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Chronique des matières premières

A Madagascar, la vanille est récoltée trop tôt par crainte des vols

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À Madagascar, les paysans récoltent la vanille sans attendre qu’elle soit mûre. Ils craignent qu’on leur vole les gousses, encore plus précieuses depuis le passage du cyclone Enawo.

La "Vanilla planifolia", la principale espèce d'orchidée utilisée pour produire la vanille, a besoin d'un climat tropical et de supports ombragés pour pousser.
La "Vanilla planifolia", la principale espèce d'orchidée utilisée pour produire la vanille, a besoin d'un climat tropical et de supports ombragés pour pousser. Domaine public/ Everglades National Park
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À Madagascar la vanille est récoltée trop tôt par crainte des vols. Son prix a flambé depuis que le cyclone Enawo a dévasté au mois de mars une des principales régions de production, Antalaha, au nord-est du pays. Le kilo de gousses vertes vaut aujourd’hui 500 dollars avant même d’avoir été fermenté et séché. Cinq fois plus qu’en 2015 !

Ce qui attire toutes les convoitises. Certaines plantations sont surveillées par des gardiens armés pour les protéger des voleurs. Mais tous les paysans n’ont pas les moyens de payer ce service. Alors pour éviter de se faire dérober les précieuses gousses, beaucoup ont déjà commencé à cueillir la vanille depuis plusieurs semaines, avec trois ou quatre semaines d’avance sur le calendrier, témoigne un observateur du marché sur place, avant même que la vanille ne soit mûre.

Les producteurs sont, pour une fois, les vrais gagnants de la filière. Ils cueillent avant l’heure, sèchent et fermentent à la va-vite. Ils peuvent même se permettre de vendre la vanille sous vide alors que c’est interdit. Mais on les comprend, ils risqueraient de perdre 100 grammes d’eau par kilo, c’est-à-dire 50 dollars à chaque fois ! Les exportateurs achètent sans discuter étant donné qu’ils n’ont pas de stock, et ils revendent aussitôt par peur d’un retournement de marché comme ils en ont connu en 2003.

Mais la qualité de la vanille n’est pas au rendez-vous. La perte d’arôme serait de 30 à 40 %. Même pour l’industrie des arômes, qui fournit l’industrie agroalimentaire mondiale, glaces et confiseries, et qui s’en sort en procédant à l’extraction à partir des gousses de vanille, cela veut dire acheter plus de gousses, au prix record actuel, 600 dollars le kilo de vanille conditionné...

Malgré la vogue des arômes naturels, le danger est que l’industrie se tourne de plus en plus vers les arômes artificiels, c’est ce qui avait fait plonger les prix de la vanille malgache en 2003-2004. Ou que les acheteurs se détournent peu à peu de l’origine malgache pour aller s’approvisionner davantage en Inde, en Indonésie ou en Papouasie-Nouvelle-Guinée, qui relancent les plantations, prêtes au bout de quatre ans.

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