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Revue de presse Afrique

A la Une: Compaoré, un procès hors-norme

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Blaise Compaoré, en 2014.
Blaise Compaoré, en 2014. AFP PHOTO / FABRICE COFFRINI
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Ce jeudi s’ouvre à Ouagadougou le procès exceptionnel de l’ensemble du gouvernement de Luc Adolphe Tiao et de l’ex-président Blaise Compaoré. Au total, 35 accusés jugés pour leur implication dans la répression de l’insurrection populaire de 2014 qui avait entrainé la chute du régime.

« Procès catharsis, procès exutoire, procès attendu !, s’exclame le quotidien Aujourd’hui à Ouaga. Plus de 30 ans après les Tribunaux populaires de la Révolution, les fameux TPR qui avaient envoyé les dignitaires de la IIIe République dans le box des accusés, le Burkina Faso réédite cette action judiciaire en faisant juger les caciques de la IVe République par un Tribunal spécial : la Haute Cour de Justice. Blaise Compaoré, le président déboulonné fin octobre 2014, et 31 ministres seront jugés. L’ex-n° 1 burkinabè qui est jugé ici comme ministre de la Défense le sera comme 7 autres ministres, par contumace. Le procureur Armand et ses jurés devront trouver des réponses à certaines questions dont les suivantes : qui sont les meurtriers de fin octobre, autrement dit, quels sont ceux qui ont tiré sur la foule ? Qui sont les commanditaires ? Qui commandait réellement la grande muette ce jour-là ? Quel est le rôle joué par le Régiment de la sécurité présidentielle, l’ex-garde prétorienne du président Compaoré ? »

En tout cas, poursuit Aujourd’hui, « ce jugement devra permettre de mettre au goût du jour la responsabilité pénale et politique des princes qui jadis n’étaient pas des justiciables comme les autres. Plus question pour un dirigeant de martyriser son peuple sans craindre de rendre compte un jour. L’impunité que semble conférée le pouvoir politique, c’est désormais fini. Ce sera également la grande leçon de ce procès qui devra aussi tracer (si la vraie justice est rendue sans passion) les sillons de la réconciliation tant serinée dans les bouches, mais non présente dans les cœurs. »

Lame de fond politique

L’Observateur Paalga, autre quotidien burkinabé, ne cache pas son impatience : « On piaffe d’impatience de suivre le déroulé d’un jugement qui ne peut qu’entraîner une lame de fond politique dans la mesure où il intervient après un changement brutal de régime. Il s’agira donc pour la justice burkinabè de montrer que, nonobstant la justice des vainqueurs dont on l’accable à l’occasion, on ne traîne pas les accusés à la barre simplement parce qu’ils ont perdu le pouvoir mais bien parce qu’ils ont commis des actes répréhensibles dont il faudra administrer la preuve irréfutable. »

L’Observateur Paalga qui s’en prend tout particulièrement à Blaise Compaoré : « plutôt que de se calfeutrer dans une forme de candeur poltronne en poussant le ridicule jusqu’à prendre la nationalité ivoirienne pour se prémunir des ennuis judiciaires, qu’est-ce qu’il aurait été chevaleresque, s’exclame le quotidien ouagalais, s’il avait décidé, courageusement, de venir affronter son destin ! Que risquait-il vraiment, surtout qu’aucun homme politique burkinabé n’a été embastillé une fois condamné pour purger sa peine, laquelle a toujours été réaménagée ? Et ça finit presque toujours par des remises de peine, une amnistie ou une grâce présidentielle. Qu’on arrête donc de crier au complot politique, lance encore L’Observateur, quand bien même c’est la première fois, il est vrai, qu’une équipe gouvernementale presque au grand complet sera dans le box des accusés. »

L’ombre de Sankara

Et puis derrière « ce premier procès symbolique se profile, pour le président déchu, une autre affaire judiciaire tout aussi emblématique », relève Jeune Afrique.
Il s’agit de « la procédure relative à l’assassinat de Thomas Sankara par un commando armé, le 15 octobre 1987, dans des conditions non élucidées. Bloquée par le régime Compaoré, l’instruction avait été relancée, début 2015, par le régime de transition qui lui a succédé. Confiée à la justice militaire, elle a abouti à l’inculpation, à ce jour, de seize personnes, dont le général Gilbert Diendéré, et à l’audition d’une centaine de témoins. Sous le coup d’un mandat d’arrêt international depuis décembre 2015, Blaise Compaoré a lui-même été inculpé d’assassinat, d’attentat et de recel de cadavres. Alors qu’approche le trentième anniversaire de la mort de Thomas Sankara, nul ne sait encore à quelle échéance un procès pourrait se tenir. Mais il y a fort à parier que, ce jour-là, Blaise Compaoré sera une nouvelle fois aux abonnés absents. »

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