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Invité Afrique soir

Adama Barrow (Gambie): «nous sommes le gouvernement de tout le peuple»

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En Gambie, cela fait six mois que l’ancien président Yahya Jammeh a été forcé de quitter le pays, laissant le vainqueur de l’élection de décembre, Adama Barrow, accéder au pouvoir et mettre fin à 22 ans de dictature. Très discret, le président, ancien agent immobilier, s’est tenu à l’écart des médias depuis son investiture. Mais ces six mois au pouvoir sont l’occasion de faire le point sur les premières mesures mises en place pour la « Nouvelle Gambie ». Il répond aux questions de Claire Bargelès.

Le président gambien Adama Barrow, le 15 mars 2017.
Le président gambien Adama Barrow, le 15 mars 2017. REUTERS/Benoit Tessier
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RFI : Parmi la population, certains Gambiens montrent des premiers signes de frustration, ils voudraient que les choses aillent plus vite : que leur répondez-vous ?

Adama Barrow : Nous espérons que les Gambiens sauront se montrer patients. Nous avons attendu tellement longtemps, pendant 22 ans, et là cela fait seulement 6 mois. Rome ne s’est pas faite en un jour. Mais nous nous sommes engagés à ce que le changement advienne.

Quelles seront vos priorités pour les prochains mois ?

Le secteur de l’électricité est la priorité de mon gouvernement. Nous pensons que sans une bonne fourniture d’électricité, nous ne pourrons pas bien nous développer, donc c’est très important. Nous travaillons nuit et jour pour être sûrs que la situation soit résolue.

Yahya Jammeh est parti en exil en Guinée-Équatoriale, mais d’anciens soutiens se trouvent dans les pays voisins de la Gambie. Quatre soldats qui lui sont toujours fidèles ont par ailleurs été arrêtés au sein de l’armée. La sécurité est-elle assurée en Gambie, monsieur le président ?

La sécurité se porte bien. Mais nous ne pouvons jamais assurer la sécurité à 100 %. Nous pensons que l’armée et la police sont loyales à ce nouveau gouvernement. Non, il n’y a pas de menaces qui plannent au-dessus de notre pays. Il y a des rumeurs, certes, mais elles sont exagérées. La Gambie est sécurisée.

Vous avez des nouvelles de Yahya Jammeh ?

Pas directement. Je suis ce qu’il se passe sur les réseaux sociaux. Mais je n’ai pas de contacts directs, non, ce n’est pas le bon moment.

Le mandat de la force de la Cédéao en Gambie, composée en grande partie de soldats sénégalais, a été prolongé pour un an. À partir de quel moment la Gambie sera-t-elle capable de se passer de cette force ?

Nous travaillons beaucoup pour être capables de faire avec nos propres forces de sécurité. Car nous savons que les soldats étrangers devront un jour quitter ce pays. Donc nous essayons de faire en sorte que nos forces puissent prendre le relais. Mais tant que nous sommes en période de transition, nous voulons que les forces étrangères soient là pour supporter l’armée gambienne, jusqu’à ce que nous soyons sûrs de pouvoir gérer nous-mêmes. C’est pour cela que nous avons commencé des réformes, pour que les membres de notre personnel de sécurité deviennent de vrais professionnels.

Dans la région de Foni, les supporters de Yahya Jammeh sont encore nombreux et se sentent rejetés par cette nouvelle Gambie. Comment assurer l’unité du pays ?

La région de Foni, c’est la région natale de l’ancien président. Mais nous ne rejetons personne dans ce pays. Nous sommes le gouvernement de tout le peuple. Les présidents vont et viennent, mais le pays reste. Et le Foni est une partie de la Gambie. Yahya Jammeh est parti, mais Foni est toujours là. Nous ne voulons discriminer personne et le Foni fait partie de nos politiques.

Il y a un grand désir de justice… une commission vérité et réconciliation est prévue et des procès ont déjà commencé… non sans mal. Est-ce que le système judiciaire gambien a la capacité de gérer de tels procès ?

Nous ne pouvons pas dire qu’on soit 100 % prêt. Mais nous demandons aussi de l’aide technique d’autres pays, pour avoir cette capacité. Le secteur judiciaire est très important pour nous. Nous voulons y effectuer des réformes et cela a déjà commencé, pour que nous puissions mettre en place des commissions, afin d'éclaircir le mieux possible ce qui s’est passé au cours des 22 dernières années.

Vous pensez réussir à faire la balance entre réconciliation et justice ?

Avant de se réconcilier, il nous faut d'abord la vérité. Une fois que nous avons obtenu la vérité, cela détermine ce que nous devons faire ensuite.

Durant votre discours à l’Assemblée nationale, vous avez beaucoup insisté sur l’ouverture à l’international de la Gambie. Le pays va-t-il devenir sous votre présidence la terre promise pour les investisseurs étrangers ?

Bien sûr, nous sommes ouverts au monde. Et je pense que de plus en plus de gens viennent montrer leur intérêt pour investir dans le pays. Ils sont les bienvenus. L’environnement est là pour qu’ils investissent, et je pense qu’avec l’avènement de la démocratie, cela va bénéficier à la Gambie si beaucoup viennent investir ici.

À titre personnel, qu’appréciez-vous le plus dans cette « Nouvelle Gambie » ?

Ce que nous apprécions le plus aujourd’hui, c’est la démocratie dont nous pouvons jouir. Les gens sont libres maintenant, dans tout ce qu’ils font, ils ont une Gambie libre. Et c’est déjà une victoire. Cela fait déjà partie de l’héritage qu’on laissera.

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