Les carnets de Minna: recettes des détenues du camp de concentration de Terezin

Le 30 avril en France, c'est la journée du souvenir des victimes de la déportation : victimes de la déportation pendant la Seconde guerre mondiale, et victimes aujourdhui d'autres conflits, d'autres déportations et des déplacements de population. Mais pourquoi le goût du monde en ce jour de souvenir ? Et quel lien avec la nourriture vous demandez-vous ?

Minna et son petit fils David Stern, un photo du livre «Les carnets de Minna» ©seuil

Ce lien,  c'est celui de la vie, et non pas de  la mort. De la vie face à la déshumanisation, l'anéantissement des corps, des êtres, des individus. 

La réponse appartient aux carnets de Minna. L'histoire vraie de ces carnets de recettes écrits par Minna Pächter, et certaines de ses codétenues, dans le camp de concentration de Terezin en Tchécoslovaquie. Des recettes, mémoire de chacune de ses femmes avant leur déportation et leur internement. Des recettes qui les maintenaient en vie, nourrissaient leurs âmes à défaut de leurs corps. Point d'ancrage dans une existence perdue mais bien réelle, celle de personnes, de leurs familles, des repas partagés, la sève d'êtres humains que l'horreur des camps n'est pas parvenue à faire taire.

Les carnets de Minna sont parvenus à sa fille, Anny, 27 ans après la mort de sa mère, à Terezin en 1944. Minna les avaient confiés avec des poèmes et des photos à un ami détenu, le chargeant de retrouver sa famille en Palestine. La trace d'Anny a été retrouvée au début des années 70.

Anne Georget a rencontré le petit-fils de Minna, David Stern, aux Etats Unis. Elle a réalisé en 2008 un premier film documentaire retraçant cette histoire incroyable. Avec la dessinatrice et reporter Elsie Herberstein, elles ont écrit un livre-enquête, retraçant la vie de Minna, l'exil de sa fille et de son petit-fils et l'histoire de ce paquet remis un quart de siècle après la mort de Minna et des cahiers de recette révélés bien après.

David Stern, le petit fils de Minna, avait une dizaine d'années lorsqu'il a fui la Tchécoslovaquie pour se réfugier avec sa mère et son oncle en Palestine. Il a conservé des souvenirs très vifs et tendres de sa grand-mère, et des bonbons de Baden qu'elle cuisinait. 

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David Stern, le petit fils de Minna et les bonbons de Baden

Anne Georget est également l'auteur de Festins Imaginaires, un film documentaire sorti en 2015.