La générosité du milliardaire espagnol Amancio Ortega, le créateur de l'enseigne Zara qui a offert des équipements de pointe à des hôpitaux, fait polémique en Espagne. Alors que la fondation Ortega prétend agir pour le bien public, le mouvement Podemos et des associations de défense de la santé publique jugent ces dons déplacés. Récit.
avec notre correspondant à Madrid, François Musseau
Un géant du textile qui fait des dons considérables à des hôpitaux et qui se fait réprimander pour cela, ce n’est pas habituel, d'autant que ce sont des donations très importantes : 320 millions d’euros , soit 8% du budget de la santé publique espagnole l’an dernier. Précisons aussi que ces apports d’argent sont versées à des hôpitaux spécifiques, en Galice dans le nord-ouest du pays et en Andalousie dans le sud, sous la forme d’équipements de soin pour la lutte pour le cancer, des équipements pour mieux diagnostiquer ces maladies et obtenir de meilleurs traitements.
Une excellente nouvelle, selon la fondation d’Amancio Ortega, quand on sait que chaque année environ 200 000 cas de cancers sont détectés en Espagne. Et précisons enfin que Amancio Ortega n’est pas n’importe qui : il est un des deux hommes les plus riches du monde, avec le Mexicain Carlos Slim, à l'origine d'un empire du textile, dont Zara n’est qu’une de multiples marques.
Qui sont ses détracteurs ?
Les critiques viennent essntiellement de la FADSP, la Fédération des associations pour la défense de la santé publique. Et aussi le parti de gauche radicale Podemos. Selon eux, ces donations en millions ne sont pas cohérentes : les 320 millions devraient être versés directement sur le budget de santé espagnole, et non pas à certains hôpitaux ou à certains services.
Dans le camp Ortega, c'est l'indignation. Selon un porte parole de la fondation Amancio Ortega, il faut être fou pour protester contre des aides qui vont sauver la vie, ou améliorer la vie de milliers de personnes. Et le parti Populaire, le parti de droite au pouvoir va dans le même sens, en dénonçant la « démagogie » de la FADSP et de Podemos.
Une dispute entre service public et initiative privée
Ce qui irrite au plus haut point les détracteurs d'Ortega, c’est que ce genre d’initiative, selon eux, contribue à faire accepter la pauvreté de la santé publique : Ce secteur a subi d'importantes coupes budgétaires depuis six ans, et l'initative de la Fondation Ortega laisse entendre qu'une façon d'y remédier n’est pas d’augmenter ce budget mais d’attendre la générosité des plus riches. « La philanthropie n’est pas un bon mécanisme pour financier la santé publique » a souligné Pablo Iglesias, le leader de Podemos, qui fustige un « fonctionnement à l’américaine ». D’autant, dit-il, qu’Amancio Ortega aurait trouvé ce moyen pour payer moins d’impôts. Une accusation, bien entendu, dénoncée par la fondation du milliardaire de la marque Zara.
► à (re)lire : Les eurodéputés Verts dénoncent des pratiques d’optimisation fiscale de Zara
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne