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Le grand invité Afrique

D. Nzapalainga (RCA): «Calme précaire à Bangassou, la population manque de tout»

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Il a été l'un des témoins de la crise qui a secoué Bangassou depuis samedi dernier, où au moins 115 personnes auraient perdu la vie selon la Croix-Rouge centrafricaine. Le cardinal Dieudonné Nzapalainga a rencontré les membres du groupe d'autodéfense qui a commis cette attaque et pointe du doigt la coalition emmenée par le FPRC avec le soutien des anti-balakas. Le FPRC dément et dénonce des « accusations gratuites de la part du cardinal ». Dieudonné Nzapalainga est l'invité Afrique de RFI ce vendredi 19 mai. Il répond aux questions d'Edouard Dropsy.

L'archevêque de Bangui, le cardinal Dieudonné Nzapalainga.
L'archevêque de Bangui, le cardinal Dieudonné Nzapalainga. AFP/Steve JORDAN
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RFI : Vous vous êtes rendu à Bangassou, votre ville natale, pour constater les tueries qui ont eu lieu sur place. Qu’avez-vous vu ?

Cardinal Dieudonné Nzapalainga : J’ai constaté des blessés à l’hôpital. J’ai constaté aussi des corps par terre. Et étant donné qu’il y avait un déploiement, surtout une violence inouïe sur des groupes, mon rôle, c’était d’arrêter.

A Bangassou quelle est la situation actuellement ?

Il y a un calme précaire. Nous leur avons parlé. Ils ont accepté, ils ont déposé les armes. Depuis deux jours où j’étais là-bas il n’y a pas eu de détonations d’armes et ils ont lancé des appels pour que ceux qui ont des gris-gris, qui ont des armes, les enlèvent, les déposent pour ne pas effrayer la population, permettre à ce que les enfants repartent à l’école, que les gens partent aux champs, que les activités reprennent.

Et qui sont-ils et que revendiquent-ils ?

Ces jeunes viennent de Bria, ils viennent de Zako, viennent de Bakouma, viennent de Niakaré. Plusieurs villages autour se sont regroupés pour venir sur Bangassou. Et ce que j’ai vu c’est un porte-parole, un responsable logistique. Ils nous ont dit qu’ils ont fait alliance depuis Zako, Bria, avec FPRC. A Zako, en effet, les deux groupes cohabitent, mais sont séparés. Séparés parce qu’il y a une friction. Ils cohabitent et ils ont dit que les deux groupes se sont mis ensemble pour avancer, pour chasser les UPC. L’UPC n’est pas présent, mais Bangassou devait être un tremplin pour continuer à Ouango, Béma et autres. Alors ils se sont arrêtés, mais les dégâts sont énormes.

L’évêque Munoz de Bangassou a, paraît-il, joué un rôle important lors de cette crise ?

L’évêque Munoz, dès la première attaque le matin, s’est déplacé sur le terrain pour aller les rencontrer concrètement, physiquement. Il est allé vers la mosquée parce qu’on a regroupé toute la population du quartier concerné, en l’occurrence les musulmans, vers la mosquée centrale. Et la force internationale qui était là n’a pas pu tenir longtemps, elle a abandonné. Et il y avait des tirs sur la mosquée.

Vous voulez dire que la Minusca a abandonné les populations ?

Nous avons vu plusieurs fois qu’il n’y avait pas de présence pour les protéger. Nous l’avons déploré. Nous l’avons dit déjà. La Minusca le sait, ce n’est pas un secret de polichinelle. Il y a eu des limites. On ne peut pas demander à toute une population de se regrouper à un lieu précis pour être protégée et peu de temps après laisser la population à son triste sort. Je crois qu’il faudrait corriger cette manière de faire. On est venus protéger les personnes et les biens et je pense que nous avons tous intérêt à travailler dans ce sens-là. Et là-bas, nous n’avons pas de gouvernement, nous n’avons pas aussi d’autres personnes. Je crois que c’est important que les uns et les autres fassent leur travail pour qu’on puisse retrouver la paix et la sérénité.

La Croix Rouge centrafricaine annonce 115 personnes tuées. Cela vous paraît-il proche de la réalité ?

C’est fort possible parce que le matin du dimanche, je suis allé à la mosquée voir l’imam, je suis reparti à l’évêché et au retour dans l’après-midi, l’imam était tué. A la troisième rencontre où j’étais revenu, l’imam était déjà enterré. Voilà des morts qui vont, tôt ou tard, compter pour que le nombre puisse être plus exact.

Actuellement, comment vont les populations sur place ?

La population est dans un état de dénouement total. Les gens sont sortis dès l’appel pour aller se regrouper, sans prendre quoi que ce soit. Or, certains – surtout les trois quarts, pour ne pas dire tous – ont tout perdu. Maintenant, il faut rapidement qu’il y ait une solidarité, nationale et internationale, pour venir au secours de cette population massée au niveau du petit séminaire et qui manque de tout. Il y a un début de réponse à travers le CICR, d’autres organismes – PAM et autres – que j’ai vus arriver ce matin. J’espère que très vite d’autres vont emboîter le pas pour qu’on puisse aider cette population qui a beaucoup souffert.

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