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Le grand invité Afrique

George Weah: «Je suis un homme de paix»

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George Weah sera-t-il le premier Ballon d'or de l'histoire à devenir président de la République ? A 49 ans, l'ancien footballeur du PSG se présente à la présidentielle du Liberia, en octobre prochain. Et comme Ellen Johnson-Sirleaf n'a plus le droit de se présenter, le leader de l'opposition veut croire en ses chances, face à l'actuel vice-président Joseph Boakai. De passage à Paris, « Mister George » répond aux questions de Christophe Boisbouvier et s'explique notamment sur la brève communication téléphonique qu'il a eue récemment avec le prisonnier Charles Taylor.

L'opposant libérien et ex-star du football international, George Weah, lors d'un meeting de campagne à Monrovia, le 20 novembre 2014.
L'opposant libérien et ex-star du football international, George Weah, lors d'un meeting de campagne à Monrovia, le 20 novembre 2014. AFP PHOTO / ZOOM DOSSO
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RFI : Sénateur George Weah, beaucoup disent que madame Johnson-Sirleaf a été une bonne présidente. Alors si vous êtes élu, qu’est-ce que vous ferez de mieux que madame Sirleaf ?

George Weah : Quand je serai élu, je vais faire plus qu’elle a fait. Aujourd’hui quand on parle de corruption dans notre pays, elle n’a pas fait beaucoup de choses. Là, je veux faire mieux qu’elle. Aujourd’hui, un pays qui a toutes les richesses, il n’a même pas d’électricité. Je crois je peux faire mieux. Et si je suis élu, je peux faire des choses qu’elle n’a pas faites. C’est pourquoi les gens ne vont pas voter pour monsieur Boakai [Joseph Boakai, vice-président et candidat du parti au pouvoir à la présidentielle d’octobre 2017].

Ils vont voter George Weah ?

Bien sûr. Je suis l’image de ce pays.

Ellen Johnson-Sirleaf, certes n’a pas tout réussi, mais elle a quand même réussi quelque chose de très important : c’est la paix.

Oui, cette paix dont on parle, c’est grâce à qui ? C’est grâce à l’opposition. Grâce à moi, pendant la guerre, je me suis battu pour la paix, et quand elle a été élue, j’étais là pour la paix. Et aujourd’hui elle m’a nommé, en tant que leader d’opposition, ambassadeur de la paix pour le pays. Ce n’est pas elle toute seule qui a fait la paix. Quand l’opposition est en paix, le gouvernement est en paix. Elle a fait ses deux mandats, cela fait presque 12 ans. On l’a laissée, madame Ellen Johnson pour qui j’ai beaucoup de respect. C’est pourquoi je vais vers elle quand elle a besoin de moi. Et aujourd’hui elle va être en sécurité. On ne peut pas la chasser de notre pays, elle est en sécurité. Si je suis élu, elle sera en sécurité. Elle pourra vivre au Liberia tranquille sans problème. Elle-même le sait parce que moi, je suis un monsieur de la paix. Si je n’étais pas quelqu’un de la paix, aujourd’hui le Liberia pendant ces douze ans, ça aurait été chaud.

Vous dites que vous êtes un homme de paix, mais vos adversaires disent que vous avez des connexions avec l’ancien président, Charles Taylor, qui a plongé votre pays dans la pire guerre civile de son histoire ?

Oui, mais je ne l’appelle pas tous les jours. Par hasard, quelqu’un était à côté au téléphone. Il demande : qui parle ? C’est George. C’est l’ancien président quand même. Lui a dit au monsieur « Je peux dire bonjour ?». Le monsieur m’a passé le téléphone. J’ai dit bonjour. Même des gens qui ont créé la guerre, aujourd’hui je leur parle. Je leur dis bonjour parce qu’ils sont Libériens.

Vous êtes d’accord avec la condamnation de Charles Taylor ?

S’il a fait quelque chose, chacun a mérité les choses qui sont faites.

Pour vous, c’est normal ?

