L’ancien président sénégalais est rentré au pays hier. A 91 ans, il entend bien peser sur la campagne des élections législatives du 30 juillet. Et il n’a rien perdu de sa verve… Morceaux choisis en Une par le quotidien 24 h à Dakar : « Rien n’a changé au Sénégal !, s’est exclamé Abdoulaye Wade. Macky Sall n’a rien fait à part construire un pont. […] Je lui lance un appel pour des élections paisibles et transparentes. Il ne faut même pas qu’il songe à reporter la date des élections. Il sait qu’il a déjà perdu, alors il manœuvre. Il avait la majorité, mais il ne l’a plus. S’il ne veut pas rester pour subir sa défaite, je peux lui prêter mon avion-là, qui m’a emmené au Sénégal. »
« Comme à son habitude, Abdoulaye Wade a encore fait déborder le vase, commente le quotidien Rewmi. Dès l’annonce de son arrivée à Dakar pour la campagne des législatives du 30 juillet, l’on a senti une sorte d’agitation du côté du pouvoir. Les réactions fusaient de partout. »
Baliser le chemin pour Karim
En fait, relève Fasozine à Ouagadougou, « le chantre du Sopi (le changement) en a gros sur le cœur... Celui qui a dirigé son pays de 2000 à 2012 avant d’être éconduit dans les urnes par le peuple sénégalais lors de la présidentielle 2012 remportée par Macky Sall, le chantre du Sopi, donc, souhaite faire échouer l’actuel locataire du palais de la République […]. Aussi, s’est-il positionné en grand sage, reprenant les rênes du Parti démocratique sénégalais qu’il a créé en 1974, pour “tenter de mettre fin aux défections et aux luttes fratricides” qui le rongent. Mais en réalité, pointe Fasozine, plus loin que ces législatives, se prépare déjà l’élection présidentielle de 2019, un scrutin aux enjeux multiples. Pour Wade, il s’agirait de baliser dès lors le chemin à son fils, Karim, exilé au Qatar à la suite de sa condamnation pour enrichissement illicite. »
Finalement, toujours « la même manie, les mêmes manigances », soupire Walf Quotidien à Dakar. « Habile comme toujours, plus que jamais combatif, le Pape du Sopi cherche à orienter le débat public essentiellement autour des questions liées à la situation post carcérale de Karim Wade ou à la candidature de celui-ci. Ce qu’il veut, c’est que le PDS s’érige, par la force de sa propre prestance, en pilier et commanditaire du principal thème de campagne. […] Toutefois, prévient Walf, la rupture tant attendue ne peut, a priori, provenir que du refus populaire de réduire l’enjeu des élections législatives aux banales batailles de personnes et du passé. »
Pari risqué
En effet, attention, pointe L’Observateur Paalga, « c’est un pari risqué que prend Abdoulaye Wade. Oui, car si sa coalition venait à perdre ou à réaliser un piètre score, ce serait en soi un échec, estime L’Observateur Paalga, et il risquerait de quitter la scène politique sous les lazzi et les huées. Le “vieux” n’aurait plus d’autre choix que d’en tirer la conséquence politique. Le pari est d’autant plus périlleux, poursuit le quotidien ouagalais, que la coalition gouvernementale “Benno Bokk Yakaar” est plus que jamais ragaillardie depuis que le grand regroupement de l’opposition a volé en éclats. Et pour Wade, qui avait déjà quitté la présidence par la petite porte après avoir été battu par Macky Sall et avait renoncé un an plus tôt à son projet d’instaurer un ticket pour l’élection présidentielle, ce sera vraiment le match de trop. Le retour pour de bon à Versailles risque alors de se faire, contrairement à son accueil triomphal, sur la pointe des pieds. »
En tout cas, « une chose est certaine, conclut Wakat Séra, la campagne électorale pour les législatives et l’avenir politique du Sénégal s’annoncent bien palpitants. »
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