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Chronique des matières premières

La Chine-Afrique de la tomate

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La Chine domine le commerce mondial du concentré de tomate et 70 % de ses exportations vont vers l'Afrique, d'après Jean-Baptiste Malet, auteur d'une enquête sur la tomate d'industrie, « L'Empire de l'or rouge ».

La tomate, le nouvel «or rouge» dont la Chine concentre 30% du commerce.
La tomate, le nouvel «or rouge» dont la Chine concentre 30% du commerce. Wikimedia / Procsilas Moscas
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La Chine est devenue « l'Empire de l'or rouge », le concentré de tomates. Un or rouge qui voyage en barils, comme l'or noir, le pétrole, et qui inonde la planète, et avant tout l'Afrique, avec de grandes interrogations sur sa qualité.

Jean-Baptiste Malet a mené l'enquête de la Chine au Ghana, en passant par les Etats-Unis et bien sûr l'Italie, berceau de l'industrie du concentré de tomate. Une industrie italienne qui a tout appris à la Chine, lorsqu'elle s'est lancée à la fin des années 90. Dans la province autonomiste du Xinjiang, les champs de blé et de coton ont alors fait place aux champs de « tomates d'industrie ». Des tomates oblongues, peu juteuses et à la peau très épaisse, bref, immangeables telle quelles, mais transformées, après épluchage, épépinage, broyage et évaporation, en triple concentré, qui traverse ensuite les mers dans des poches stériles, empilées dans des barils bleus.

La planète entière mange du concentré de tomate chinois sans le savoir, dans le ketchup ou les pizzas, dans le double concentré en boîte ou la sauce tomate « made in France » ou « made in Italy » dès qu'il est dilué dans un de ces pays, il n'est pas obligatoire d'indiquer l'origine de la matière première.

La Chine a capté plus de 30 % du commerce de cet or rouge. Et 70 % du marché africain ! Avec une guerre des prix qui a mené les industriels chinois à des mélanges douteux, lorsqu’ils se sont mis à fabriquer, en Chine, le double concentré expédié en Afrique.

Dans les qualités les plus basses, le triple concentré chinois peut ressembler à de « l'encre noire » tant il est oxydé. On le complète alors avec des poudres d'amidons, de la fibre de soja, du dextrose et des colorants pour lui redonner un aspect comestible.

Ces méthodes ont été constatées par l'auteur dans une usine de Tianjin en Chine, qui exporte ses boîtes de concentré prêt à consommer en Afrique. Mais aussi dans une usine toute récente du Ghana, qui devient la tête de pont de l'industrie chinoise de la tomate en Afrique de l'Ouest. Sans utiliser un gramme de tomate ghanéenne.

A lire: notre webdocumentaire La tomate noire d'Italie

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