Oui, c’est normal. Quand on va devant un juge, si on a fait quelque chose, il va dire « tu as tort ». Ça c’est la loi. La loi, c’est la loi.

Vous êtes candidat à la présidence d’un pays qui a été très meurtri par la grave épidémie Ebola. Près de 5 000 morts dans votre pays. Quelle est votre priorité ?

Comme je l’ai dit dans mon programme, la santé est prioritaire parce que beaucoup de gens sont morts parce que nos hôpitaux n’étaient pas équipés. Heureusement pour nous, la communauté internationale est venue. Et je veux dire merci à tous, surtout à la France, à l’Amérique. Et si je suis élu comme président, notre secteur sanitaire va être renforcé. On va déjà donner aux gens qui travaillent un bon salaire pour qu’ils travaillent bien. Comme ça, on pourra détecter tout de suite. Parce qu’on ne peut pas aujourd’hui détecter. Il y a beaucoup de gens qui sont morts de la malaria et du choléra - pas Ebola-, parce qu’on ne pouvait pas détecter. Et c’est pourquoi on a vu beaucoup de morts.

Pour cela, il faut de l’argent. Où est-ce que vous allez trouver l’argent ?

J’ai des amis dans le monde entier. Tu ne peux pas dire que le président de la France ou des Etats-Unis ne va pas m’aider. On va être aidés, parce qu’on va donner notre programme et l’argent va venir. Les pays vont aider.

Et c’est pour cela peut-être que vous êtes allé voir le président ivoirien, Alassane Ouattara, et le roi du Maroc, Mohammed VI, à Abidjan ? C’était il y a trois mois, le 27 février.

J’ai été à Abidjan déjà pour saluer son excellence monsieur Ouattara, et aussi monsieur [Henri Konan] Bédié, parce que quand monsieur Bédié était président, ça a été comme un père parce qu’il y avait la guerre entre le Liberia et la Côte d’Ivoire. Et je voulais que la paix vienne tout de suite parce que la guerre, ce n’est jamais bon.

Et que pensez-vous de ces mutineries actuellement en Côte d’Ivoire à Abidjan, Bouaké, San Pedro ?

Ce n’est pas bon. Il faut toujours parler de la paix. Il faut faire tout pour soutenir la paix parce qu’aujourd’hui, en Côte d’Ivoire, les choses qui se passent, on n’est pas contents, on a mal quelque part. Parce que moi, quand je quitte le Liberia, c’est la Côte d’Ivoire. La Côte d’Ivoire, c’est comme le Liberia pour moi, comme la Sierra Leone ou la Guinée. Et quand il y a la guerre à côté, nous tous on a les yeux ouverts et on attend. Ils vont nous appeler pour nous dire, qu’est-ce qu’on peut faire ? Si aujourd’hui, on dit en Côte d’Ivoire : « George va là-bas pour discuter », nous on est prêts pour discuter avec des gens parce qu’il faut tout faire dans notre région.

Vous avez été l’un des plus grands footballeurs de votre génération. Mais vos adversaires disent : « un bon footballeur ne fait pas automatiquement un bon président ».

Moi, le football, ça a été mon parcours. Et grâce au football, j’ai tout gagné. Aujourd’hui, je ne peux pas rester seulement comme un footballeur. Je suis allé à l’école et j’ai travaillé aujourd’hui comme sénateur.

Parce que vous avez repris vos études après le foot ?

Oui, après le foot. Parce que, avant le foot, je n’avais pas la chance pour faire des études, parce que nous, on a grandi dans le ghetto. Aujourd’hui il y a beaucoup d’enfants que je paie pour qu’ils aillent à l’école. Plus de 500 aujourd’hui au Liberia. C’est pour aider mon pays et pour aider les gens.

C’est pour cela qu’après le football, vous avez repris vos études et que vous êtes aujourd’hui sénateur et candidat ?

Voilà. Pour l’amour de mon peuple et pour l’amour du pays le Liberia, c’est pour cela que je suis là aujourd’hui.

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