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Bonjour l'Europe

Allemagne: Facebook ouvre ses «poubelles» à une élue verte

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Renate Künast est la première politicienne allemande à avoir eu accès, la semaine dernière, au centre de filtrage des contenus illicites de Facebook, géré à Berlin par la société Arvato, une filiale du géant de l'édition Bertelsmann.

Facebook cherche à accroitre la surveillance des contenus illicites.
Facebook cherche à accroitre la surveillance des contenus illicites. REUTERS/Dado Ruvic/Illustration/File Photo
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L’Allemagne dénonce régulièrement le manque de bonne volonté et de transparence de Facebook quant à ses pratiques de filtrage de contenus illicites. La visite de la politicienne dans les locaux d’Arvato survient à quelques jours de l’adoption par le Bundestag (l’Assemblée) d’un projet de loi contraignant pour les médias sociaux qui ne filtreraient pas suffisamment leurs contenus illicites. Le texte, qui doit être adopté d’ici la pause estivale, prévoit jusqu’à 50 millions d’euros d’amende.

Un centre de tri des contenus illicites

Le centre de tri de contenus illicites n’a rien d’extraordinaire. Un cube en béton anonyme sur une avenue sans charme des environs de l’aéroport de Tegel, dans le nord de Berlin… Entrepôts et sites industriels s’y succèdent. C’est là que quelque 650 salariés « trient les poubelles » de Facebook : pédopornographie, décapitations, violences en tout genre, insultes sont visionnées par les salariés, chargés ensuite d’« effacer » les contenus illicites du réseau social, selon des critères jugés peu transparents en Allemagne. Trois heures durant, Renate Künast a pu regarder par-dessus l’épaule de ces éboueurs du net. « Facebook et Arvato ont bougé », se réjouissait la députée à l’issue de sa visite. « Rien que le fait que Facebook ait ouvert ce centre de contrôle en 2015 est un progrès. Avant, il fallait s’adresser au siège européen de Dublin pour obtenir que soient effacés des contenus illicites », rappelle la députée.

Des conditions de travail inhumaines

Le quotidien Süddeutsche Zeitung a dévoilé une longue enquête après avoir rencontré des salariés et d’anciens salariés d’Arvato. Selon l’article, les 650 salariés de l’entreprise seraient contraints de regarder du début à la fin 2 000 vidéos à contenu illicite par jour, sans formation particulière, et sans soutien psychologique, le tout pour un salaire à peine supérieur au salaire minimum. Le protocole d’entretien mené avec des salariés et d’anciens salariés d’Arvato avait choqué l’opinion allemande. « J’ai vu des choses qui me font douter sérieusement de la bonté humaine », rapporte l’un. « Je sais qu’il faut bien que quelqu’un fasse ce travail, mais il faudrait que ce soient des gens formés pour ça », explique une autre. « Les règles étaient incompréhensibles, ajoute un ancien salarié. J’ai demandé à mon chef d’équipe : c’est pas possible, cette image est pleine de sang et de brutalité. Personne ne doit être obligé de voir ça ! Mais il m’a juste dit : ça, c’est ton opinion. Tu dois penser comme Facebook veut que tu penses. » Après ces entretiens, Renate Künast s’est voulue rassurante sur les conditions de travail.

Le texte que doit adopter le Bundestag d’ici l’été entend mettre fin à ce manque de transparence. Facebook et les autres réseaux sociaux ne disposeraient plus que d’un délai de 24 heures pour retirer du Net tout contenu haineux ou illicite signalé par les utilisateurs. Les réseaux sociaux seront par ailleurs obligés de communiquer le nom de l’auteur d’un contenu litigieux à sa victime.

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