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Le grand invité Afrique

Me Baber Gamo (Mali): «Les accords d’Alger marchent bien, c’est un processus»

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Où en est le Mali, deux ans après les accords d'Alger entre Bamako et les rebelles du Nord ? Ce lundi Soumaïla Cissé, le n°1 de l'opposition, qui affirme que l’État recule, non seulement au nord, mais au centre du pays, était notre invité. Réplique ce jeudi des autorités, par la voix de maître Baber Gano, ministre des Transports et secrétaire général du Rassemblement pour le Mali, le RPM, le parti au pouvoir.

Maître Baber Gano, ministre des Transports et secrétaire général du Rassemblement pour le Mali (RPM), le parti au pouvoir (capture d'écran).
Maître Baber Gano, ministre des Transports et secrétaire général du Rassemblement pour le Mali (RPM), le parti au pouvoir (capture d'écran). facebook.com
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RFI : Malgré le sommet du G5 Sahel, la situation militaire continue de s’aggraver. Est-ce que ce n’est pas la preuve que deux ans après les accords d’Alger ne marchent pas ?

Baber Gano : Les accords d’Alger marchent très bien. Les accords d’Alger ont permis au gouvernement malien de déployer les forces conjointes dans les normes. Aujourd’hui, l’opérationnalisation du MOC est une réalité. Les autorités intérimaires ont pu être installées dans les régions du Nord. Il n’y a pas une autre alternative que de rester derrière cet accord pour que la paix et la réconciliation puissent être une réalité.

L’opérationnalisation du MOC c’est la mise en place des patrouilles mixtes, c’est ça ?

Exactement.

Mais franchement, est-ce que ça marche ? Il n’y a pour l’instant ni cantonnement ni désarmement apparemment.

C’est un processus. Ça commence par les patrouilles mixtes et ensuite le processus est continuel. Donc le processus est bien en marche.

Ce que dit par exemple l’opposant Somaïla Cissé c’est qu’il y a en réalité plus de morts, y compris dans le centre, dans la région de Mopti, de plus en plus d’écoles fermées, une administration de plus en plus absente, des bandes armées qui circulent librement… Est-ce que ça ne veut pas dire que l’Etat recule ?

L’Etat n’a jamais reculé face à ses missions régaliennes. Ce que vous dites, c’est son analyse à lui. Je sais qu’à Mopti ce n’est pas la situation périlleuse qu’il est en train d’invoquer. Il y a toutes les régions de Mopti aujourd’hui qui ont pu aller aux examens du Bac, les résultats on les a publiés la semaine dernière. Donc ce n’est pas ce qu’il dit qu’il faut prendre comme vérité.

Ce que reproche l’opposition au président Ibrahim Boubacar Keïta, c’est des effets d’annonce du genre l’Etat va être rétabli à Kidal. Et depuis deux ans, il ne se passe rien, l’Etat est toujours absent de Kidal.

Le président avance avec la communauté internationale. Et donc les difficultés ou les obstacles sur le terrain vont ensemble être gérés. Mais le président est déterminé pour que Kidal soit un giron malien.

Depuis mars dernier, le chef touareg Yad Ag Ghali affirme qu’il dirige tous les mouvements jihadistes du nord du Mali. Est-ce qu’il faut négocier avec lui ou pas ?

Le président a été ferme. On ne négocie pas avec un terroriste ou un jihadiste. On négocie avec quelqu’un qui a des valeurs politiques, pas des valeurs qui sont contraires à la démocratie. On ne négocie pas avec un terroriste ou un jihadiste.

Pour mettre les accords d’Alger en conformité avec la loi malienne, notamment en ce qui concerne la décentralisation, vous avez annoncé une révision constitutionnelle par référendum. Mais l’opposition affirme que dans le texte final proposé en référendum toute la partie sur le partage du pouvoir entre l’Etat et les régions a été enlevée.

L’opposition a eu toute la latitude d’apporter les amendements au projet du texte à l’Assemblée nationale. Et ces amendements ont été pris en compte dans le vote de la loi. Mais malgré tout aujourd’hui, l’opposition refuse de se soumettre à l’exécution de l’arrêt de la Cour constitutionnelle. C’est une opposition aujourd’hui qui n’est pas républicaine. Et quelqu’un qui ne respecte pas la Constitution, comment veut-il qu’on ait un autre qualificatif à cette opposition et faire des activités insurrectionnelles ?

Ce qui choque beaucoup d’opposants c’est que ce projet de révision constitutionnelle vise à renforcer les pouvoirs du chef de l’Etat qui pourra choisir notamment un tiers des futurs sénateurs.

Le président n’a pas besoin de renforcer son pouvoir. C’est une disposition de l’accord d’Alger pour une régionalisation poussée.

Mais pour sortir de cette polémique est-ce qu’il ne vaudrait mieux pas que ces sénateurs soient nommés par des communautés, par des groupes à caractère religieux, culturel ou autres ?

Si le mode de désignation doit venir de communautés religieuses ou de communautés comme vous êtes en train de l’indiquer, peu importe pourvu que le Sénat soit aujourd’hui une institution républicaine.

Dans un premier temps, ce référendum constitutionnel était prévu dimanche dernier, mais il a été reporté sine die. Est-ce qu’une nouvelle date est fixée aujourd’hui ou pas ?

Vous devez savoir que le report de la date du 9 juillet, c’était du respect pour la Cour et pour l’opposition qui a saisi la Cour de sa requête. Aujourd’hui, la Cour a donné son avis et l’avis de la Cour est clair. La Cour dit que le projet de révision constitutionnelle est conforme à la Constitution. Et donc, il appartient au président de la République de décider l’issue du projet de révision constitutionnelle. Nous sommes derrière la loi.

Mais ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu’il va y avoir ce référendum ou que finalement il n’aura pas lieu dans l’année ?

S’il n’y a pas de référendum, ça veut dire que nous n’avons pas respecté les engagements internationaux.

Donc il y aura référendum d’ici la fin de l’année ?

Je ne suis pas la personne indiquée pour fixer la date du référendum, mais ce qui est sûr, les engagements internationaux doivent être pris en compte. Et le président est ferme sur cela.

Vous ne sentez pas, à travers les manifestations du mois dernier, une colère qui monte contre le président Ibrahim Boubacar Keïta ?

Evidemment que oui. Il ne s’agit pas de battre le pavé contre le projet de révision constitutionnelle. C’est contre le président IBK que cette opposition aujourd’hui est remontée. Il y a de la haine. Or, nous ne pouvons pas être dans un pays où on peut diriger avec la haine. Les gens aujourd’hui s’insurgent contre le président IBK. Qu’a-t-il fait ? Il est un président démocratiquement élu et donc on ne veut pas donner l’occasion aujourd’hui à l’opposition de conduire le pays à la déstabilisation des institutions.

Donc le président IBK sera à nouveau candidat l’année prochaine ?

Il l’a dit. Cela ne fait l’objet d’aucun doute.

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