, « la reprise des relations diplomatiques avec Le Caire est obligatoire ».

Angelino Alfano a souligné que l’ambassadeur « devra faire progresser les enquêtes ». Rajoutant que l’Italie a besoin de l’Egypte pour affronter des questions relatives au terrorisme, à la gestion des flux migratoires ou à celles des eaux du Nil.

Des explications qui ont du mal à passer

Les parents de Giulio Regeni, dont le courage et la ténacité ne sont plus à prouver, se sont déclarés indignés. Pour eux, normaliser les relations bilatérales signifie sacrifier sur l’autel des intérêts nationaux la recherche des responsables de la mort de leurs fils. Une crainte partagée par la société civile et les associations humanitaires qui vont se remobiliser. D’ailleurs, des cinéastes italiens ont saisi l’occasion de la Mostra de Venise pour réclamer « la vérité ».

Au sein de l’opposition, le Mouvement 5 étoiles a dénoncé « l’hypocrisie inouïe » du ministre des Affaires étrangères. Des experts rappellent que l’Italie est le principal partenaire économique de l’Egypte, le colosse des hydrocarbures ENI, implanté depuis 1953, gère notamment un gigantesque site gazier, au large du delta du Nil. Rajoutant que Rome est prête à tout pour bloquer les départs de migrants, d’où l’utilité de relations apaisées avec l’Egypte qui soutient le maréchal Haftar, homme fort de l’Est libyen.

En somme, l’affaire Regeni ne semble plus être une priorité pour les institutions italiennes.

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