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Le grand invité Afrique

Jean Willybiro-Sako: première réunion des «14 groupes armés» sur le DDR en RCA

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En Centrafrique, c'est une nouveauté, les rebelles nordistes de l'ex-Seleka acceptent de parler du programme Désarmement-Démobilisation-Réinsertion (DDR), que la Banque mondiale s'apprête à financer. La preuve : jeudi 20 avril à Bangui, les 14 groupes armés du pays se sont retrouvés au côté du président Touadera pour en discuter. Jean Willybiro-Sako, le ministre conseiller spécial à la Présidence chargé du programme DDR, témoigne.

Jean Willybiro Sacko, ministre conseiller spécial à la Présidence chargé du programme DDR.
Jean Willybiro Sacko, ministre conseiller spécial à la Présidence chargé du programme DDR. Wikimedia / Sesamcommunication
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RFI : Les quatorze groupes armés autour de la table ce jeudi c’était une première ?

Jean Willy Biro Sacko : Oui, depuis le début du Comité consultatif de suivi, qui a été mis en place par le chef de l’Etat, c’est la première fois que nous sommes arrivés à réunir tous les quatorze groupes armés, effectivement.

Combien de combattants seraient concernés par le futur DDR ?

Nos estimations tournent autour de 5 000 environ.

Mais 5 000 combattants pour quatorze groupes, ça veut dire qu’il n’y a pas plus de 300 combattants par groupe ?

Le DDR va surtout s’appliquer à ceux qui seront capables de restituer une arme de guerre. Mais cela ne signifie pas que nous allons nous contenter que de prendre en compte ces 5 000 hommes. Egalement, il y aura un programme spécifique pour répondre aux problèmes de tous les accompagnateurs et autres assistants à la vie de leur communauté.

Et alors ces 5 000 combattants que vont-ils devenir ? Est-ce qu’ils vont plutôt être intégrés dans l’armée et la police ou est-ce qu’ils vont plutôt revenir à la vie civile ?

Il y a quelques-uns qui vont intégrer les forces de défense et de sécurité, qu’il s’agisse de l’armée, des forces de police et de gendarmerie, les Eaux et forêts, etc. Mais l’essentiel du DDR va concerner surtout ceux qui doivent être réintégrés dans leur communauté à travers des activités agricoles, d’élevage, etc.

Quand vous dites que l’essentiel va revenir à la vie civile, c’est 80% ?

Il faut compter au moins 80 à 90% qui doivent regagner normalement la vie civile. Tous ne pourront pas regagner l’armée pour tenir compte de l’équilibre dans les forces armées qui ne pourront pas être constituées seulement d’anciens éléments des groupes armés.

Les quatorze groupes armés étaient donc tous là ce jeudi, mais du côté des ex-Seleka, le FPRC de Noureddine Adam par exemple, n’a été représenté que par l’un de ses porte-parole et il n’est venu qu’en traînant des pieds.

Il a traîné des pieds, c’est vrai, parce qu’il est l’un des derniers à avoir regagné vraiment l’équipe du DDR, mais il fallait faire une longue négociation pour arriver à le convaincre d’envoyer enfin des représentants au sein du Comité consultatif du DDR. Ce n’était pas chose facile, mais finalement nous avons ces représentants qui sont là. D’ailleurs, l’occasion leur a été donnée de pouvoir intervenir publiquement devant les chefs de l’Etat, donc ils ont pris part activement aux travaux de la journée.

Le FPRC, par exemple, il n’est pas satisfait des résultats du Forum de 2015 qui excluait toute amnistie et il veut la signature d’un nouvel accord politique comme préalable à sa participation au DDR à venir.

Oui, comme le président Touadéra le dit, il n’y a aucun sujet tabou, toutes les questions seront examinées sur la table. Néanmoins, dans le programme DDR tel qu’envisagé, le DDR ne va pas soutenir une idée d’impunité, une idée d’amnistie, qui pourrait donner l’impression qu’on peut commettre tous les actes et comme par le passé, être amnistié et recommencer. Donc cette fois-ci, la justice doit fonctionner normalement, elle doit se faire.

L’accord-cadre de ce DDR, c’est donc ce fameux Forum qui s’est tenu à Bangui, il y a deux ans, mais aujourd’hui, il y a une médiation de l’Union africaine en vue de la signature d’un nouvel accord politique. Est-ce que cet accord pourrait être signé avant le démarrage du DDR ?

Non, je crois qu’il s’agit d’activités d’accompagnement des efforts du gouvernement, des efforts du chef de l’Etat. Il ne s’agit pas de venir lui imposer une nouvelle démarche. Qu’il s’agisse de l’initiative africaine, qu’il s’agisse de l’initiative de l’OCI, ou de Sant’Egidio, toutes les initiatives cherchent à apporter des contributions dans le dialogue qui se met en place et en tenant compte des engagements de l’Etat dans le cadre de la réconciliation nationale. Nulle part, il n’a été encouragé l’esprit de créer l’amnistie, l’esprit de créer l’impunité, ce qui pourrait porter préjudice à toutes les nombreuses victimes de tous ces crimes. D’ailleurs, il y a un tribunal pénal spécial qui se met en place, justement pour essayer de juger les actes qui ont été commis pendant cette période-là. Donc ce tribunal va bientôt entrer en activité.

Et du coup, vous ne craignez pas que les ex-Seleka comme ceux du FPRC de Noureddine Adam refusent d’être démobilisés ?

Je ne pense pas parce qu’on ne peut pas venir au DDR en ayant encore l’esprit de pouvoir plus tard continuer à faire usage des armes.

Mais tout de même, pour rassurer ces anciens Seleka, pour rassurer aussi ces anti-balaka pro-François Bozizé comme ceux de Mocome, est-ce qu’il ne faut pas prévoir un accord politique qui accompagne le futur DDR ?

Oui, l’accord politique, il en a été question lors des travaux effectivement. Les discussions politiques pourront avoir lieu, mais les accords politiques ne signifient pas forcément amnistie et autres. Les accords politiques peuvent porter sur les rôles à jouer dans l’administration, dans le gouvernement, dans la vie sociale, etc. Il s’agit de venir discuter, voir quelles places peuvent être offertes à ces compatriotes.

On peut envisager l’entrée de plusieurs représentants de ces groupes armés dans un futur gouvernement ?

Je ne suis pas Premier ministre ni chef d’Etat, je ne peux pas me prononcer sur une telle chose parce que ce n’est pas de la compétence du DDR.

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