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La semaine de

France: dernière station avant le pire ?

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Alors que l’on parle de refondation de la démocratie, une femme politique parmi les plus jeunes des figures en vue quémande, en direct, devant des millions de téléspectateurs, un positionnement pour son parti, Les Verts qui, ce soir-là plus qu’à aucun autre moment, auraient dû se faire discrets, tout petits. Question de décence.

Jean-Baptiste Placca.
Jean-Baptiste Placca. RFI
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Marine Le Pen présente au second tour de la présidentielle, en France, cela n’a pas l’air d’émouvoir l’Afrique, outre mesure. Comme si, sur le continent aussi, l’on s’était fait à l’idée qu’elle pourrait, un jour, finir à l’Elysée. Comment expliquer cela ?

Peut-être simplement que l’Afrique a passé l’âge de faire de la fièvre, quand l’extrême-droite est présente en finale de l’élection présidentielle, en France. La vie politique française continue d’intéresser une partie de l’élite, en Afrique, mais elle ne passionne plus, surtout lorsque la France elle-même ne s’émeut plus des percées du parti fondé par Jean-Marie Le Pen. Vous serez peut-être surpris d’apprendre qu’un certain nombre d’Africains suit la vie politique, ici, comme on suivrait une série télévisée ordinaire. Ils rient de certains épisodes, mais cela ne les tient vraiment plus en émoi. Ainsi, au soir du premier tour, l’on a pu s’amuser de certains échanges, sur les plateaux de télévision. Comme, par exemple, lorsque Cécile Duflot, l’ex-présidente des Verts, exige du représentant du mouvement En marche ! qu’il lui donne, séance tenante, « une bonne raison » pour voter pour Emmanuel Macron, au second tour. Tout cela donne une impression d’offre d’alliance. Et quand le représentant, interloqué, répond qu’il n’est pas question, pour eux, de distribuer des postes ni de revoir leur programme, là, sur le champ, pour obtenir des soutiens, Cécile Duflot lui explique que cette réponse équivaut à l’ancienne façon de faire de la politique.

Mais, vu d’Afrique, tout cela donne une telle impression, pour les Verts, de s’accrocher au wagon de En marche ! pour ne pas sombrer avec le candidat du parti socialiste qu’ils soutenaient.

Et c’est alors qu’arrive Philippe Poutout…

Il arrive, Philippe Poutout, pour demander à répondre à toutes les fois que son nom a été prononcé, pour répondre aux attaques qu’il a cru entendre, pendant qu’il était au maquillage, sur son refus d’appeler à voter contre Marine Le Pen.
Il est alors 23 heures. Léa Salamé lui explique que l’on doit fermer la boutique. Sous-entendu : « Tu ne vas pas, camarade Poutout, nous épuiser avec ton… 1,1% ! ». Enfin, l’intéressé semble l’avoir compris ainsi.
- Mais, je dois lui répondre, bredouille Philippe Poutout, avec ce regard malicieux qui rappelle qu’il faut savoir compter sur lui pour ne jamais perdre une occasion d’avoir le dernier mot. Lorsque les journalistes lui cèdent enfin la parole – en le priant de faire vite –, il n’est plus sur sa lancée, et se contente d’observer que Cécile Duflot a raison, et que, au fond, Emmanuel Macron faisait de la politique à l’ancienne, puisque son représentant ne sait pas répondre à la question le sommant de dire pourquoi l’écologiste (ou lui-même) devrait voter pour le leader de En Marche !.

En somme, l’on s’amuse davantage à voir la démocratie à l’œuvre, en France, plutôt qu’on n’admire, comme le passé, les épisodes de la vie politique dans l’Hexagone…

C’est cela, et ce n’est vraiment pas un compliment, lorsque l’on sait, justement, que des scènes de ce genre poussent parfois à se demander si, sous toutes les latitudes, la mauvaise foi n’est pas le signe distinctif de l’homme (ou de la femme) politique. Car enfin, comment la représentante d’un parti qui a participé à cette présidentielle par procuration, en soutenant un candidat qui termine la course en 5e position, avec à peine 6% des voix, peut-elle raisonnablement exiger des gages, pour voter contre un candidat qui, soi-disant, est à l’opposé des valeurs que défend sa formation ? Plus sérieusement, que resterait-il du programme pour lequel 24% d’électeurs l’ont mis en tête, si Emmanuel Macron devait, trois heures à peine les premiers résultats, truffer son propre programme d’éléments piochés dans celui de tous ceux voudraient à la toute dernière minute appeler à voter pour lui ?

Jean-Luc Mélenchon non plus n’a pas appelé à voter Macron…

Pour ce qui est de Jean-Luc Mélenchon, il ne demandait rien pour décider, même s’il y avait quelque chose de pathétique dans sa tentative visant à persuader la France de ce que sa candidature résultait sinon d’une coopérative, en tout cas d’une entreprise fondée sur une forme d’autogestion des temps modernes, et qu’il renvoyait à un site, une plateforme numérique, pour décider de ce que tous allaient faire au second tour. Finalement, il n’a rien décidé.

« Pour agir efficacement, il faut réfléchir au-delà de l’instant. », a-t-il prétendu, pour justifier son retard à ne rien décider. Il se projette en avant, dans les législatives. Il a, quelque part, renvoyé dos-à-dos ce qu’il appelle l’extrême finance et l’extrême droite.
Il a même prédit la défaite à Macron, en déclarant que le leader de En Marche ! se mettait en danger, en s’en prenant à lui de la sorte...

Ce qui s’est passé en France durant ce premier tour, et ce qui se profile à l’horizon, au cas où Macron l’emporterait au second, c’est qu’un échec de sa politique entraîne inévitablement, la fois d’après, la victoire certaine de Marine Le Pen. Car cette présidentielle, vue d’Afrique, ressemble à une dernière chance, pour les politiques, de résoudre les problèmes des Français.

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