P. Onanga-Anyanga (Minusca) sur l'agression de casques bleus: «Nous condamnons»
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La mission de l'ONU en Centrafrique est toujours à la recherche d'un casque bleu, disparu lundi soir. Un convoi de la Minusca a été attaqué par un groupe armé à une vingtaine de kilomètres de Bangassou, dans le sud du pays. Bilan : douze morts, huit du côté des assaillants et quatre dans les rangs des casques bleus. Un Cambodgien a été tué dans les échanges de tirs, les trois autres ont été retrouvés morts mardi 9 mai. Un cinquième est donc toujours porté disparu. Pour en parler : le représentant du secrétaire général de l'ONU en RCA, Parfait Onanga-Anyanga.
RFI : Cette attaque contre la Minusca a été particulièrement meurtrière.
Parfait Onanga-Anyanga : C’est la toute première fois que nous enregistrons un nombre aussi important de victimes parmi les soldats de la paix. C’est la consternation, c’est une horrible attaque qui ne se justifie pas. Ces soldats, comme vous le savez, sont en Centrafrique pour y apporter la paix et la stabilité. Nous condamnons donc dans les termes les plus forts cette nouvelle agression contre les soldats de la paix. C’est extrêmement regrettable.
Est-ce qu’il s’agit d’une prise d’otage ?
C’est tout à la fois. Ce sont des assaillants qui ont certainement profité de nos règles d’engagement ; ne tirons pas les premiers, nous les laissons approcher, nous dialoguons avec nos interlocuteurs. Et dans ce cas précis, c’est la rage vraisemblablement d’éléments anti-Balaka qui ont donc profité de l'angle et de la proximité pour nous agresser avec des machettes, avec des armes à feu. Ils ont effectivement pris en otage un certain nombre de nos soldats. Nous avons été consternés d’apprendre le lendemain matin que trois d’entre eux, dont nous avons récupéré les corps, ont été sauvagement assassinés.
Des discussions ont-elles été engagées avec les assaillants, notamment à propos du dernier casque bleu porté disparu ?
Il y a un comité pour la paix et la médiation de Centrafricains de Bangasso qui est à pied d’œuvre et qui a tenté justement cette médiation. Tout ce que nous savons à ce jour, c’est que cette médiation n’a pas eu de résultat probant, d’autant que nous avons eu la tristesse de recueillir nos trois soldats sauvagement assassinés, comme je viens de le dire.
Les assaillants ont-ils exprimé des revendications particulières ?
Non, aucune. Nous sommes dans cette zone en tout cas en présence d’une bande armée désorganisée, n’ayant pas de commandement précis et se livrant à des attaques les unes plus violentes que les autres. Leur motivation principale, c’est la prédation et surtout l’agression violente contre des populations de bergers peuls. C’est bien de cela dont il s’agit. Et donc, il est difficile dans ces conditions de savoir véritablement à qui on a affaire. Dans tous les cas, nous prenons toutes les dispositions pour l’instant, pour neutraliser s’il en était besoin, en tout cas pour dominer le terrain et nous assurer que nous protégions aussi bien les populations civiles que nos soldats de toute agression de ces groupes armés.
Comment expliquer que les ravisseurs, les assaillants, s’en soient pris à la Minusca ?
C’est une question que nous nous posons. Nous sommes évidemment les remparts contre leur plan sordide et donc nous devenons des cibles. La traque a eu lieu en pleine nuit dans des conditions évidemment peu propices à la défense. Et donc nous avons réagi sur le coup. Je note au passage que huit assaillants auraient été neutralisés. Reste que c’est malheureusement ce que nous tâchons d’éviter. Nous ne voulons pas entrer en confrontation avec des populations centrafricaines. Bien au contraire, nous les appelons toujours à la paix et à la médiation. Donc, nous ne nous décourageons pas, parce qu’il n’est pas question que les ennemis de la paix en Centrafrique l’emportent.
Sait-on combien étaient les assaillants et à quel groupe ils appartiennent précisément ?
Non, c’est difficile à dire. Quand on voit le mode opératoire, en tout cas les armes utilisées, c’est vraisemblablement des groupes d’autodéfense généralement et associés aux anti-Balaka. Voilà ce qu’on peut dire à ce jour.
Et on ne sait pas combien ils étaient ?
Non. Difficile à dire. On fait face à des groupes armés n’ayant en tout cas pas l’apparence de groupes armés organisés avec des treillis. Ce sont vraiment des populations armées, donc ça rend la tâche encore plus compliquée.
Cette attaque contre des casques bleus peut-elle s’apparenter à un crime de guerre ?
Absolument, absolument. Et visiblement, celle-ci n’avait d’autre objectif que de s’en prendre et s’attaquer à des casques bleus en plein exercice de permission. Nous sommes en discussion avec les autorités judiciaires centrafricaines pour qu’assez rapidement, une enquête soit diligentée et que le plus rapidement possible, les responsables soient identifiés et qu’ils puissent répondre de leur forfait devant la justice centrafricaine. Nous sommes dans un contexte extrêmement volatile, où il faut faire face à plusieurs foyers de tension. C’est une nouvelle problématique et nous espérons que très rapidement, nous trouverons un point d’équilibre.
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