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Le grand invité Afrique

Jean-Claude Gakosso: «la Libye est la grande gangrène du continent africain»

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Comment éviter la partition de la Libye—? C’est l’enjeu de la réunion de haut niveau qui aura lieu ce dimanche après-midi à Addis-Abeba en présence du Premier ministre libyen Fayez al-Sarraj et du chef du comité de l’Union africaine sur la Libye, le président du Congo-Brazzaville Denis Sassou Nguesso. Jean-Claude Gakosso est le ministre des Affaires étrangères du Congo-Brazzaville. De retour d’une mission de l’UA à Tripoli et à Benghazi, il témoigne à Addis Abeba au micro de Victor Uhl et de Christophe Boisbouvier.

Jean-Claude Gakosso, s'adressant à l'ONU, le 25 septembre 2015.
Jean-Claude Gakosso, s'adressant à l'ONU, le 25 septembre 2015. REUTERS/Andrew Kelly
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Il y a une réunion importante ce dimanche sur la Libye. Que peut-on attendre de l’Union africaine sur ce pays ?

Jean-Claude Gakosso : La Libye, c’est vraiment la grande gangrène sur le continent africain. Il y a quelques semaines seulement, nous étions en mis mission par le président du comité de haut niveau, le président Sassou-Nguesso à Tripoli. Nous étions à al-Baïda, et nous étions également à Benghazi. Et au cours de cette mission, nous avons rencontré les personnages-clé de la crise libyenne. Il y a un gros risque que court ce pays, c’est le risque de partition parce que, lorsque d’ans un pays vous avez deux commandements militaires, vous avez deux gouvernements d’ailleurs, vous avez deux banques centrales, vous avez des institutions en double, c’est un danger réel. Il faut que les Africains agissent avec célérité.

Vous avez rencontré le président Fayez al-Sarraj à Tripoli et vous avez rencontré le maréchal Haftar à Benghazi. Et visiblement, leurs positions sont irréconciliables ?

Pas tant que cela. En apparence, oui. Mais en réalité, ils font preuve de beaucoup de conciliations en ce moment. Et la preuve, ils sont tous d’accord pour qu’on améliore l’Accord de Skhirat, l’Accord qui a été signé le 17 décembre 2015 à Skhirat au Maroc. Que prévoit cet accord ? Il prévoit un commandement, une sorte de présidence collégiale de neuf membres, cela ne marche pas. Ils ont d’accord pour que le nombre soit ramené à trois par exemple. Ils sont d’accord pour qu’un personnage aussi important que le maréchal Haftar, qui a la force de frappe que l’on sait, soit prise en compte par cet accord de Skhirat. Et sur tant d’autres points que la Libye reste une et indivisible, l’idée c’est d’amener les uns et les autres à mettre un peu d’eau dans leur vin pour pouvoir s’asseoir à la même table. Moi, aussi je dois dire que, quand j’entends des voix s’élever pour chercher à mettre aux arrêts le fils Kadhafi, je dis quand même un peu de prudence, tout en respectant les délibérations de la Cour pénale internationale. Je dis mais ici, on est quand même dans la politique, il faut faire attention aux paroles que l’on prononce. Je le dis parce que j’ai entendu des paroles prononcées depuis une capitale européenne, depuis La Haye. Il faut quand même faire attention. C’est ce genre de paroles qui peut annihiler les efforts diplomatiques qui se font en ce moment.

Vous pensez que madame la procureure Fatou Bensouda n’est pas sur la bonne voie ?

Je ne dis pas cela. Je dis simplement qu’il faut être prudent. Il faut quand même mettre un peu de précautions dans les paroles que l’on prononce. Et pourquoi cette cour s’acharne spécifiquement sur les Africains ? Posez-vous la question. Et cette dame ferait mieux aussi de se poser la même question, que tout le monde se pose ici, à Addis-Abeba.

Saïf al-Islam Kadhafi, vous avez des nouvelles ? Vous savez où il est ?

Je ne sais pas. Je grappille sur internet pour en savoir un peu plus, mais je ne suis pas plus avancé que vous.

Parce que tout le monde est étonné : on dit qu’il est libre, mais en même temps, personne ne le voit, personne ne l’entend ?

Il doit être quelque part. Je ne crois pas qu’il soit allé sur la lune. Il est quelque part sur cette terre des hommes.

On le dit à al-Baïda ?

Je n’en sais rien honnêtement.

Vous, vous y êtes passé vous-même il y a quelques semaines ?

Sûrement avant qu’il n’arrive. S’il avait été dans la ville, je crois que je l’aurais rencontré. Il n’était pas dans la ville quand nous sommes passés à al-Baïda.

Est-ce que vous pensez que c’est désormais aussi un interlocuteur, un partenaire de la solution ou que c’est juste le fils de l’ancien numéro 1 libyen ?

C’est une opinion assez partagée. Si on veut une solution définitive et durable, il ne faut pas commencer par marginaliser quelques-uns, il faut aller avec tout le monde. C’est ça la réconciliation, aller avec tout le monde, même ceux qui ont commis des fautes, ceux qui ont commis parfois des crimes.

Vous êtes en contact avec lui ?

Moi, personnellement non. Je ne suis pas en contact avec lui.

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