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Le grand invité Afrique

J-A Aniambossou: Emmanuel Macron propose un nouveau partenariat pragmatique

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Quelle sera la politique africaine du président Macron ? Sera-t-elle différente de celle de François Hollande ? Ces derniers mois, le Franco-Béninois Jules-Armand Aniambossou a été l'un des membres de l'équipe de campagne du candidat Macron. Les deux hommes se sont rencontrés sur les bancs de l'ENA. D'abord haut-fonctionnaire de l'Etat français, Jules-Armand Aniambossou est devenu ensuite Ambassadeur du Bénin à Paris. Aujourd'hui, il travaille dans le groupe privé Duval et répond aux questions de Christophe Boisbouvier.

Jules-Armand Aniambossou, Directeur Général Afrique & Outre-Mer du Groupe Duval a été l'un des membres de l'équipe de campagne du candidat Macron.
Jules-Armand Aniambossou, Directeur Général Afrique & Outre-Mer du Groupe Duval a été l'un des membres de l'équipe de campagne du candidat Macron. groupeduval.com
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RFI : Qu’est-ce qui va changer dans les rapports franco-africains avec le président Macron ?

Jules-Armand Aniambossou : Ce que je peux à ce stade vous dire, dans la veine de la tribune que j’ai cosignée avec Jean-Michel Severino, Lionel Zinsou et Hakim el-Karoui, c’est que la démarche qui nous est proposée par Emmanuel Macron s’inscrit dans une vision, un regard respectueux, amical et ambitieux. Un regard de coproduction de nouveau partenariat pragmatique et gagnant-gagnant dans les relations entre la France et les pays africains. Quels sont ces éléments novateurs ? J’en vois au moins trois. D’abord une vision transversale qui rompt avec la segmentation par thèmes et par politiques que nous avons connue jusqu’à présent. On peut parler de sécurité en parlant de francophonie, on peut parler de migrants tout en parlant de commerce, on peut parler de développement tout en ne perdant jamais de vue les aspects liés à la démocratie, liés à la culture, liés au climat. Un deuxième élément novateur, c’est que pendant toute sa campagne, Emmanuel Macron a insisté sur sa volonté d’ancrer la relation avec l’Afrique dans un grand partenariat entre l’Europe, l’Afrique et la Méditerranée. Si certains de nos auditeurs s’en souviennent, son célèbre discours prononcé à l’occasion du meeting du 1er avril dernier à Marseille, il a développé ce thème qu’il a appelé à ce moment-là : « Les routes de la liberté et de la responsabilité ». Donc ça, c’est le deuxième élément novateur. Il y en a un troisième. Emmanuel Macron met l’accent sur la nécessité d’une mobilisation totale de tous les acteurs – bien sûr les Etats, mais au-delà d’eux les sociétés civiles, les entreprises, les organisations internationales, les ONG – avec une place toute particulière réservée aux diasporas, je dis bien aux diasporas au pluriel, et aux binationaux. Les diasporas et les binationaux doivent être au cœur des relations entre les pays africains et la France, parce que tout simplement ces diasporas et ces binationaux sont source de richesse considérable, tant au plan sociétal qu’au plan économique.

Dans cette tribune que vous avez cosignée – c’était dans Jeune Afrique le 20 avril dernier, c’est à dire avant le premier tour –vous appuyiez la création d’un Conseil présidentiel pour l’Afrique. De quoi s’agit-il ?

Le Conseil présidentiel pour l’Afrique est bien sûr une idée du candidat Emmanuel Macron. En fait, il s’agit d’une enceinte qui devrait permettre au chef de l’Etat de consulter un panel de personnalités de haut niveau s’intéressant au continent africain.

Donc ce serait un panel moitié africain, moitié français que le président Macron pourrait consulter lors de ses prochaines initiatives sur le continent ?

Voilà. Le fait qu’une structure comme celle-là – moitié africain, moitié européen – cette composition puisse permettre de réfléchir, de proposer et de rapporter directement au chef de l’Etat, c’est un positionnement qui marque la priorité que constitue le continent africain pour Emmanuel Macron. Précision importante : le Conseil présidentiel pour l’Afrique n’aura pas pour vocation, une fois mis en place, de se substituer à une instance de consultation ou une instance administrative existante.

C’est-à-dire qu’il ne prendra pas la place du ministère des Affaires étrangères ou de la cellule diplomatique de l’Elysée ?

Voilà. Il travaillerait d’ailleurs sous l’autorité de la cellule diplomatique. Si cette enceinte voit le jour, sa vocation est de travailler en complémentarité avec les structures administratives existantes, mais pas de se substituer à elles.

Vous avez rencontré Emmanuel Macron, il y a quinze ans, sur les bancs de l’ENA – Ecole Nationale de l’Administration – et c’est au Nigeria, sous l’autorité bienveillante de l’ambassadeur Jean-Marc Simon, qu’Emmanuel Macron a fait son stage de l’ENA. Mais à part cette parenthèse africaine qu’est-ce que le nouveau président connaît réellement du continent ?

Emmanuel Macron – d’abord je tiens à le souligner – au moment d’effectuer un choix pour son stage à l’ENA, à la différence de beaucoup de camarades, qui fort légitimement, souhaitent aller effectuer leur stage de diplomatie dans de grandes capitales européennes ou nord-américaines, Emmanuel Macron a fait le choix d’aller en Afrique. Il a exercé des responsabilités ministérielles, ce qui lui a donné l’occasion de fréquenter des chefs d’Etat, des ministres de nombreux pays africains. Donc c’est un ami du continent africain qui connaît ce continent africain.

La Françafrique est beaucoup faite de réseaux économiques et financiers. Est-ce que l’ancien banquier d’affaires Emmanuel Macron ne risque pas de perpétuer cette Françafrique ?

Non. Il a été très clair sur ce sujet, d’abord dans son livre « Révolution » et pendant toute la campagne. Je pense que c’est une chance de connaître comment fonctionnent les circuits financiers. A Marseille, il a réaffirmé la nécessité de rompre avec les pratiques anciennes et de mettre en avant tous les acteurs qui comptent pour que la relation soit efficace au service des populations dans l’intérêt partagé, à la fois de la France, de l’Europe d’une part et de tous les pays africains d’autre part.

Le franc CFA est une monnaie controversée. Y aura-t-il un changement avec le président Macron ?

Je laisse le soin au nouveau président de la République de s’exprimer sur ce sujet. Il a toujours été très ouvert sur tous les sujets. Et je souhaiterais ajouter un dernier mot. Maintenant devenu président de la République, je ne doute pas qu’Emmanuel Macron se donnera les moyens pour traduire en actes des réalisations concrètes, la vision et l’ambition qu’il veut partager dans les relations entre les pays africains et la France.

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