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Revue de presse des hebdomadaires français

A la Une: le Rwanda au cœur des ténèbres

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Kiosque à journaux.
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L’histoire débute dès la couverture. Elle est écrite en toutes lettres, blanches sur fond vert, à « la Une » de La Revue XXI. « Nos crimes en Afrique », lance ce trimestriel.

« Nos crimes » ? L’accusation est sans équivoque. Au premier plan, une Marianne blanche, symbole de la République française. Son visage se découpe sur la peau noire d’une Africaine. C’est donc manifestement aux lecteurs français que s’adresse La Revue XXI, qui évoque ce que ce journal appelle « nos crimes » au Sénégal, au Biafra comme au Rwanda, où il plonge « au cœur de nos ténèbres », en référence bien sûr au roman de Joseph Conrad, Au cœur des ténèbres (Gallimard), lequel célébrissime et angoissant roman se plongeait, lui, à l’aube du XXe siècle, dans les eaux troubles du Congo du roi belge Léopold II.

Un siècle plus tard, dans ces expressions, « nos ténèbres » ou « nos crimes » choisies par La Revue XXI, tout est donc dans le possessif « nos ». Et, effectivement, les quarante pages de ce dossier africain proposé à ses lecteurs constituent d’autant plus l’événement éditorial de la semaine pour une radio comme RFI que leur lecture pourrait bien longtemps produire ses effets, dans la mesure où cette revue reste disponible trois mois durant.

Rwanda : Hubert Védrine à l’index

Avec une grave accusation ad hominen concernant le Rwanda. Dans un article intitulé « Réarmez-les ! », essentiellement consacré à un document jusqu’ici méconnu du génocide rwandais, le journaliste de la Revue XXI Patrick de Saint-Exupéry affirme que « certains » soldats français revenus au Rwanda en juin 1994 ont reçu un « ordre, signé de l’Elysée. Un ordre stupéfiant : fournir des armes aux assassins ».  Notre confrère précise que la France les a réarmés « en toute connaissance de cause ».

Pour ce faire, il s’appuie sur le témoignage d’un haut fonctionnaire ayant consulté les archives de l'Elysée sur le conflit rwandais et qui aurait lu un document constituant une « trace officielle », mettant en cause Hubert Védrine, alors secrétaire général de l’Elysée (et qui est aujourd’hui président de l’Institut François-Mitterrand).

Hubert Védrine « contestera » et « demandera que l’on fournisse la preuve matérielle » de ce qui va suivre, prédit La Revue XXI. Ce qui n’est toujours pas le cas en ce dimanche 2 juillet.

Rwanda : réarmez-les, c’est un ordre !

Que dit ce haut-fonctionnaire qui a pu consulter ces archives et qui est cité par La Revue XXI ? Etant rappelé qu’à l’époque, la France a déployé sur place une opération militaire d’urgence, l’opération « Turquoise », selon Patrick de Saint-Exupéry, donc, ce grand commis de l’Etat, « habilité au secret », aurait affirmé qu’au cours de l’opération militaire française, « ordre avait été donné de réarmer les Hutu qui franchissaient la frontière ».

Ce haut-fonctionnaire aurait aussi précisé que, dans le dossier secret par lui consulté, il y avait « plusieurs documents sur des cas de " droit de retrait " que des militaires auraient fait valoir pour ne pas obéir aux ordres. Il y avait aussi un document disant que les militaires sur place ne comprenaient pas cet ordre et ne souhaitaient pas l’appliquer ».

Et, last but not least, comme disent les Anglais, « sur un de ces messages », ce témoin anonyme dit avoir vu « une note dans la marge disant qu’il fallait s’en tenir aux directives fixées, donc réarmer les Hutu… L’auteur de cette petite note était Hubert Védrine », énonce La Revue XXI en consignant ainsi ces présumés propos. Noir sur blanc.

Rwanda : VIP génocidaires

Ce journal publie également une note de synthèse inédite. Classée « confidentiel défense », c’est un document rédigé en février 1995 par la DAS, la Délégation aux affaires stratégiques. On y lit que les autorités françaises « offriront l’hospitalité à des personnalités qui se révèleront ensuite être des " VIP " du génocide », étant précisé que l’acronyme anglais « VIP » se rapporte à des « personnes très importantes », autrement dit des responsables présumés du génocide rwandais.

Voilà ! Info ? Intox ? En tout cas, pour l’hebdomadaire L’Obs, c’est tout vu. « Sans le vouloir probablement, mais en le sachant très certainement, nos dirigeants se rangent du côté des génocidaires hutus, énonce ce magazine. Dans quelle mesure et selon quel processus, nous l’ignorons encore. Vingt-trois ans plus tard n’est-il pas temps de le savoir ? », interroge L’Obs.

« L’Etat aurait ainsi réarmés les génocidaires après le génocide, sur ordre notamment du secrétaire général de l’Elysée d’alors, Hubert Védrine, résume ce journal. Si nous prenons au sérieux ce que revêt le terme de " génocide " et si nous aimons la France, cela ne peut qu’ébranler nos consciences », chapitre-t-il. Selon l’un de ses éditorialistes, « l’honneur » de la République est « entaché ». Ce qui, curieusement, n’empêche pas L’Obs de compléter par un doute qui pourrait sembler contradictoire, en une conclusion en forme de défi : « seule la vérité, aussi douloureuse soit elle, permettra de le restaurer », ce qui, venant d’un journal, est bien le moins...  

Pénicaud : poker menteur à Las Vegas

Autre affaire qui connaît un nouveau développement ce matin, celle de la soirée à Las Vegas début 2016 en présence d’Emmanuel Macron, payée sans appel d’offres par de l’argent public.

Etant rappelé que les 289 000 euros qu’a coûté cette soirée en présence de l’alors ministre de l’Economie Emmanuel Macron ont été payés par l’organisme public Business France, alors dirigé par Muriel Pénicaud, qui n’est autre aujourd’hui que la ministre du Travail…

Etant également rappelé qu’il y a trois mois, la justice a ouvert une enquête pour « favoritisme », soupçonnant Business France d’avoir omis d’organiser une mise en concurrence pourtant légale, avant de confier ce marché à l’agence Havas, Le Journal du Dimanche révèle le contenu de plusieurs messages électroniques saisis par les enquêteurs, des « e-mails secrets qui impliquent la ministre », lance cet hebdomadaire.

A commencer par celui envoyé le 11 décembre 2015 par la directrice de la communication de Business France que Le JDD qualifie de « personnage pivot » de cette affaire, mail qui « pourrait valoir des ennuis judiciaires à "Muriel", Muriel Pénicaud », prédit ce journal.

« Avant j’aurais réagi, là je m’en fous royalement, écrit la directrice de la communication de Business France ce 11 décembre 2015. […] Muriel, briefée par nos soins, ne fait rien. Donc elle gèrera aussi quand la CdesC (Cour des Comptes NDLR) demandera des comptes à BF (Business France NDLR), ce ne sera pas faute d’avoir dit et redit », peut-on lire dans ce message publié par Le Journal du Dimanche. De Las Vegas au Rwanda, les paroles volent, les écrits restent...

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